Les Baras (le collectif de sans papier de Bagnolet) ont signé mardi 10 février une convention d’occupation précaire des locaux de l’OPH de Bagnolet (rachetés en sept 2019 à la CPAM 93 alors qu’ils étaient squattés par ledit collectif). C’est une convention pour 3 ans, «réexaminable » annuellement.
Selon Farida Taher qui a œuvré avec beaucoup d’endurance et d’altruisme pour son aboutissement, c’est la première convention d’habitation de ce type en France, avec un collectif de migrants en voie de régularisation. Car chaque résident (82 en tout aujourd’hui) pourra être domicilié dans ce lieu pour lequel il s’acquitte d’une quote-part de redevance. C’est le résultat de plus de sept ans de luttes inter-associatives, interprofessionnelles et inter-collectifs qui ont de près ou de loin contribué à leur maintien sous plusieurs toits successifs et donc à cette chouette victoire in fine (Ils étaient 300 sans abris en 2013). C’est les larmes aux yeux que je vous transmets cette belle nouvelle, merci de la part des Baras aux résistant.e.s qui les ont aidé.
A noter le rôle de la section locale de la LDH qui a soutenu cette lutte depuis des années et en particulier de notre ami Michel Léon. De leur côté, la municipalité de Bagnolet et son maire ont su favoriser ce dénouement positif.
Forte des valeurs prônées par l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA) dont elle est membre, la Ville de Bagnolet s’est engagée à promouvoir sans relâche « l’hospitalité, source de politiques inclusives et émancipatrices » ainsi que « des solutions dignes adaptées à chaque situation ».
La plupart des têtes de liste pour les élections municipales font le constat de l’endettement qui pèse depuis des années sur notre ville, en général pour stigmatiser le maire actuel et affirmer qu’avec lui (ou elle), demain, on rasera gratis. Mais on voit peu d’analyses sur les origines de cette dette et encore moins de propositions pour y remédier.
La dette de Bagnolet a trois sources essentielles. La première est la politique budgétaire nationale qui impacte fortement les collectivités locales et encore plus fortement celles qui sont le plus en difficulté, comme Bagnolet. Bien entendu, dans la voie actuelle, il n’y a pas d’amélioration à attendre. Une autre politique (nationale) est toujours possible : il faudrait remettre à plat la dette, réinvestir massivement dans les services publics laissés en déshérence, reconstruire une fiscalité équitable qui touche enfin les plus riches et les plus grosses entreprises, bref faire à peu près le contraire de ce que font l’actuel président et l’actuel gouvernement. A ce niveau, la seule action que nous pouvons avoir dans le cadre des municipales, c’est de sanctionner le plus sévèrement possible les candidat-es LREM. Pas une voix ne doit se porter sur eux! Il est plutôt comique de voir l’intérêt porté à la dette par le candidat LREM de Bagnolet : il n’a pourtant rien à redire à la politique du gouvernement; dans son viseur, il n’y a que les services municipaux …à « moderniser et externaliser », on sait que cela veut dire supprimer et privatiser!
La seconde origine de la dette est proprement bagnoletaise. Elle se compose de deux parties. La première et la plus évidente provient de la mandature précédente avec la construction de l’Hôtel de ville et de l’école Joliot-Curie dont les coûts ont explosé. A noter aussi les extraordinaires dépenses de communication de Marc Everbecq, qui n’ont pourtant pas réussi à le faire réélire, ou encore les nombreuses études qui dormaient dans les tiroirs. Mais au-delà de cet emballement, il y a l’héritage plus lointain du communisme municipal. C’est par exemple le sous-investissement chronique dans les écoles ; au début des années 2000, avec mon collègue Michel Léon, nous avions animé un « rallye des écoles qui se déglinguent » ! Les écoles Jaurès, Langevin, Ferry et Joliot-Curie, pour la plupart construites au début des années 60, étaient dans un piètre état. Ce sous-investissement et ce défaut d’entretien généralisé des équipements publics a constitué une sorte de dette cachée transmise aux générations futures, c’est à dire à nous aujourd’hui. Et cela revient comme un boomerang sur la municipalité qui doit faire face à des situations d’urgence avec des bâtiments menaçant de s’écrouler, comme cela a été le cas à Langevin, au cours du mandat qui s’achève. Ce qui a impliqué des travaux et des dépenses: la dette cachée vient ainsi alimenter la dette tout court.
Enfin la troisième partie de la dette provient de l’actuelle municipalité avec le programme de rénovation urbaine des quartiers des Malassis et de La Noue et explique le pic actuel de la dette. Améliorer le cadre de vie des habitant-es est bien sûr légitime et réaliser les investissements qui le permettent aussi. D’ailleurs celle et ceux qui essaient d’exploiter la dette de façon politicienne contre le Maire actuel, ne vont pas jusqu’à dire qu’il n’aurait pas fallu rénover ces quartiers, même si elle et ils le pensent très fort!
Privilégier le remboursement rapide de la dette serait désastreux pour Bagnolet et ses habitant-es: cela voudrait dire stopper la rénovation urbaine (dont la 2e phase doit commencer dans les prochains mois), ne pas reconstruire les écoles vétustes (Langevin, Ferry, Pêche d’Or) et liquider les services publics comme le centre de santé ou la cantine municipale. Plutôt que de donner la priorité à la dette, il faut choisir la vie ! Et donc continuer à investir. Tout en prenant, bien sûr, des mesures financières pour limiter le poids de la dette sur le budget communal, en étalant le plus possible son remboursement. Un premier pas important a été franchi lors du mandat écoulé, avec la transformation des emprunts toxiques (à hauteur de 20 millions d’euros) de Marc Everbecq et de Laurent Jamet, en emprunts classiques. Il faut poursuivre dans le sens de l’assainissement des finances locales, sans sanctionner les habitant-es.
On peut aussi demander l’annulation de la dette, mais pour cela, il faudra un gouvernement écologiste et solidaire!!!
Comme beaucoup d’écologistes, j’ai voté Yannick Jadot aux élections européennes. Mais quelle déception avec la préparation des municipales! Par Jean-Claude Oliva
Les Verts autrichiens exultent. Ils sont enfin au pouvoir… avec les Conservateurs. Pour Romaric Godin de Médiapart (lire ici) « En acceptant les politiques néolibérales et identitaires de la droite pour prix d’une politique écologique ambitieuse sur le papier, mais sans moyens concrets, les Verts renoncent à allier l’écologie aux intérêts des classes moyennes, acceptent de se taire sur la question des migrants et reconnaissent que la priorité réelle doit être non pas l’environnement, mais bien la compétition économique (…) Faute de sauver la planète, les Verts autrichiens semblent donc s’engager à sauver le néolibéralisme. » Est-ce la voie sur laquelle nous entraînent Yannick Jadot et ses ami-es?
Des alliances troublantes, de Paris….
La question se pose au vu des alliances troublantes, voire contre-nature c’est le cas de le dire, d’EELV pour les élections municipales. A Paris, EELV mène la bataille contre la maire Anne Hidalgo dont le bilan écologique est pourtant incontestable et résulte en grande partie de l’action d’élu-es écologistes comme Célia Blauel ou Christophe Nadjowski. Dans le club planétaire des grandes villes, Paris est une de celles qui s’est engagée le plus fort dans les politiques écologiques de réduction de la place de la voiture ou de végétalisation. Certes, cela n’est pas encore suffisant, aucune ville, aucun pays n’en fait assez, ne cesse de répéter Greta Thunberg. Mais de là, à se rapprocher de Cédric Villani, député LREM, dont le seul engagement écologique consiste à s’absenter de l’hémicycle lors de certains votes… La volonté de rompre avec la social-démocratie de gouvernement pourrait se comprendre, tant cette dernière s’est compromise, encore faudrait-il que l’écologie soit la boussole des nouvelles alliances!
…à Bagnolet
A Bagnolet, si le bilan écologique n’est pas comparable à celui de Paris, de premiers pas importants ont été faits, avec un moratoire depuis trois ans sur les projets immobiliers, avec l’engagement en faveur de la gestion publique de l’eau ou encore le maintien de la bergerie des Malassis. Et des engagements majeurs sont pris pour l’avenir avec l’alliance conclue avec Écolos solidaires et le soutien de Génération Ecologie. Mais la direction d’EELV (qui n’a pas de groupe local à Bagnolet et dont les adhérent-es se répartissent sur trois listes) lorgne vers une alliance de second tour avec Laurent Jamet, ancien premier adjoint et adjoint à l’urbanisme (avant 2014), à l’origine de la déferlante immobilière qui a défiguré la ville. Qu’est-ce donc qui conduit EELV à préférer s’allier aux adversaires de l’écologie plutôt qu’à ses ami-es?
Affaiblir la gauche
Depuis sa création, EELV n’a jamais réussi à se développer et reste un micro-parti, 5000 adhérent-es revendiqué-es avant les européennes, 10 000 (?) après. Si tout le PS prenait le virage de l’écologie -comme Anne Hidalgo l’a fait à Paris- EELV risquerait de passer au second plan de l’écologie voire au troisième, si on considère aussi les professions de foi écologistes de la France insoumise. Plutôt que de miser sur l’émergence d’une grande force écologiste transcendant la gauche, EELV joue l’affaiblissement de toute la gauche pour récupérer la mise avec Yannick Jadot aux prochaines présidentielles. C’est grosso modo, la même stratégie que la France insoumise après les élections présidentielles de 2017, tapant très fort sur la gauche et sur les écologistes pour tenter de se poser comme l’unique opposition à Macron. On voit où cela a conduit la France insoumise, faut-il vraiment recommencer la même expérience?
C’est pas la faute à Rousseau…
D’autant que cette stratégie passe à côté de l’essentiel. Si EELV n’a pas réussi à s’imposer jusqu’à présent malgré une prégnance de plus en plus forte des idées écologistes dans le pays, c’est pas la faute à Rousseau, ni à la concurrence des autres formations politiques, mais bien aux limites du parti écologiste lui-même. Et c’est sans doute cela qu’il faudrait dépasser. EELV est une sorte de vitrine électorale de l’écologie, mais malheureusement, il n’y a pas derrière de construction politique: comment avancer dans ces conditions? Un exemple récent: entre les animalistes, les tenants de l’alternative végétarienne, les vegans, la bio, les éleveurs de la Confédération paysanne, les activistes de L 214, etc. , il y a toute une gamme d’engagements qui relèvent de l’arc écologiste, toute une effervescence de réflexions qui mériteraient une confrontation sérieuse et passionnante pour dégager des options et des actions communes. Qui est mieux placé qu’un parti écologiste pour mener ce débat et réaliser cette convergence indispensable? Au lieu de s’atteler à ce travail de fond, EELV a édité un catalogue à la Prévert de « 85 propositions pour les animaux » pour les élections municipales… L’autre faiblesse d’EELV, c’est son fonctionnement interne particulièrement opaque pour le commun de ses membres dont je fais partie. Certes il n’y a pas d’autoritarisme mais pas de démocratie non plus: malgré un formalisme pesant, ses adhérent-es ne sont pas associé-es à l’élaboration de la stratégie, définie en vase clos par ses instances dirigeantes. Aussi, faute de pouvoir faire de la politique autrement à EELV, beaucoup d’écologistes font de la politique ailleurs.
Collectif pour un tournant écologique et solidaire à Bagnolet