Pour favoriser les îlots de fraîcheur et offrir des espaces de nature aux enfants, la ville a fait le choix de transformer ses cours d’école. Adieu le bitume, place à des sols perméables et à la végétation. À l’école Desbordes-Valmore (Bois-Blancs), les engins sont à l’œuvre. Par A.D.D. dans LA VOIX DU NORD.
Sur les jolis balcons qui font le charme de l’école Desbordes-Valmore, les pigeons sont aux premières loges de ce chantier estival. Imperturbables. Le ballet des pelleteuses a commencé matinalement dans l’une des plus grandes écoles de la ville : 16 classes, 358 élèves. À la rentrée, ces derniers retrouveront une cour d’école en pleine métamorphose où de nouveaux arbres, des espaces de jeu, un potager et des cabanes vont prendre racine au fil des mois. Sans oublier : un petit amphithéâtre pour faire classe dehors.
Pour le moment, à l’ombre des deux majestueux platanes de l’école (ils sont préservés), il faut se projeter. Les ouvriers doivent décaisser les 2 000 m² de la cour sur 60 cm pour retirer le bitume, une fournaise en été. Un chantier impressionnant. Il s’agit d’évacuer plusieurs tonnes de goudron pour faire place à des matériaux capables de drainer l’eau de pluie, tout en assurant un confort thermique. Des espaces pavés qui seront complétés par un apport de pleine terre sur un tiers de la cour. « Ce n’est pas du tout une démarche décorative et cela ne sert pas que le rafraîchissement, c’est aussi un support à un changement de pratiques au sein de l’école à travers l’éducation à la biodiversité notamment », expliquait Charlotte Brun, adjointe à l’éducation, ce mercredi, à l’occasion d’une visite de chantier.
1, 2 million d’euros d’investissement
Le plan de « débitumisation » de la ville a commencé l’an dernier et se poursuit cet été dans deux autres écoles : Descartes-Montesquieu et Brasseur (sur le site Lakanal). Montant des opérations : 1,2 million d’euros (dont 500 000 € pour Desbordes-Valmore). « C’est un vrai choix politique qui est regardé par d’autres villes », se réjouit Charlotte Brun.
« Une école, c’est une brique de la ville durable », exprime Audrey Linkenheld, première adjointe en charge de la Transition écologique. La ville de Lille fait partie des dix sites pilote en France des Solutions fondées pour la nature dans le cadre d’un projet de recherche du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.
La ville a prévu 70 millions d’euros d’investissement sur ce mandat pour la rénovation globale d’une cinquantaine de bâtiments municipaux, des écoles pour moitié. Lille compte 79 écoles maternelles et élémentaires. « Les travaux de rénovation énergétique sont très importants mais le défi est aussi de réintroduire de la nature en ville », exprime l’élue en insistant sur le bénéfice de ces îlots de fraîcheur à l’échelle de chaque quartier. Des indicateurs locaux devraient permettre d’en mesurer l’impact dans les prochaines années.