Il y a peu, la ville étasunienne de Boston a pris une décision assez peu commune. Désormais, il sera interdit d’installer des pelouses artificielles dans l’espace public. Selon les décideurs, le gazon artificiel est un non-sens écologique, sanitaire mais également esthétique. Article de Yohan Demeure, licencié en géographie, publié par Sciencepost.
Une alternative bannie
Pour les défenseurs du gazon artificiel (ou synthétique), il s’agit de la meilleure alternative à la pelouse naturelle. En effet, ce gazon est facile à poser et à entretenir et remplit parfaitement son rôle de trompe-l’œil. Les particuliers y ont d’ailleurs de plus en plus recours, ainsi que les clubs sportifs. En France notamment, plusieurs clubs professionnels en équipent leurs stades depuis plus d’une décennie.
À Boston, dans le Massachusetts (États-Unis), la maire Michelle Wu a cependant décidé d’y mettre un terme, comme l’indiquait The Boston Globe dans un article du 24 septembre 2022. Dans cette ville, il sera désormais interdit d’installer de nouvelles pelouses synthétiques dans l’espace public.
Selon l’élue, ce genre de revêtement intègre des produits chimiques dangereux tels que les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), connues pour leur toxicité (surnommés les polluants éternels). En outre, certaines pelouses sont encore fabriquées avec des pneus broyés pouvant contenir des métaux lourds de type benzène ou encore des composés organiques volatils.
De nombreux problèmes en lien avec ces pelouses
Outre l’aspect peu esthétique des gazons synthétiques, c’est ce qu’ils engendrent d’un point de vue sanitaire et écologique qui est pointé du doigt. Il faut dire que ces pelouses dégagent notamment du méthane – un gaz à effet de serre puissant – et se fragmentent en microplastiques, finissant leur course dans les cours d’eau. De plus, elles favorisent le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU). C’est d’ailleurs ce qui a poussé les footballeurs américains à faire pression sur la National Football League (NFL) pour les interdire.
Il faut dire qu’aux États-Unis, les vagues de sécheresse à l’origine d’incendies qui ont ravagé de nombreux hectares de végétation ont été à l’origine d’un regain d’utilisation des gazons synthétiques. Mais ces derniers se trouvent également au cœur d’une problématique de santé publique. En effet, des recherches montrent que les PFAS peuvent provoquer des problèmes de santé. Citons notamment des problèmes de foie ou de thyroïde, une baisse de l’immunité, des malformations congénitales et des maladies rénales.
Enfin, il est intéressant de noter que de telles interdictions ne sont pas au goût de tout le monde. Sur l’île de Martha’s Vineyard – toujours dans le Massachusetts -, le district scolaire a en effet poursuivi la municipalité en justice. La raison ? Cette dernière avait interdit l’installation d’un terrain artificiel par peur d’une contamination d’une source d’eau potable.