Bagnolet compte déjà au moins quatre résidences étudiantes et deux autres sont en projet, plus ou moins avancé. Une offre qui favorise davantage les investisseurs que les étudiants et un potentiel déséquilibre de l’aménagement des villes de banlieue. Les points de vue de Christian Métairie, maire d’Arcueil (Les Ecologistes) et de Gaylord Le Chequer, adjoint à l’urbanisme de Montreuil, publiés dans le Journal du Grand Paris.

« Ces produits ne s’adressent pas à tous », regrette Christian Métairie, maire (Les Ecologistes – EELV) d’Arcueil (Val-de-Marne). « Or, les projets doivent être adaptés aux populations et ne pas avoir la rentabilité financière pour unique point d’entrée. »
En proie à une profonde crise du logement, les communes des départements limitrophes de Paris accueillent les résidences en s’efforçant de ne pas se laisser déborder. « Bien entendu, les logements étudiants sont nécessaires, mais dans des limites raisonnables afin de ne pas déséquilibrer l’aménagement de notre territoire, poursuit le maire d’Arcueil. Nous en comptons déjà trois et nous observons que les étudiants passent l’essentiel de leur temps à Paris sans participer beaucoup à la dynamique de la ville. Les promoteurs n’ont que des projets de résidences gérées à nous proposer, si je disais oui à tous nous aurions un quart de notre population composée d’étudiants. Par ailleurs, si aujourd’hui l’Île-de-France est en pénurie de logements étudiants, on ne sait pas ce qu’il en sera dans 30 ans. Il faut se montrer prudent si l’on ne veut pas se retrouver en situation de suroffre, comme cela s’est produit avec les bureaux. »
Certaines municipalités ont d’ailleurs décidé de freiner les projets privés, à l’instar de Montreuil, en Seine-Saint-Denis : « Ces produits sont des placements d’opérateurs qui permettent de tenir les équilibres financiers du marché, estime Gaylord Le Chequer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Cela interroge chez nous sur le type de produit qu’on offre à la population. Notre conviction, c’est que ce type de produits, s’ils ne sont pas encadrés et ne nous permettent pas de décliner notre objectif de logements accessibles au plus grand nombre, constituent des produits discriminants, aux prix déraisonnables. »
La municipalité préfère un urbanisme négocié, comme à la Croix de Chavaux où sortiront bientôt de terre une résidence étudiante (incluant du social), une offre hôtelière, du bureau… « Nous recherchons la mixité, la diversification de l’offre », explique Gaylord Le Chequer. La Ville accepte aussi les projets privés à condition qu’ils incluent une part sociale. « Soit on trouve un opérateur privé qui, avec un montage adapté, garantit cette part, soit on décourage le projet. » Avec Nexity, la commune a récemment fait évoluer une programmation de type résidence senior – « un produit sur lequel nous rencontrons les mêmes problématiques », précise Gaylord Le Chequer – pour sortir un foyer de jeunes travailleurs avec RATP habitat. « Nous comprenons la logique de marché, mais en tant que collectivité, nous avons une responsabilité sur la diversification de l’offre de logements, notamment sur la dimension publique et sociale », ajoute l’élu.