Traverser la banlieue de Bobigny à Montreuil en recherchant la verdure et les chemins de traverse, nous conduit à laisser la grisaille en contrebas. Par Emmanuelle Chaudieu.
Elle a déjà un nom, une carte, un balisage numérique… Il faudra cependant patienter encore quelques années pour voir se concrétiser la Promenade des hauteurs et des berges de l’Ourcq. Ce projet de parcours écologique, mené par la collectivité Est Ensemble (Seine-Saint-Denis), doit relier, en formant une boucle piétonne, les espaces verts de neuf communes de l’Est parisien, avec un crochet par la capitale (parcs de Belleville, des Buttes Chaumont, de la Villette et cimetière du Père Lachaise). Le tout en valorisant les atouts patrimoniaux et culturels des territoires traversés.
En attendant, cet itinéraire d’une longueur marathonienne (42 kilomètres) s’apprivoise par bribes, notamment à l’occasion de la Grande rando, organisée depuis quatre ans au début de l’automne pour faire découvrir ce projet au long cours. L’édition 2022 proposait ainsi une balade de 12 kilomètres, au départ du parc de la Bergère, à Bobigny. À quelques encablures de la sortie du métro et de l’ambiance très bétonnée de la préfecture de Seine-Saint-Denis, nous voilà à cheminer à travers ces vastes étendues de gazon et de bois aménagées au bord du canal de l’Ourcq. On franchit ce dernier par la passerelle Romy Schneider, avant d’emprunter le chemin de halage sur notre droite pour une déambulation au fil de l’eau en direction de Paris. L’occasion d’admirer les fresques qui ornent les murs bordant le canal, spot prisé des graffeurs. Arrivés à Pantin, on délaisse les berges pour monter vers la Corniche des forts. Depuis mai 2021, une partie de cet espace de 62 hectares abritant une forêt, et où une végétation sauvage s’est épanouie au gré de plusieurs décennies de fermeture, est désormais accessible au public au niveau de Romainville.
Là, d’étroits ponts aux lignes épurées permettent d’arpenter, en surplomb, ce site singulier.
Sur le chemin qui mène à la prochaine escale verte, le parc Lucie Aubrac, aux Lilas, on croise des édifices remarquables : le théâtre Le Pavillon, à Romainville, hébergé dans l’ancien pavillon polonais de l’Expo universelle de 1937, la Cité maraîchère de Romainville et ses tours de verre abritant une ferme urbaine, ou encore la piscine Mulinghausen, aux Lilas, curiosité architecturale iconique, car il s’agit d’une des piscines Tournesol qui ont fleuri dans les années 1970.
Fin de parcours tout en contrastes à Bagnolet, entre le parc Josette et Maurice Audin, très arboré, et les maisons du centre-ville, qui tranchent avec l’urbanisme de dalles du quartier de la Noue, que l’on traverse pour atteindre l’ultime étape de l’excursion : le parc Jean Moulin Les Guilands. Soit 26 hectares de verdure qui s’écoulent en pente douce jusqu’aux limites de l’autoroute A3, dans un entrelacs d’espaces de loisirs, de pelouses rasées de près et de friches où des arbustes poussent en liberté. De son sommet, avec la capitale à l’horizon, on a le sentiment d’être sur le toit du Grand Paris. Et l’on savoure l’ivresse des hauteurs.