Convention citoyenne pour le climat à Est Ensemble

L’intercommunalité Est Ensemble, qui abrite 430 000 habitants, lance une session de débats, de mi-septembre à janvier, avec des citoyens tirés au sort. Objectif : réconcilier justice sociale et justice environnementale dans le territoire d’Ile-de-France. Par Eve Svetel dans Libération.

Après la région Occitanie, la métropole de Grenoble, les villes de Nantes et Nancy, c’est au tour de l’intercommunalité Est Ensemble, qui regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis, de lancer sa «CCC», popularisée au niveau national par la Convention citoyenne pour le climat lancée en octobre 2019 pour répondre au mouvement des gilets jaunes et à la demande d’une plus grande participation politique des citoyens. Mais si ce dispositif a essaimé sur tout le territoire, c’est une première en Ile-de-France, a assuré ce mardi le maire communiste de Montreuil, Patrice Bessac, qui préside également l’établissement public territorial (EPT) Est Ensemble.

«Ma conviction est que nous sommes la dernière génération à pouvoir faire quelque chose et que c’est un devoir pour nous d’assurer la transition climatique», a expliqué l’élu lors d’une conférence de presse au siège de l’EPT, à Romainville. Son ambition : «Faire d’Est Ensemble le territoire populaire de référence en matière de transition écologique.» Dit autrement, réconcilier justice sociale et justice environnementale, au moment où le débat monte autour des effets potentiellement ségrégationnistes des mesures de type zone à faible émission (ZFE) ou zéro artificialisation nette (ZAN) issue, pour cette dernière, de la loi «climat et résilience».

32% des ménages en précarité énergétique

L’intercommunalité réunit 430 000 habitants répartis dans neuf villes (Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville). Questions climatiques et sociales s’y confondent : 29% de la population vit sous le seuil de pauvreté, 32% des ménages sont en situation de précarité énergétique et ce territoire est le plus dense d’Ile-de-France après Paris. Voilà pour les chiffres. La démarche, maintenant : cent citoyens ont été tirés au sort, à proportion du poids démographique de chaque commune. Le processus est garanti par la Commission nationale du débat public.

 

Cinq sessions de débat auront lieu entre la mi-septembre et fin janvier sur cinq thèmes : se loger, se déplacer, se nourrir et consommer, travailler et produire, et s’engager pour la transition. Les propositions des conventionnels, qui seront défrayés et éclairés par des experts, seront ensuite soumises au vote des 80 élus du conseil territorial au cours du premier trimestre. Charge à eux de les traduire en mesures concrètes. Ou pas. Interrogé sur le risque que les idées les plus audacieuses ne soient retoquées, à l’instar de l’inscription du climat dans la Constitution, Patrice Bessac admet que ce «risque existe, mais on l’assume. L’idée est de permettre qu’un espace public existe sur ces questions, que les élus se positionnent».

Rattraper le retard sur les espaces verts

Autre axe de la mandature, «le plan zéro déchets» : un effort sera fait sur le recyclage, en particulier sur celui des déchets alimentaires, avec la mise en place d’une collecte gratuite de leurs plus gros producteurs (restaurants d’entreprise, cantines, établissements situés dans les centres commerciaux). Mais ce ne sera pas suffisant pour régler un sujet qui coûte déjà 56 millions d’euros par an à l’intercommunalité et risque de devenir «une source d’étranglement financier pour les collectivités locales», compte tenu de la hausse à la fois des volumes traités et du prix du traitement en incinération. Face à ce coût exponentiel, Est Ensemble envisage une redevance spéciale applicable aux entreprises en fonction de ce qu’elles produisent, selon le principe du pollueur-payeur.

 

Côté nature, le territoire est là aussi à la traîne : ses habitants jouissent de deux fois moins d’espaces verts (6 mètres carrés par habitant) que la moyenne nationale. Pour faire passer ce ratio à 10 mètres carrés par habitant, un sentier de 42 kilomètres doit voir le jour d’ici dix ans. La «promenade des Hauteurs» reliera tous les points hauts de l’agglomération, en faisant un crochet par Paris, Fontenay-sous-Bois et Rosny-sous-Bois. De quoi rafraîchir cet ancien territoire industriel alors que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) paru en août prévoit une hausse de 1,5 degré de la température d’ici la fin de la décennie. En attendant la réalisation de sa coulée verte, Est Ensemble organise de nouveau cette année sa «grande rando à la découverte du parc des Hauteurs», sur le plateau de Romainville. Rendez-vous dimanche 26 septembre, au départ du parc Lucie-Aubrac, aux Lilas, pour douze kilomètres de «promenade urbaine».

 

	

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