Le budget de la dernière chance

Au conseil municipal du 4 avril, l’intervention de Jean-Claude Oliva, co-président du groupe Ecolos solidaires, citoyen.ne.s et radicaux dans le débat budgétaire.

Nous sommes réunis ce soir pour le vote du budget. Comme je l’ai dit, il y a un mois, lors de la discussion du rapport d’orientation budgétaire, nous partageons complètement les intentions et les objectifs du budget, le problème étant plutôt de les réaliser dans un certain nombre de domaines comme la maîtrise de l’endettement ou de la masse salariale, les deux questions étant liées, ou encore dans la recherche de financements pour la réalisation de projets…

Côté recettes, il n’y aura pas de hausse de la fiscalité de la part de la ville, et c’est tant mieux.

La taxe d’aménagement n’est pas la panacée

La taxe d’aménagement, mise en avant par certains, n’est pas une bonne façon d’augmenter les recettes : c’est une recette immédiate mais elle induit une dépense ultérieure bien supérieure. C’est une recette ponctuelle, mais elle provoque une dépense continue qui se poursuivra au fil des années. Elle entraine la densification de notre ville, qui a connu une augmentation de la population de 10% en quatre ans, malgré le moratoire qui l’a freiné en début de mandat.

Nous sommes préoccupés par le niveau atteint par la dette de la ville, je l’ai déjà évoqué précédemment. La dette pèse sur les investissements. Si on n’avait pas une dette à ce niveau, on pourrait investir davantage dans les écoles, par exemple (A ce sujet, lire: Pour que le plan d’urgence du 93 inspire le budget de Bagnolet

Je reviens au budget dans sa globalité. Il n’y a pas de désaccords politiques irréconciliables à gauche, pas plus à Bagnolet qu’ailleurs. Nous souhaitons tous.tes les meilleurs équipements et les meilleurs services à la population. Pour faire les investissements nécessaires, il faut diminuer la charge que la dette fait peser sur nos finances. Il est nécessaire de réduire la masse salariale pour dégager de l’épargne et faire davantage d’investissements. Cela ne veut pas dire moins de service public mais un service public qui fonctionne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il faut se concentrer sur le fonctionnement de notre service public local et le changer en profondeur. Ce diagnostic aussi est partagé ou était partagé entre tous.tes au début du mandat. J’en veux pour preuve les auditions des élus de la majorité, maire et premier adjoint de l’époque en tête, de la direction des services et des représentants syndicaux, réalisées par le bureau d’études Talisker en début de mandat, sur ma proposition d’Etats Généraux du service public local. Il ressortait notamment de cet audit, je cite:

« Une vision d’ensemble émerge d’une population bagnoletaise

insatisfaite de ses services publics [½]

De l’avis de l’ensemble des interviewés, une majorité des services ne sont pas rendus comme ils devraient ; à l’exception de certains secteurs comme la culture ou la santé où l’offre est qualitative, le socle de base n’y est pas.

(…)

De l’avis général des personnes interviewées, la population partage une perception dégradée de ses services publics municipaux, plus souvent sur des services « visibles ».

La quasi-totalité des interviewés font référence à une administration communale en souffrance [2/2]

La plupart des interviewés évoquent spontanément un contexte très dégradé de l’administration communale (« sinistrée », « en souffrance », « situation critique, inquiétante » …).

Les références sont systématiques à une administration communale structurellement dysfonctionnelle »

Si les valeurs et le diagnostic sont partagés, où est-ce que ça coince alors ? Dans la gestion, dans la mise en œuvre.

Le rapport Talisker évoquait la nécessité de :

« Concentrer la démarche sur les modes de fonctionnement, les conditions et l’organisation du travail, la formalisation et la mise en place de règles de gestion. »

On le sait, on le dit, maintenant il faut le faire ! Il n’est pas trop tard. C’est le sens de notre vote qui sera en faveur du budget présenté. C’est un vote de la dernière chance.

Nous savons aussi que voter contre le budget n’améliorerait pas la situation de la ville. Nous ne souhaitons pas entrer dans une campagne électorale anticipée, avec tout ce que cela suppose de tensions et de manœuvres. Nous respectons donc le calendrier électoral.

Pour autant, nous ne resterons pas dans une position d’attentisme. Nous continuerons à jouer notre rôle d’aiguillon de la majorité. Et nous allons mettre en place des groupes de travail transversaux sur les finances et sur la gestion de la ville. En interne, avec tous.tes les élu.e.s qui le souhaitent, mais aussi au-delà du conseil municipal, avec nos concitoyen.ne.s.

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