Le plan zéro déchets voté par le territoire en septembre se décline notamment par le financement de 26 associations qui sensibilisent au réemploi et à la lutte contre le gaspillage. L’objectif est de «renforcer» ce soutien en 2023. A Bagnolet, la Recyclerie de la Noue a reçu près de 40 000 euros de la part d’Est Ensemble, dans le cadre de son fonds zéro déchets, pour mener des actions de sensibilisation au réemploi, auprès de la population. Par Elsa Marnette.
En juin 2021, Est Ensemble, qui regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis, s’est donné pour objectif de réduire de 20 % les ordures ménagères résiduelles d’ici à la fin du mandat, dans le cadre de son plan zéro déchets. « Et on n’y arrivera pas sans les habitants », constate Patrick Lascoux, vice président (EELV) chargé du programme zéro déchet, de la prévention, de la réduction et de la revalorisation.
Les élus s’étant « vite rendu compte que les actions de terrain font la différence », ils ont versé en 2022 un peu plus de 400 000 euros à 26 associations du territoire qui œuvrent dans cette thématique, vient d’annoncer Est Ensemble. C’est environ 100 000 euros de moins que l’année passée. Ces subventions, qui portent sur une ou plusieurs actions concrètes, doivent permettre la réalisation d’un autre objectif du plan zéro déchets, voté en septembre, celui de « multiplier par dix les actions de sensibilisation et les animations en milieu scolaire », poursuit l’élu. « L’an dernier, nous les avons multipliées par trois. » « Le fonds nous permet de construire des dossiers et de les planifier sur deux ans, pour les pérenniser et les ancrer sur le territoire », explique-t-il encore.
Parmi les projets soutenus, les bourses aux vélos de la Cyclofficine de Pantin (15 000 euros), les expositions des Petits ambassadeurs du tri dans les bibliothèques du territoire (4 860 euros), ou encore la formation et la sensibilisation à la récupération, au tri, compostage et réemploi de fruits et légumes invendus de la Récolte urbaine de Montreuil (18 000 euros). Plusieurs associations ont reçu des sommes plus importantes, comme la Recyclerie de la Noue à Bagnolet (39 860 euros) et la compagnie montreuilloise Koshka Luna (39 600 euros).
« Cette subvention va nous permettre d’aller en dehors de nos murs, de faire davantage connaître la ressourcerie aux habitants », réagit ce mercredi Caroline Kotb, la directrice de la Recyclerie de la Noue, où des vêtements, des objets, des meubles etc. sont récupérés et revendus à petits prix. Cette somme a en effet permis de salarier une seconde personne, chargée d’organiser et d’animer des ateliers hebdomadaires, au sein de cette véritable caverne d’Ali Baba née en 2020.
Un escape game pour sensibiliser au tri
Ces événements, qui ont commencé en décembre, proposent par exemple d’apprendre à réparer ses vêtements ou à faire des décorations
de Noël avec des puzzles incomplets. « Nous prévoyons également de créer un bar à couture où nous mettrons à disposition des machines, poursuit Caroline Kotb. L’idée, c’est d’animer une communauté. »
À Montreuil, la compagnie Koshka Luna a mis au point un « escape game » sur le thème de la série à succès « Stranger Things », composé de trois barnums où des comédiens jouent une histoire complètement loufoque pour sensibiliser au tri et à la réduction des déchets. « En rendant les enfants acteurs, avec de vrais bacs de tri, ils arrivent vraiment à comprendre comment on fait le tri, cela participe à une meilleure compréhension de la démarche », explique Judith Pavard, directrice artistique de la compagnie, qui constate lors de ces spectacles, que « l’habitude n’est pas là ».
« Il y a un manque de connaissance et puis ce n’est pas funky, une poubelle, c’est jugé comme sale et contraignant, poursuit-elle. Impliquer l’enfant, le rendre conscient, actif, c’est la clé. » Une trentaine de représentations supplémentaires vont se concrétiser grâce à la subvention d’Est Ensemble.
De son côté, la collectivité dispose d’un pôle, composé d’animateurs et de maîtres composteurs, dédié à la sensibilisation qui a organisé ou coordonné une cinquantaine d’actions l’an dernier. « Il y a 1 200 acteurs de l’économie sociale et solidaire sur le territoire, c’est énorme. Si on parvient à accélérer la mise en réseau, cela permet de porter une transition, c’est essentiel. Aujourd’hui, on n’a plus le choix », estime Patrick Lascoux. Il espère que ce fonds sera « renforcé » lors des prochains arbitrages budgétaires de ce début d’année.