Approche économique des alternatives à la voiture individuelle

Dans le précédent article, nous avons analysé le coût de la possession d’un véhicule privatif à Bagnolet (Lire ici, avoir une voiture à Bagnolet, combien ça coûte?) Mais qu’en est-il des déplacements et alternatives en transports collectifs, en vélo, etc.?

On l’a vu, des arguments purement économiques plaident en faveur de la recherche de solutions alternatives à la possession individuelle de véhicules. Pour une utilisation inférieure à trois fois par semaine, le simple coût mensuel de 509 € pour la possession d’une voiture familiale (achat, entretien, assurances, etc.) est supérieur au coût de location d’un véhicule.

Ce contexte présente une opportunité historique pour remettre en question le paradigme de la voiture individuelle qui a marqué notre urbanisme depuis cent ans. Un article précédent du Grand Cycle  (Lire ici: les mobilités et la transition à l’énergie électrique) rappelait que, avec les questions de pollution et de santé inhérents non pas seulement au rejet des moteurs thermiques, mais aussi des caoutchoucs et plaquettes de frein, avec le fléau des embouteillages qui allongent la journée de travail des ménages et rendent problématique la garde des enfants, le modèle de la voiture individuelle est bâti sur un rapport pathogène au luxe. Socialement, il engendre des dégâts importants pour la santé des personnes et pour l’organisation des villes et de la vie de leurs habitants. André Gorz l’a clairement exprimé dans l’idéologie sociale de la bagnole.

Passons donc en revue les alternatives.

Autopartage

L’auto-partage signifie l’utilisation partagée d’une flotte de véhicules par différent.e.s usagères et usagers, pour une courte durée, et par abonnement. C’était par exemple le service de mobilités complet rendu par Autolib’. Ce service avait vocation à transformer les usages de mobilités pour permettre aux particuliers de s’affranchir de la possession d’un véhicule particulier, ou permettre à ceux qui ne peuvent pas entretenir un véhicule d’y accéder. C’était un service pour tou.t.e.s. Aussi, il nous semble indispensable que la ville adopte très prochainement une offre d’autopartage qui remplacera le service initial, dans la foulée du déploiement des premières bornes ou Infrastructures de Recharge pour Véhicules Électriques (IRVE).

Intermodalité et réseaux de transports en commun

A Paris, le maillage pour les arrêts de métro à Paris Intra-muros est de 700 à 800 mètres, et l’on considère que le trajet acceptable pour rejoindre un arrêt de bus à pied est de 300 à 400 mètres. C’est la jauge qui a été utilisée à Bagnolet pour dessiner le réseau de bus actuel. L’intermodalité piéton-transport en commun présente donc à Paris une réelle efficacité.

Le maillage est bien plus large dans la grande majorité des autres métropoles mondiales. Paris possède un maillage exceptionnellement dense, même en première couronne grâce au réseau de bus.

Le forfait Navigo vient d’être augmenté pour monter à 84 €. Il donne accès à l’entièreté du réseau d’Ile-de-France Mobilités. En comparaison, à Londres, à Tokyo, à New- York, les transports sont payant au trajet et au kilomètre, ce qui fait un budget mensuel largement plus cher pour les habitants de ces mégapoles.

Néanmoins, en banlieue comme à Bagnolet, les arrêts de transports lourds et rapides, comme le métro ou même le tramway, sont bien plus distants. Une étude d’Est Ensemble datant de 2021 montre que même après le prolongement de la ligne 11 du métro et du Tram 1, Bagnolet n’aura que de 26 % de son territoire dans un rayon de moins de 10 minutes de marche à pied d’une station de transports lourds.

Or 59% des Bagnolet.ais.es, on l’a dit, dépendent des transports pour leurs trajets domicile-travail, ce qui signifie qu’environ la moitié des Bagnolet.ais.es dépendent du bus comme premier chaînon de leur intermodalité pour aller au travail.

Pour les actifs, une réelle alternative à l’intermodalité piéton-bus est donc l’intermodalité vélo-métro ou vélo-tram qui permet d’accéder plus rapidement aux moyens de transports les plus rapides.

Aussi, la ville de Bagnolet s’engage-t-elle donc avec volonté dans une politique pour rendre ces voiries cyclables. Un Comité Vélo et Mobilités Douces a été créé début 2021 pour faciliter le dialogue entre les usager.e.s et les services de la ville. Un Plan Vélo devrait être voté d’ici l’été 2023.

En conclusion, vous l’avez noté, un raisonnement exclusivement économique conduit à énoncer un rationnel pour abandonner la voiture individuelle et chercher des alternatives. De nombreuses raisons d’ordre socio-politique achèveront de décider certains. Il ne s’agit pas forcément d’exclure la voiture du rang des outils adéquats dans certains contextes, raisons de santé ou trajets particuliers de transports d’encombrants. C’est davantage le modèle de la possession individuelle de la voiture qui est en cause.

# Une organisation collective, déjà très poussée dans nos métropoles avec les transports en commun, est à privilégier.

# Le développement du vélo permet une optimisation bien plus grande de l’espace public.

# Enfin, l’autopartage peut s’avérer une solution complémentaire dans bien des situations.

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