Le Diamantino Labo Photo menacé par des dealers

Le Diamantino Labo Photo, spécialisé dans le tirage argentique, travaille depuis plus de trente ans avec des photographes du monde entier. Mais l’atelier installé à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, est aujourd’hui menacé par la présence de dealers. Par France Inter

Diamantino Quintas dans son atelier photo à Bagnolet
Diamantino Quintas dans son atelier photo à Bagnolet © Radio France / Hajera Mohammad

« Soutenir l’atelier Diamantino Labo Photo face aux dealers », c’est le titre de la pétition lancée il y a quelques jours par le patron de ce laboratoire photo situé à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), le dernier à développer à grande échelle des photos argentique. La pétition avait recueilli plus de 1.700 signatures ce jeudi soir.

Depuis plus de 30 ans, des photographes du monde entier font appel aux services de Diamantino Quintas et de son équipe. Agnès Varda et le photoreporter de guerre Gilles Caron y avaient leurs habitudes également. Diamantino Quintas, seul maître-artisan tireur filtreur de France, travaille avec plus de 300 clients et développe aussi bien des photos d’art, de mode que de botanique. Celles-ci sont publiées dans des livres, dans la presse ou pour des expositions. Une entreprise qui, sur le papier, est en pleine forme.

Nuisances quotidiennes

Mais depuis trois ans et le déménagement du laboratoire photo de Montrouge (Hauts-de-Seine) vers Bagnolet, l’équipe subit les nuisances quotidiennes causées par un groupe de dealers. Un groupe d’une dizaine d’hommes, qui restent toute la journée debout devant le portail de l’immeuble abritant l’atelier. Parfois ils permettent même d’entrer dans le hall pour mener leur trafic de drogue.

« Le pire c’est le bruit, nous avons besoin d’une concentration maximale dans notre travail et là, ça crie, ça hurle… Ensuite, il y a la saleté, les odeurs, le vomi parfois dans l’entrée », raconte le patron. « Une fois, ils ont carrément défoncé le portail avec une voiture-bélier. Il y a des jours, il faut presque leur demander la permission pour qu’on puisse entrer ». Quand des clients viennent sur place, « ça donne clairement une mauvaise image« , reconnaît Joëlle, une collaboratrice.

L'atelier Diamantino Labo Photo à Bagnolet
L’atelier Diamantino Labo Photo à Bagnolet © Radio France / Hajera Mohammad

En janvier 2021, Diamantino Quintas tente, avec un voisin, d’aller parler à ces dealers pour leur demander de quitter les lieux. « Ils nous sont tombés dessus, ils nous ont passés à tabac. Par chance, je n’ai pas été hospitalisé, mais je garde un peu la mâchoire de travers et des égratignures ».

Des courriers adressés aux autorités locales

Malgré les courriers adressés aux autorités locales, aux ministres de la Culture et de l’Intérieur, la situation n’évolue pas. « Monsieur le Maire ainsi que ses équipes ont eu l’occasion de se déplacer sur site à plusieurs reprises au printemps 2021, notamment en présence des équipes du commissariat de police. Suite à ces visites de terrain, des premières actions ont été mises en place. La Ville a par exemple installé un dispositif « stop park » afin de limiter le stationnement sur l’espace public à l’endroit de l’entrée de l’entreprise », précise dans un mail l’équipe du maire PS de Bagnolet, Tony Di Martino. « Nous sommes en train de réfléchir avec les autorités de polices compétentes en la matière aux actions nouvelles pouvant être mises en place. »

Désespéré, Diamantino Quintas a décidé de lancer sa pétition pour interpeller le grand public. Il ne tiendra pas longtemps dans ces conditions et à 62 ans, pas sûr qu’il se relance à la recherche d’un nouvel atelier. « Trouver 350 mètres carrés ailleurs en région parisienne, pour ce genre d’activité, c’est presque impossible. J’ai mis plus d’un an déjà pour trouver ici ».

Aujourd’hui, c’est la survie de son entreprise et de tout un savoir-faire qui est en jeu. « Je suis le seul en France à former des jeunes au métier de tireur-filtreur. On a aussi le label ‘entreprise du patrimoine vivant’, c’est une reconnaissance du milieu de la photographie. Ce serait du gâchis si tout tombe à l’eau. Aujourd’hui, si je tiens c’est pour mes clients et mon équipe », confie-t-il.

Une jeune équipe à qui le patron aimerait transmettre cet atelier lorsqu’il prendra sa retraite, un projet aujourd’hui en sursis.

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