À Romainville, la «giga plate-forme logistique» de la société Goodman inquiète les habitants

Des habitants réunis au sein du collectif «No Goodman» vont déposer un recours contre un permis de construire accordé par la municipalité de Noisy-le-Sec à cette entreprise sur une parcelle en limite de Romainville. Par Hélène Haus.

Après le futur entrepôt géant Green Dock situé à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), juste en face du parc de L’Île-Saint-Denis, c’est un autre projet de la société Goodman qui suscite des oppositions en Seine- Saint-Denis.

Un collectif baptisé « No Goodman », regroupant des habitants de Noisy-le-Sec et de Romainville, vient de lancer une pétition sur le site Change.org demandant au maire de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse (PCF), des explications sur le permis de construire qu’il a accordé le 30 septembre à Goodman. Cette entreprise spécialisée dans le développement de plates-formes logistiques et de parcs d’activités compte construire des locaux de 25 589 m2 sur une parcelle sise au 116, avenue Paul-Vaillant-Couturier. Un terrain privé qui appartenait jusqu’alors à l’entreprise de transports et de logistique
Heppner.

Si elle est officiellement située sur Noisy-le-Sec, cette emprise est tournée vers le quartier du Bas Pays à Romainville, où de nombreuses constructions sont sorties de terre ces dernières années. Dans un tract mis en ligne sur sa page Facebook, le collectif estime que le projet va conduire à « l’installation d’une giga plate-forme logistique au cœur du quartier résidentiel du Bas Pays ».

« Imaginez un bâtiment en forme de cube de 21 mètres de haut, soit l’équivalent d’un immeuble de six étages (…), peut-on lire. À l’intérieur du cube se cache un entrepôt logistique pour accueillir un va-et-vient de camions qui déchargent et chargent dès 4 heures du matin. »

« Jusqu’à 500 tonnes de produits combustibles »

Le collectif a organisé une réunion publique à l’école élémentaire Langevin-Wallon ce samedi pour faire signer un recours gracieux contre le permis, qui sera adressé au maire de Noisy-le-Sec.

« Tout le recours est tiré de ce qu’on a lu dans le permis de construire : des dangers ou nuisances que cela va engendrer dans le quartier, détaille le collectif. Il est, par exemple, prévu que jusqu’à 500 tonnes de produits combustibles puissent être stockés sur le site. Son ouverture va aussi engendrer une forte augmentation du trafic routier, avec des risques de bouchons à certaines heures de pointe. Ce qui nous a choqués aussi, c’est que Goodman décrit le quartier comme industriel. Or, depuis plusieurs années, il est en pleine mutation, notamment du côté de Romainville. »

Le maire de Romainville a lui aussi rédigé un recours contre le projet.

Dans un courrier adressé le 14 novembre à son homologue de Noisy- le-Sec — avec lequel il dit avoir l’habitude de « coopérer » sur de nombreux dossiers —, François Dechy (DVG) fait part de son « étonnement » quant au choix de Goodman, « multinationale spécialisée dans la logistique des géants du numérique ». « Cela me semble fortement éloigné de notre volonté commune de porter un autre modèle de développement », écrit-il.

Le premier édile de Romainville y rappelle que le site est situé « juste en face du quartier des Coudes-Cornettes qui concentre de nombreux logements, un hôtel, un Ehpad, des commerces et une maison de santé. Dans ce cadre, le devenir du site Heppner touche d’abord et avant tout les Romainvillois. »

François Dechy estime aussi que l’arrivée de Goodman aurait un impact « en termes de circulation (…) avec notamment le passage journalier de nombreux poids lourds et d’une myriade de camionnettes ». « Le projet remet en cause la démarche d’apaisement que nous menons pour ce quartier qui va accueillir plus de 2 000 logements d’ici à deux ans », ajoute-t-il.

« Il ne faut pas que nos villes deviennent des villes-dortoirs »

« On a bien entendu que certains habitants pouvaient être inquiets, mais beaucoup d’arguments avancés sont faux, assure Samia Sehouane, maire adjointe déléguée à l’urbanisme à Noisy-le-Sec. Il n’y aura pas 1 000 camions par jour en plus, contrairement à ce qui a été écrit sur les réseaux sociaux. » L’élue annonce qu’une réunion publique sera organisée ce mardi 29 novembre en présence de Goodman.

« Un jour avant la fin du délai possible pour les recours », raille le collectif. « Cela fait un moment que le site Heppner est sans activité et qu’on sait qu’ils veulent vendre, rappelle Samia Sehouane. Goodman s’est manifesté et a proposé un projet mêlant des bureaux, des activités d’industrie, d’entrepôt et de logistique. On n’est pas du tout sur un projet d’entrepôt géant pour des plates-formes comme Amazon. »

 L’élue soutient que l’entreprise a travaillé de concert avec la municipalité pour élaborer son projet : « Il y aura 1 500 m2 réservés aux entreprises de l’économie sociale et solidaire, mais peut-être qu’il en faudra plus. Le bâtiment sera organisé autour d’un vrai îlot central paysager, ce ne sera pas un gros bloc. Il y aura également un effort architectural sur les façades avec des matériaux en bois et en acier, des terrasses et des toitures végétalisées. Il y a toujours eu de l’activité économique dans ce quartier. Il ne faut pas que nos villes deviennent des villes-dortoirs. »

Goodman compte développer « un parc d’activités nouvelle génération dédié aux PME (petites ou moyennes entreprises) et aux PMI (petites et moyennes industries) ». « Ce parc sera constitué de deux bâtiments proposant 16 lots de taille adaptée aux besoins des entreprises locales, précise la société. Le travail architectural du front urbain, la revégétalisation du site et la capacité à accueillir l’évolution des usages
à long terme ont guidé la conception de ce projet. »

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