Tribune – Des membres d’associations et de collectifs citoyens ainsi que des élu.e.s engagé.es lancent un appel à co-élaborer, à l’échelle départementale, des propositions pour développer la citoyenneté et le pouvoir d’agir des habitants des territoires populaires et à marcher contre les propos et idées d’extrême droite qui ciblent très souvent le département de Seine-Saint-Denis.
Nous, membres d’associations et de collectifs citoyens, élu.e.s engagé.es depuis des années dans des luttes émancipatrices et l’éducation populaire, contre tous les racismes, pour la justice sociale, et les droits de toutes et tous en Seine-Saint-Denis dans un environnement préservé, nous ne voulons pas nous résoudre à ce que la vie démocratique du département se passe sans les principaux concernés : les habitants et les habitantes de la Seine-Saint-Denis.
Après plus d’un an de crise sanitaire, le sentiment d’abandon du territoire a eu des raisons de se renforcer : département métropolitain le plus touché par la pauvreté, où vivent de nombreuses travailleuses et travailleurs dits « invisibles » ou « premiers de corvée », qui a payé un lourd tribut à l’épidémie de Covid-19 et où pourtant les services publics sont moins présents et moins dotés qu’ailleurs, notamment en matière de santé. Cela risque de se refléter dans la participation aux élections départementales et régionales de juin prochain, parce que voter c’est aussi montrer sa confiance en les institutions. Or, celles-ci ne sont pas toujours à la hauteur pour l’inspirer.
En Seine-Saint-Denis, cette dernière est souvent au plus bas niveau des départements métropolitains. C’est aussi qu’elle ne reflète pas tous les engagements politiques et sociaux bien réels du territoire. Loin d’être un désert démocratique, il fourmille d’initiatives de solidarité et d’entraide, d’expertise citoyenne et militante trop souvent ignorée du jeu politique institutionnel. La pandémie de Covid-19 a été une nouvelle fois l’occasion de constater que mobilisations et solidarités intergénérationnelles font partie de l’ADN des habitant-e-s de Seine-Saint-Denis. Nous souhaitons qu’elles se traduisent aussi dans les processus électoraux, en particulier locaux. À notre sens, l’exclusion des étrangers du corps électoral y compris pour les élections locales y est aussi pour quelque chose ; une revendication portée de longue date par nous, les forces progressistes, démocratiques et républicaines. Ce serait sans doute une des grandes réformes de société dans le combat pour l’égalité des droits.
Nous restons convaincu.e.s qu’il existe un pouvoir d’agir à travers les institutions démocratiques, avant, pendant et après le vote aux élections. Nous voyons que les décisions publiques ont des conséquences sur notre quotidien et notre avenir et que l’expression de l’intérêt général ne peut se construire sans les personnes qui vivent ici. L’épidémie du COVID-19 a bousculé et réveillé les territoires et nos vies, en nous laissant trop souvent spectateurs de décisions prises dans l’urgence. La crise sanitaire, toujours en cours, a accentué les inégalités profondes. Nous restons convaincu.e.s qu’il faut ouvrir la voie à une autre forme de dialogue plus étroit, continu, pour que la sortie de crise ne se fasse pas sans les citoyens !
Nous appelons le Département de la Seine-Saint-Denis à agir pour passer de la crise à la résilience en bâtissant avec nous, avec toutes les bonnes volontés, comités, élu.e.s, mouvements et organisations une Assemblée Citoyenne Départementale, car la politique ne s’arrête pas dans les urnes.
Nous voulons faire entendre les découragements, les espoirs et les exigences en cours de formulation en Seine-Saint-Denis pour construire ensemble des réponses citoyennes qui soient prises en compte dans le débat public. Pour une démocratie vivante, à travers la participation électorale et au-delà des élections, il faut des occasions de débattre, en particulier des enjeux d’intérêt commun pour le département (logement, handicap, services publics notamment de santé, éducation, droits des étrangers, grands projets, eau et écologie) !
Nous voulons nous situer loin des clichés sur notre département parfois entretenus au sein même des institutions, comme l’ont montré les récentes allégations de racisme au sein de la Solideo. Nous, habitant.e.s de Seine-Saint-Denis, nous nous sentons particulièrement ciblés par ces attaques incessantes, elles ébranlent notre appartenance à la République par une remise en cause permanente de notre citoyenneté. Notre pays connaît des tensions et une montée des peurs qui alimentent un repli identitaire et un refus de l’altérité. Nous appelons à une vigilance accrue face aux paroles dégradantes et racistes. Constatant un « climat politique et social alarmant », dans lequel « s’allier avec l’extrême droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit », et où « les attaques contre les libertés et les droits sociaux s’accentuent gravement ». Nous vous appelons à marcher le 12 juin « pour les libertés et contre les idées de l’extrême droite ».
Les premiers signataires :
Halima Menhoudj Maire adjointe, Montreuil; Jean-Claude Oliva Conseiller municipal, vice-président Est Ensemble, Bagnolet; Asta Touré Citoyenne engagée, ex élue, Saint-Denis; Mehdi Bouteghmès Responsable associatif, La Courneuve; Anne de Rugy Conseillère métropolitaine Grand Paris, Bagnolet; Ali Ait Djoudi Président de Riposte Internationale, Montreuil; Mireille Alphonse Maire adjointe, Montreuil; Vassindou Cissé, Maire adjoint, Bagnolet, Nadia Belaala Militante éco-féministe, Montreuil; Maël Dieye Responsable associatif, Epinay-sur-Seine; Hélène Puech Conseillère municipale et Territoriale de Plaine Commune, Saint-Ouen; Lionel Brun-Valicon Militant LDH, Seine-Saint-Denis; Muriel Casalaspro Militante écologiste; Anina Ciuciu Avocate, Auteure, Saint-Denis; Rui Wang Conseiller municipal délégué, Pantin; Mehdi Bigaderne Maire adjoint et Conseiller territorial Grand Paris Grand-Est, Clichy-sous-Bois; Mounia Feliachi Infopreneure engagée, Gagny…