Le site de la Briqueterie serait-il plus sûr pour les enfants que celui des Rigondes ? L’accès en serait-il plus facile? Un danger ignoré : les camions devant le lycée Henaff pendant les travaux. Que penser de l’argument d’autorité brandi à tout bout de champ par certains profs du collège Travail?
Selon le tract en papier glacé de la communauté éducative du collège Travail, le site des Rigondes serait trop proche des collèges de Courbet de Romainville et Marais de Villiers de Montreuil. Et ce serait dangereux pour les enfants. C’est peut-être un bon argument pour faire peur aux parents et les inciter à choisir la Briqueterie, mais il ne correspond en rien à la réalité. En effet, une partie du quartier du Plateau est scolarisée en ce moment (et cela a été le cas aussi il y a quelques années) au collège Marais de Villiers à Montreuil et il n’y a jamais eu de problème majeur entre jeunes de Bagnolet et de Montreuil dans et autour de ce collège. Par contre, on ne peut pas en dire autant du collège Travail à son emplacement actuel. C’est dans ce collège qu’il faut déplorer la dernière victime d’une rixe avec des jeunes des … Lilas (Lire ici un article du Monde sur le drame survenu fin 2018). Si on voulait être aussi simpliste que le tract des profs du collège, on dirait que l’emplacement de la Briqueterie est encore plus dangereux car plus proche des Lilas. Ce n’est pas le cas, bien sûr. Personne n’est à l’abri d’un tel drame. La sécurité n’est pas un argument pour choisir la localisation du collège.
Les travaux, un vrai danger pour les jeunes de Bagnolet
Personne n’en parle, mais les travaux pour construire un collège dans le parc des sports de la Briqueterie, outre les nuisances pour les riverains, constitueront un vrai danger pour les jeunes qui fréquentent le lycée Henaff. La démolition et l’évacuation des débris de la tribune en béton de la Briqueterie, puis l’acheminement des matériaux de construction du collège nécessiteront le transit de milliers de camions depuis l’autoroute par l’avenue Raspail en passant devant le lycée Henaff, pendant deux ans. Quand on est soucieux de l’avenir des enfants de Bagnolet, ne faut-il pas réfléchir à deux fois avant de créer une situation aussi accidentogène?
L’accès au collège
L’accès au collège est aussi une vraie question. Depuis le métro, le bus 76 conduira (*) au carrefour de l’avenue Raspail et de l’avenue des Rigondes, en traversant le centre ville, les Malassis et le Plateau. Depuis le métro, le bus 318 conduit à la Briqueterie en traversant le centre ville à la limite de la Dhuys. Pour le centre ville, l’accès en bus aux deux sites sera quasiment identique. Pour les quartiers du Plateau et des Malassis, il n’y a pas photo, l’accès en bus aux Rigondes est plus aisé.
Pour le quartier de la Dhuys, c’est l’accès à la Briqueterie qui est plus aisé en bus. Aussi, nous proposons de mettre en place une voie réservée aux mobilités douces pour aller de la Dhuys aux Rigondes. Le terrain est plat ce qui facilite la circulation à pied ou à vélo.
Même si l’essentiel des activités sportives des collégien.ne.s pourront avoir lieu sur place aux Rigondes, cette voie pour les mobilités douces pourra aussi permettre aux collégiens d’aller dans de bonnes conditions, à pied ou à vélo, au Parc des sports de la Briqueterie. Le collège pourrait être doté d’un parc de vélos permettant à une classe de se déplacer.
Démocratie contre argument d’autorité
La votation citoyenne qui aura lieu samedi 3 juillet à Bagnolet est un événement. Elle marque l’engagement démocratique de la municipalité et sa confiance en la population de la ville. Dans un esprit d’ouverture, cette votation a été étendue au personnel du collège Travail : c’est un fait exceptionnel qu’une collectivité fasse participer à un choix d’aménagement des citoyen.ne.s d’autres collectivités. Cela mérite d’être salué. Pourtant lors des réunions du comité de pilotage pour la reconstruction du collège, c’est une toute autre musique qui a été entendue. Les enseignants et la direction du collège ont fait une demande pour le moins étonnante : un scrutin censitaire (comme sous l’ancien régime, au temps des rois) avec un tiers des voix pour les profs du collège Travail, un autre tiers pour les parents des enfants actuellement scolarisés à Travail et un troisième tiers, le tiers Etat sans doute, pour le reste (95%) de la population de Bagnolet! Bien entendu, cette proposition a été rejetée par la municipalité attachée aux valeurs républicaines.
Mais cette petite musique a continué avec la tentative d’imposer un choix, sans information et sans débat, au nom de tous les profs, de tous les parents, de la communauté éducative. En réalité, profs et parents sont plus ou moins bien informés, ont des opinions diverses et ne constituent pas un bloc homogène. Tous auraient mérité davantage de respect et apprécié davantage de débat plutôt que ce genre de manipulation à la petite semaine.
Aussi nous n’avons été qu’à moitié surpris de voir fleurir des affiches anonymes sur les murs : « pour votre santé, vous faîtes confiance à votre médecin, pour le site du futur collège, faîtes confiance aux enseignants« ! Un argument d’autorité qui laisse pantois! Avec une telle pédagogie, on comprend mieux les difficultés que rencontre le collège Travail …
(*) La prolongation de la ligne 11 du métro va conduire à des modifications des lignes de bus actuelles. Ainsi la ligne 76 et 545 fusionneront et n’auront plus leur terminus avenue Raspail.