Autoroutes apaisées : une suppression de bus à rebours de l’époque

A l’horizon 2026, le bus 221 devrait être supprimé entre Gallieni et Rosny-Bois-Perrier. Cette décision intervient à rebours de l’époque. A l’heure où Est Ensemble relance son plaidoyer pour les autoroutes apaisées, il est urgent d’abaisser les vitesses sur la A3, de réserver des voies pour les transports en commun … et de laisser rouler les bus urbains ! Point de vue et explications.

Le 14 janvier dernier, lors d’une réunion organisée par Ile-de-France Mobilités pour présenter le nouveau délégataire de la DSP45, il a été dévoilé le projet de supprimer le tronçon du bus 221 entre Gallieni et Rosny-Bois-Perrier. Ce trajet est emprunté par un grand nombre de Bagnoletais.e.s et Parisien.ne.s pour rejoindre directement le Centre Commercial d’intérêt Régional de Rosny, comme en témoignent les voitures combles, remplies de caddies et de poussettes.

La raison majeure invoquée par Ile-de-France Mobilités, c’est qu’une nouvelle analyse de risques préviendra désormais l’institution de transporter des personnes debout hors agglomération. Hors, sont considérés comme hors agglomération les portions d’autoroutes dont la vitesse est supérieure à 70km/h. Or c’est le cas de la A3.

Quelle considération à rebours de la réalité !

Plus de 40% de la population d’Est Ensemble réside à moins de 500 m d’une infrastructure autoroutière, A3, périphérique, A86. Or ces infrastructures sont à l’origine de pollutions sonores, visuelles et atmosphériques et causent une mortalité précoces des personnes les plus sensibles, cancers, maladies respiratoires, maladies cardio-vasculaires, etc. Elles sont un enjeu de santé publique. Il y a urgence !

Elles infligent par ailleurs aux habitants de fortes coupures urbaines et des mobilités contrariées.

Ne pas mettre en question le statut de l’autoroute est aussi à rebours de l’histoire !

Mardi 1er juillet, l’EPT d’Est Ensemble a organisé un colloque intitulé « Apaiser les autoroutes en Ile-de-France : quelles transformations pour les autoroutes urbaines ?» pour porter son plaidoyer d’apaisement. Un panel d’experts a partagé l’état de l’art sur les transformations autoroutières, (Lyon, Séoul, Los Angeles, etc…) notamment avec des expert.es de l’Institut Paris Région, de l’Atelier Parisien d’Urbanisme, et de l’Agence ZCCS. Des spécialistes de BruitParif, AirParif, et de l’Observatoire de la Santé en Ile-de-France ont donné un état de la veille sanitaire. Puis des élu.e.s de différents territoires, Plaine Commune, Neuilly-sur-Seine, Ville de Paris, Gentilly, Département de Seine Saint-Denis, ont témoigné des transformations entreprises et discuté de leurs expériences. Enfin, un état de la recherche en matière de transition foncière et de la transition écologique des autoroutes a été apporté.

Le plaidoyer est clair. Le boulevard périphérique évolue, avec une vitesse réduite à 50 km/h et une voie réservée au co-voiturage. Nos autoroutes doivent aussi évoluer, notamment la A3. Il faut le faire rapidement car les seuils de pollutions auxquels sont soumis les populations sont dangereux pour la santé. Réduire la vitesse, oui, mais aussi réduire le trafic. Ce n’est plus une option pour la santé.

C’est possible, malgré le caractère dit stratégique de l’autoroute A3 pour relier la capitale à l’aéroport Charles de Gaulle en redondance avec la A1. Cela est possible en y renforçant les transports en commun, plus efficaces que l’autosolisme,

… et en optimisant encore les flux logistiques à travers et au sein de la région Ile-de-France.

Ouvrir la voie rapidement

Il est donc urgent de réduire la vitesse de la A3 afin que les bus urbains puissent y transporter des personnes debout. Le périphérique est désormais limité à 50 km/h, avec les bénéfices que l’on sait en terme de réduction du bruit notamment pour les populations exposées. Dans la continuité, c’est la vitesse à appliquer à la A3. Ceci ne demande aucun aménagement ni budget. L’État doit le décider sans attendre.

Par ailleurs, il est nécessaire de faire converger les politiques pour organiser une voie bus dédiée sur la A3 dans chacune des directions.

Remettre les riverains au centre

L’infrastructure autoroutière de la A3 est une nuisance pour les Bagnoletais.es. Ils la subissent comme un danger pour leur santé, une réduction de leur espérance de vie, une fracture urbaine, et à ce jour, une limite qui bride leur mobilité. La A3 serait une infrastructure stratégique, peut-être : il est temps de servir ceux qui peuplent ce territoire servant. Il est temps d’invoquer un regard de justice sociale. Il faut au moins que cette infrastructure serve à la mobilité des riverains. Reprenons la main ! Transformons ces infrastructures pour qu’elles servent les personnes qui la subissent directement. Créons davantage de transports en commun que les riverains pourront emprunter. Il faut réserver une voie aux bus et y proposer un service sûr et fluide. Il faut aménager des arrêts de bus à chaque sortie/entrée (plus si l’aménagement est possible) pour que l’infrastructure existante serve au mieux les habitant.es. 

Concernant le bus 221, il faut maintenir la ligne fort empruntée depuis Gallieni. Je suis aussi convaincue qu’il faut créer un nouvel arrêt correspondant à l’arrêt Libre Pensée du futur tram afin de desservir le nord de la commune.

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