Stop aux pesticides dans notre eau potable

L’utilisation de produits phytosanitaires sur les aires de captage d’eau en France doit être interdite, alerte un collectif rassemblant des maires, des présidents de régies d’eau potables et des responsables associatifs dans une  tribune parue dans Libération. Signez la pétition en ligne sur Change.org

Dans un rapport publié jeudi 6 avril, l’ANSES mettait en évidence la pollution à grande échelle de l’eau par un métabolite (produit de dégradation) du chlorothalonil. Ce fongicide mis sur le marché par la multinationale Syngenta, utilisé depuis 50 ans en France et interdit partout en Europe depuis 2019, est responsable d’une vaste contamination de l’eau potable en France.

C’est un nouvel épisode d’une chronique sans fin, celle de l’utilisation massive de produits chimiques par l’agro-industrie qui polluent notre environnement. Tous les plans de réduction des pesticides des gouvernements successifs ont échoué ou ont été sans cesse repoussés. Depuis 2008 et le lancement d’un premier plan « Ecophyto I » visant une baisse de 50% des produits phytosanitaires en dix ans, l’Etat a mis en place une politique basée uniquement sur la bonne volonté des acteurs, sans mesure contraignante. Résultat : non seulement la baisse programmée n’a pas eu lieu, mais le nombre total d’hectares traités par des produits phytosanitaires avait encore augmenté de 10 % en 2020 par rapport à 2008 (voir ici)

La majorité des eaux brutes situées sur les aires de captage, généralement des sources ou des nappes phréatiques dans laquelle l’eau destinée à la potabilisation est puisée, sont contaminées par les produits chimiques utilisés pour l’agriculture. Certains de ces pesticides, bien qu’interdits depuis plusieurs années, sont encore présents dans nos nappes phréatiques et nos rivières. Tout cela implique de plus en plus de traitements coûteux et énergivores à la charge des usagers des services d’eau potable. Bannir l’usage des pesticides sur les aires de captage permettrait de protéger durablement la ressource en eau et d’améliorer sa qualité.

Nous savons que cela fonctionne. A l’instar d’Eau de Paris, des régies publiques d’eau en France mettent en place des programmes de protection de la ressource en accompagnant les agriculteurs vers des modes de culture biologiques ou durables sur les aires d’alimentation et de captage. Les résultats sont sans appel : sur les secteurs où les pratiques agricoles vertueuses sont anciennes, l’eau y est moins polluée qu’ailleurs. Les co-bénéfices sont multiples : l’eau nécessite moins de traitements pour la rendre potable et les écosystèmes sont préservés, en favorisant la biodiversité.

Pourtant, le gouvernement continue de protéger les intérêts du lobby des pesticides contre l’intérêt général et la santé des populations. Au début du mois d’avril, le Président de la République a présenté un « Plan eau » sans aucune mesure ambitieuse pour protéger la qualité de l’eau. Au même moment, le Ministre de l’Agriculture a demandé à l’Agence de Sécurité Sanitaire (ANSES) de revenir sur sa décision de bannir l’herbicide S-Métalochlore, l’un des plus utilisés en France. Et pendant ce temps les aides au maintien en agriculture biologique se réduisent comme peau de chagrin, au détriment de celles et ceux qui s’étaient engagés dans des modes de production qui respectent l’environnement et protègent l’eau. Avec cette politique nationale, le modèle agro-industriel et les fabricants de pesticides ont de beaux jours devant eux.

Le gouvernement doit protéger l’eau que nous buvons, la qualité des aliments que nous mangeons et la santé des agriculteurs qui nous nourrissent.

Nous, maires et élu.e.s de toute la France, associations de protection de l’environnement et de défense des consommateurs, appelons le gouvernement à interdire sans délai l’utilisation de produits phytosanitaires sur les aires de captage d’eau et à soutenir financièrement les agriculteurs et agricultrices pour assurer cette transition.

Signez la pétition en ligne sur Change.org

Premier.e.s signataires:

  • DAN LERT – PRÉSIDENT D’EAU DE PARIS – ADJOINT À LA MAIRE DE PARIS
  • SYLVIE CASSOU-SCHOTTE – PRÉSIDENTE DE LA RÉGIE DE L’EAU BORDEAUX MÉTROPOLE
  • JEAN-CLAUDE OLIVA – VICE-PRÉSIDENT D’EST ENSEMBLE ET PRÉSIDENT DE LA RÉGIE PUBLIQUE DE L’EAU D’EST ENSEMBLE, DIRECTEUR DE LA COORDINATION EAU ÎLE-DE-FRANCE
  • ANNE GROSPERRIN – PRÉSIDENTE DE LA RÉGIE EAU PUBLIQUE DU GRAND-LYON ET VICE-PRÉSIDENTE AU CYCLE DE L’EAU DE LA MÉTROPOLE DE LYON
  • OLIVIER BERTRAND – PRÉSIDENT D’EAUX DE GRENOBLE-ALPES
  • ANNE SOPHIE OLMOS – VICE PRÉSIDENTE EAU ET ASSAINISSEMENT DE LA METROPOLE DE GRENOBLE
  • JÉRÉMIE SUISSA – DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE NOTRE AFFAIRE À TOUS
  • ANDRÉ CICCOLELLA – PRÉSIDENT DU RÉSEAU ENVIRONNEMENT SANTÉ
  • MURIEL MARTIN-DUPRAY – CO-PRESIDENTE DE FNE ILE-DE-FRANCE
  • NADINE LAUVERJAT – DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE GÉNÉRATIONS FUTURES
  • BÉATRICE SIBIAL-BENAYOUN – UFC QUE CHOISIR
  • MARINE CALMET – PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION WILD LEGAL
  • JEANNE BARSEGHIAN – MAIRE DE STRASBOURG
  • ERIC PIOLLE – MAIRE DE GRENOBLE
  • PIERRE HURMIC – MAIRE DE BORDEAUX
  • ANNE VIGNOT – MAIRE DE BESANÇON
  • GRÉGORY DOUCET – MAIRE DE LYON
  • LÉONORE MONCOND’HUY – MAIRE DE POITIERS
  • BRUNO BERNARD – PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE DE LYON
  • DANIELLE DAMBACH – MAIRE DE SCHILTIGHEIM, PRÉSIDENTE DÉLÉGUÉE DE L’EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG

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