Dans une tribune publiée au mois d’août par le Monde, le porte-parole d’EELV, a dénoncé la dispersion des forces de gauche et écologiste, au mieux irresponsable, au pire dangereuse . Avec toutes les réserves qu’on peut légitimement avoir sur les sondages utilisés pour influencer l’opinion publique, il semble pourtant qu’aucun.e candidat.e écologiste et/ou de gauche ne soit aujourd’hui en mesure d’accéder au second tour. Alors que la somme des intentions de vote pour les quatre candidat.e.s (France insoumise, écologiste, PS et PC) placerait une hypothétique candidature commune en tête, devant Macron et Le Pen!
Tribune. « Nous vivons depuis deux ans une pandémie dont nous connaissons les causes : la perte de la biodiversité, l’emprise humaine sur les espaces naturels, le commerce d’animaux sauvages, la métropolisation de nos territoires ou encore le développement des échanges et des communications dans le monde. Tout indique que nous sommes en face d’une des multiples manifestations d’un
processus plus large de délitement de nos sociétés thermo-industrielles.
En effet, cette crise ne fait qu’annoncer d’autres sorties de route. Peut-être sommes-nous d’ailleurs déjà sortis ? Hors cadre, hors limite, comme emporté par la tragédie de la démesure. Mégafeux en Californie, dôme de chaleur au Canada, inondations en Europe, vague de chaleur au Groenland provoquant une fonte massive des glaces. Nous vivons au rythme de la catastrophe sérielle, mêlant
les ruptures technologiques aux effondrements financiers ou aux catastrophes écologiques et le Covid-19 n’est à cet égard qu’un amplificateur et un révélateur.
Cet été une équipe internationale de 11 000 chercheurs nous a avertis : « La crise climatique (…) s’accélère plus vite que ne le pensaient la plupart des scientifiques. Elle est également plus grave que prévu, menaçant les écosystèmes naturels et le sort de l’humanité. » Les catastrophes s’enchaînent à un rythme de plus en plus rapide et avec une intensité de plus en plus grande.
Face à cette situation, le déni continue à caractériser les choix des responsables politiques et économiques, comme si les catastrophes actuelles et à venir n’impliquaient que de simples ajustements. Alors que depuis plus de trente ans, les scientifiques nous alertent, rien ne semble entamer la croyance de l’expertocratie politique en un modèle de société fondé sur le productivisme consumérisme : les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, l’extractivisme à être subventionné, le solutionnisme technoscientifique encouragé et les délires mégalomaniaques des
Elon Musk et consorts, exaltés. Faut-il que nous ayons perdu toute boussole pour ne pas voir le décalage entre cette réalité de nature catastrophique et la modestie des politiques publiques en
cours ?
Transformation écologique et sociale
En entrant dans cette décennie critique, nous savons que le temps nous est compté. Les échéances électorales de 2022 sont à cet égard une étape que nous ne pouvons pas rater afin de mettre au plus
vite en œuvre un projet de transformation écologique et sociale qui assume l’urgence de la situation, la conflictualité avec le capitalisme et la décroissance nécessaire.
Tout indique, pourtant, que nous n’en prenons pas le chemin avec la dispersion des forces de gauche et écologiste, la multiplication des candidatures, comme si implicitement nous avions tous mis une
croix sur les échéances de 2022. Ce positionnement est au mieux irresponsable, au pire dangereux et inique si nous prenons vraiment au sérieux les effondrements en cours.
Il revient aux écologistes d’ouvrir le champ des possibles. De La France insoumise au Parti socialiste en passant par Europe Ecologie-Les Verts, personne n’est en mesure de l’emporter seul et attendre que les sondages nous départagent n’est pas la solution.
Alors que faire ? Abandonner, d’abord, toute prétention hégémonique et se focaliser sur dix ou quinze mesures basculantes. Ce n’est pas de rafistolage dont notre planète a besoin, mais d’une bifurcation franche. Cela passe par la remise en question des activités écocidaires (déforestation, projets inutiles, agriculture intensive), de la surconsommation comme de la société du spectacle (Jeux olympiques, 5G, publicité). Cela passe par la réforme de nos institutions. Cela passe par des mécanismes de rationnement dans l’usage des énergies fossiles et des ressources non durables de la planète.
Arrêtons de jouer avec le feu. Parlons-nous ! Ressaisissons-nous ! C’est à nous, dirigeants et militants de partis politiques, d’inverser le cours mortifère dans lequel nous sommes engagés. Si nous ne
réussissons pas, la résignation et la colère seront immenses et nous serons nombreux à nous abstenir en 2022. »