Depuis une semaine, les animatrices et animateurs sont en grève. Ecolos solidaires tient à exprimer toute sa considération pour leur travail si utile avec les enfants. Pour ceux et celles qui ont sans doute les plus petits salaires de notre ville, la revendication d’être payé.e.s en fin de mois et non pas au bout des deux mois d’été, est bien légitime. La solution in fine trouvée par la municipalité de payer début août toutes les heures effectuées en juillet nous semble satisfaisante. Lire ci-dessous les courriers du Maire aux animateurs et aux parents du lundi 25 juillet et le communiqué de la CGT des Territoriaux de Bagnolet du vendredi 22 juillet.
En décembre 2021, l’inspection générale dénonçait le manque de considération pour la filière animation dans notre pays. C’est un élément de contexte important à prendre en compte d’autant que rien n’a changé depuis. Lire ci-dessous l’article de la Gazette des Communes (avec lien vers le rapport complet). La crise de l’animation doit beaucoup au manque d’ambition éducative de l’Etat et des collectivités concernant les temps libres de l’enfant., diagnostique la Gazette des Communes dans un article plus récent (juin 2022) -lire extrait ci-dessous.
Ecolos Solidaires affirme toute sa considération pour les animateurs et les animatrices et leur travail avec les enfants, notre collectif refusant la précarité et la surexploitation des plus faibles. Dans cette perspective, leur revendication d’être payé.e.s en fin de mois est bien légitime. Avec la municipalité, nous sommes donc à leurs côtés et nous ferons tout pour que leur revendication aboutisse.
[pdf-embedder url=”https://ecolossolidaires.org/wp-content/uploads/2022/07/courrier-aux-agents-250722.pdf” title=”Lire la lettre du Maire aux animatrices et aux animateurs”]
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[pdf-embedder url=”https://ecolossolidaires.org/wp-content/uploads/2022/07/Communique-animateurs-en-greve.pdf” title=”Lire le communiqué de la CGT des Territoriaux de Bagnolet”]
L’Inspection générale dénonce un manque de considération pour la filière animation
Dans un rapport remis en décembre 2021, l’Inspection générale pointe l’incapacité de l’Education nationale à valoriser les métiers de l’animation, trop souvent considérés comme “des intervenants sous-qualifiés, payés pour amuser les enfants ». Par Michèle Foin dans La Gazette des Communes (janvier 2022).
Les périodes de confinement en 2020 ont révélé le rôle positif des accueils périscolaires pour favoriser la continuité éducative. Mais elles ont aussi mis en relief leurs difficultés récurrentes, passées sous silence depuis l’abandon de la réforme des rythmes scolaires. C’est dans ce cadre que Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de l’engagement, a missionné l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche (IGESR) en mars 2021 pour dresser un état des lieux de la situation et faire des préconisations.
Le rapport est sorti en décembre 2021. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est alarmant, faute d’un engagement politique fort de l’Etat en faveur des activités périscolaires. « L’école a pour mission la formation de l’homme et du citoyen. Elle n’a pas seulement pour objectif d’instruire, mais aussi d’éduquer et de former », rappellent les inspecteurs. Or ce manque de stratégie et de vision à long terme de l’Etat occasionne toute une série de dysfonctionnements, qui nuisent à la qualité des activités proposées aux enfants.
Sans engagement à long terme, les collectivités restent frileuses, et peinent à créer des emplois pérennes. Or des emplois précaires et mal rémunérés n’incitent pas les jeunes à s’engager dans la filière de l’animation, ou à y rester. Et cela ne contribue pas à valoriser ces métiers, trop souvent déconsidérés par les enseignants eux-mêmes. « Les animateurs ne sont pas reconnus comme des « éducateurs », mais plutôt comme des intervenants sous-qualifiés, payés pour amuser les enfants ; la confusion entre « animation » et « divertissement » est la règle », pointe la mission de l’IGESR.
Une continuité éducative marquée par le « cloisonnement » et la « discontinuité »
Pour l’Inspection générale, le nœud du problème réside dans le cruel manque de définition du concept de « continuité éducative », « tant en matière de pilotage que d’objectifs ». Sans cette définition, difficile d’avoir une vision homogène des métiers, des compétences et des parcours de formation qui pourraient améliorer la performance de cette politique publique. Beaucoup d’acteurs envisagent la continuité du point de vue des temps de l’enfant, la limitant à de la simple coordination de temps de liaison.
Or « une continuité éducative réussie prend appui sur une complémentarité de pensée, explicitée et assumée comme telle », souligne le rapport. Dans les faits, elle est plutôt marquée par le « cloisonnement » et la « discontinuité » dénoncent les inspecteurs, qui proposent d’utiliser la notion de « complémentarité éducative » pour lever cette ambiguïté. La mission encourage l’Etat à normer davantage ses attendus et les conditions de mise en œuvre de tous les dispositifs éducatifs pour éviter des approches par trop différenciées, sources d’inégalités entre enfants. Elle plaide pour une stratégie politique durable et des financements pluriannuels, plutôt qu’une succession de dispositifs et d’expérimentation à durée de vie limitée.
Revaloriser les métiers de l’animation
La mission de l’IGESR propose plusieurs pistes pour revaloriser les métiers de l’animation. Tout d’abord, il conviendrait de tendre vers des emplois à temps plein, la rémunération brute mensuelle pour 20 heures de travail hebdomadaires s’élevant à seulement 820 €. Pour augmenter le temps travaillé, il pourrait être intéressant de mutualiser les emplois entre associations, collectivités territoriales et l’Etat, d’autant plus que cela « faciliterait la construction d’une culture partagée entre les acteurs », insistent les auteurs. Car le manque de considération dont souffrent les animateurs est aussi due à la méconnaissance de leur métier.
Cette culture partagée pourrait être favorisée si la formation initiale des enseignants incluait la connaissance des principes de l’animation et de l’éducation populaire, et si de leur côté les animateurs intégraient des stages pratiques à l’école. De même, des temps de concertation entre équipes éducatives devraient être davantage formalisés durant l’année scolaire. Il conviendrait à ce titre de « rappeler la pleine intégration des personnels qui interviennent sur les temps périscolaires comme membres de la communauté éducative », et de troquer le terme d’ « animateur » qui « amuse » contre un terme plus valorisant et en phase avec sa mission pédagogique.
Revoir la formation professionnelle
La valorisation des métiers de l’animation passe aussi par une meilleure professionnalisation. Or les métiers de l’animation des temps périscolaires sont essentiellement couverts par les BAFA et BAFD, des diplômes non professionnels « souvent qualifiés d’insuffisants au regard des exigences éducatives renforcées que connaissent les temps périscolaires ». Mais qui paiera pour former les animateurs, alors qu’il n’existe pas de formation professionnelle gratuite et accessible au plus grand nombre en formation initiale, et que les formations professionnelles existantes sont trop longues, trop chères et peu adaptées aux besoins ? L’Inspection générale conseille de réfléchir à une qualification professionnelle complémentaire au BAFA, mieux adaptée aux besoins spécifiques des temps périscolaires, et accessible via la validation des acquis de l’expérience (VAE). Enfin, les inspecteurs recommandent au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et au ministère de l’Education nationale de plancher sur un « grand plan de formation continue » décliné à l’échelle des territoires.
Le chemin risque donc d’être long pour faire de la complémentarité éducative une réalité.
Comment ranimer la flamme de l’animation ?
La crise de l’animation doit beaucoup au manque d’ambition éducative de l’Etat et des collectivités concernant les temps libres de l’enfant. Temps morcelés ou partiels et contrats précaires ne garantissent pas une sécurité de l’emploi aux animateurs. La valorisation du métier est un prérequis pour sortir de la crise du recrutement. Par Michèle Foin dans la Gazette des Communes en juin 2022.