Bagnolet rend hommage à une grande femme

Le conseil municipal de Bagnolet a décidé que la rue Paul Vaillant-Couturier deviendrait la rue Marie-Claude et Paul Vaillant-Couturier. A cette occasion, Edith Félix (Ecolos solidaires) est revenue sur le parcours extraordinaire de cette héroïne française. Un moment rare de communion dans l’enceinte municipale.

Photo Dominique Durand – Balland

Il s’agit aujourd’hui d’associer le nom de Marie-Claude Vaillant-Couturier à celui de Paul pour la rue de notre ville qui porte de son nom. L’associer, certes, bien que son destin ait été largement indépendant de celui de Paul, décédé à la fleur de l’âge. Ils n’auront eu qu’à peine 4 ans de vie commune. Elle gardera son nom.

Permettez-moi de commencer par un détour, celui de suggérer que la mémoire évoquée au travers des noms de nos rues est aujourd’hui très anthropocentrée, et qu’il conviendrait d’avoir une réflexion pour replacer l’humain au sein d’un meilleur équilibre au sein des écosystèmes qui nous entourent, et qui sont nécessaires à notre survie et au sein du cosmos. Je découvrais tout récemment une « rue de l’eau et des enfants »…

Mais aujourd’hui, c’est d’une femme dont nous allons parler. Elle devient reporter-photographe à 20 ans, ce qui est une profession à l’époque exclusivement masculine, ce qui lui vaut le surnom de « dame au Rolleiflex ». En 1933, elle part pour le magazine Vu faire une enquête sur la montée du national-socialisme et prend des clichés des camps d’Oranienburg et de Dachau.

En décembre 1933, elle s’installe avec Paul Vaillant-Couturier et travaille pour le journal l’Humanité et la revue Regards. Elle signe ses reportages sous le nom de Marivo.

Elle confirme une activité politique en adhérant à l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires, aux Jeunesses Communistes, et participe en 1936 à la fondation de l’Union des Jeunes Filles de France.

En 1937, elle épouse PVC qui décède une dizaine de jours plus tard.

En 1938, elle devient Directrice du service photographie de l’Humanité.

En 1939, avec la guerre, l’activité de l’Humanité est interdite. Elle entre en résistance et participe des publications clandestines avec Georges Politzer et Pierre Ginsburger dit Pierre Villon.

Elle assure une liaison entre la résistance civile (le Comité des Intellectuels du Front National de lutte pour l’Indépendance de la France) et la résistance militaire (OS-Organisation Spéciale).

Elle est arrêtée le 9 février 1942 par la police du régime de Vichy.

Après un séjour de 6 mois au Fort de Romainville, elle est déportée avec le fameux convoi des 31 000 vers Auschwitz-Birkenau, avec d’autres résistantes, dont Danielle Casanova.

Son courage, sa maîtrise de la langue allemande, sa solidarité avec ses autres camarades qu’elle soigne, font qu’elle survit à cet enfer, qui se prolonge au camp de Ravensbrück. A la libération du camp le 30 avril, elle reste encore jusqu’au 25 juin pour aider aux soins des prisonnières, ce qui lui vaut une citation dans le journal Le Monde du 16 juin 1945.

Elle retrouve heureusement sa famille et Pierre Villon, qu’elle épousera en 1949 en adoptant son fils.

Elle est homologuée commandant de la Résistance Intérieure Française et siège aux assemblées constituantes provisoires. Celle du 7 novembre 1944 ne comptait que 16 femmes, celle du 21 octobre 1944 en comptait 33.

Elle est élue députée de la Seine dès 1946 puis du Val de Marne à partir de 1967. Elle est deux fois vice-présidente de l’Assemblée Nationale.

Elle milite également dans des organisations féministes : dès 1946, elle est secrétaire générale de la Fédération Démocratique Internationale des Femmes de. En 1979, elle est vice-présidente de l’Union des femmes françaises, devenue Femmes solidaires.

Enfin, en 1946, elle témoigne au procès de Nuremberg. En 1964, suite à un procès contre le révisionniste Paul Rassinier, elle défend devant l’assemblée nationale une proposition de loi visant à rendre imprescriptibles le génocide et les crimes contre l’humanité. Elle donne lieu à la loi du 26 décembre 1964 qui inscrit l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité dans le droit français.

En 1987, elle est appelée à témoigner contre Klaus Barbie. Lors de la création de la Fondation pour la mémoire de la déportation, en 1990, elle en est désignée unanimement présidente, puis présidente d’honneur jusqu’à son décès le 11 décembre 1996 à Villejuif.

Marie-Claude Vaillant-Couturier est une grande femme qui a marqué l’histoire. Honorons sa mémoire.

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