Lors du Conseil de territoire d’Est Ensemble du 24 mai, les élu·e·s des neuf villes ont adopté à l’unanimité une délibération historique, qui reprend 190 des 200 propositions formulées par la Convention citoyenne pour le climat d’Est Ensemble Cette convention a réuni 100 citoyen·ne·s tiré·e·s au sort qui ont travaillé pendant près de cinq mois, de septembre 2021 à janvier 2022, avec l’aide d’experts et de garants. Par le groupe écologie et citoyenneté d’Est Ensemble.
Le choix de cette démarche procède de la volonté de donner un cadre démocratique à la procédure légale de révision du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) d’Est Ensemble. Ce document constituera la feuille de route des grands objectifs de l’Etablissement public territorial en matière de de qualité de l’air, d’énergie et de climat.
La Convention a permis l’implication de chacun des citoyen·ne·s, sous la forme d’ateliers thématiques, de visites et de discussion afin de parvenir à des propositions communes sur des thèmes variés. Les 15 élu·e·s du groupe « Ecologie & Citoyenneté » ont joué un rôle moteur, du début à la fin, dans le bon déroulement de cet événement démocratique sans précédent à l’échelle d’une agglomération comme la nôtre.
Une méthode réellement participative
Le mandat de la Convention était clair : établir une série de mesures concrètes pour lutter contre le dérèglement climatique dans le respect de la justice sociale et environnementale, en prenant en compte la biodiversité, dans les champs de compétence d’Est Ensemble et de ses villes.
Nous ne voulions pas reproduire la grande déception de la Convention citoyenne nationale instaurée par le président Macron qui, après avoir promis de reprendre les propositions citoyennes dans la loi, s’est méticuleusement employé à les écarter une à une. C’est pourquoi les élu·e·s se sont engagés à étudier, avec les services d’Est Ensemble, toutes les propositions pour leur apporter une réponse ou un débouché concret. Le vote du Conseil de territoire du 24 mai est donc l’accomplissement de cette promesse.
Le travail mené par les 100 citoyen·ne·s est d’une grande qualité. Pour y parvenir, Nadia Azoug, Vice-présidente (EELV) à la Participation citoyenne a joué un rôle-clé sur la méthode participative retenue et sur la sélection du panel (voir encadré).
En pratique, les sessions de travail de la Convention comportaient des visites et des auditions d’expert·e·s (universitaires, représentants d’entreprises ou d’associations, journalistes, cadres de l’administration ou encore élus syndicaux), dont le rôle était d’éclairer et non d’influencer les travaux de la Convention. Ces auditions permettaient notamment de se familiariser avec les sujets les plus techniques et d’évaluer le degré de faisabilité des différentes propositions débattues.
Le processus prenait ensuite la forme d’ateliers thématiques et de moments de délibération collective en séances plénières.
Au nom des principes de transparence et d’indépendance, les élu·e·s du territoire n’étaient pas associés au processus. Il leur était permis, à des moments précis, d’assister aux travaux de la Convention comme « observateurs », sans avoir le droit de prendre la parole.
Afin de mener à bien leurs travaux, les citoyen·ne·s étaient également accompagné·e·s : par des « garant·e·s » indépendants expert·e·s sur les enjeux de participation citoyenne et d’environnement (pour veiller à l’indépendance des débats et au respect de la méthode), par une agence spécialisée dans la participation citoyenne (pour faciliter les débats), et par les services d’Est Ensemble (pour la logistique).
Une charte de 200 propositions
L’avis citoyen prend la forme d’une Charte de 200 propositions articulées en sept grands objectifs :
- Un territoire végétalisé, aux espaces verts partagés et conviviaux
- Un territoire solidaire qui s’engage pour un habitat rénové et éco-responsable
- Un territoire qui limite l’usage de la voiture et qui déploie des mobilités actives
- Un territoire résilient qui promeut une alimentation saine
- Un territoire zéro déchet, sobre et qui lutte contre le gaspillage
- Un territoire exemplaire, avec des acteurs et des citoyens engagés
- Un territoire qui développe les énergies renouvelables
Sur chacun de ces sujets, les propositions formulées témoignent d’un haut degré d’appropriation des enjeux. La plupart du temps, les propositions s’appuient sur des diagnostics scientifiques et techniques pour en estimer la faisabilité. Des exemples de mesures prises par d’autres collectivités locales, en France ou à l’étranger, permettent en outre de soutenir les pistes d’action suggérées. Il en va ainsi des propositions sur la restauration scolaire, qui évoquent à la fois la création de cantines de production mutualisées et de coopératives d’achat groupé dans des circuits courts, mais aussi la généralisation des repas végétariens au moins un jour par semaine dans l’ensemble des écoles des neuf villes.
On peut toutefois regretter, parfois, que les contraintes budgétaires et les retours d’expérience des dispositifs existants n’aient pas été suffisamment pris en compte. On peut ici citer la proposition de généraliser la collecte pneumatique des ordures ménagères, déjà en place pour une partie des habitant·e·s de Romainville depuis 2008. Si l’idée a de quoi séduire sur le papier, un audit récent confirme que ce mode de collecte s’avère coûteux en entretien, mal utilisé (déchets moins bien triés) et très critiqué par les habitant·e·s pour l’état de saleté dans lequel se trouvent beaucoup de bornes d’apport volontaire.
Malgré ce léger bémol, les élu·e·s citoyens et militants sensibles aux questions écologiques trouveront dans la charte des grands motifs /satisfaction. Car l’essentiel réside dans la pertinence des propositions, mais aussi dans l’effort mis par les citoyen·ne·s pour s’approprier les enjeux écologiques, et notamment les questions de climat et de biodiversité. Les conventionnel·le·s ne se sont pas laissés décourager par l’ampleur de la tâche qui leur était demandée. Ils se sont confrontés à tous les enjeux les plus cruciaux pour l’avenir de la vie sur terre : énergie, ressources naturelles, réchauffement climatique, alimentation, biodiversité. Ils ont pleinement joué le rôle qui leur était confié en cherchant les solutions locales aux dérèglements mondiaux.
Par cette Convention, Est Ensemble peut se féliciter de compter désormais 100 citoyen·ne·s hautement qualifiés sur ces questions qui, nous en sommes certains, contribueront à animer le débat démocratique autour d’eux, auprès de leurs proches, de leurs voisins, de leurs amis, de leurs familles. Cette appropriation citoyenne est une victoire. Elle est, selon nous, la meilleure façon d’impulser un changement durable et radical des modes de consommation et de production.
Les orientations des écologistes confirmées
Il est dans l’ADN politique des écologistes et des mouvements citoyens que de donner une grande importance à l’expertise d’usage des habitants. Nous le faisons d’autant plus que les celles et ceux qui vivent dans des villes populaires vivent une double injustice climatique et sociale : ils sont les plus exposés à la pollution de l’air et sonore et les plus fragiles face aux dérèglements (accessibilité des transports en commun, logements indignes, densité de population, nombre de mètres carré d’espaces verts disponibles par habitant, plus faibles revenus, moins bon accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi, et aux services publics).
La lecture de 200 propositions confirme largement les grandes orientations que les élu·e·s écologistes et citoyens de Seine-Saint-Denis donnent aux politiques publiques locales aux niveau municipal, intercommunal, départemental et régional, en collaboration avec les agents et les équipes de nos collectivités. Nous sommes dons très heureux de constater cette convergence, qui donne un sens à notre action politique.
Cette convergence se donne à voir dans de très nombreuses propositions :
- pour accentuer la place de la nature en ville : végétalisation de l’espace public et défense des arbres pour lutter contre les ilots de chaleur urbains, transformation des espaces verts en espaces plus accessibles aux piétons et aux vélos, importance des trames vertes, bleues et noires pour défendre la biodiversité
- pour baisser drastiquement la part de déchets non retraités et non revalorisés : sensibilisation des enfants, soutien aux structures de l’économie circulaire, développement des filières de retraitement et du compostage, sanction contre les dépôts sauvages, application du principe pollueur = payeur
- pour améliorer les circulations douces et réduire la place de la voiture en ville : développement de trajets et vélos agréables et sécurisés, accroissement de l’offre de transports en commun, incitations économiques aux alternatives à la voiture
- pour le passage en régie publique de l’eau potable à Est Ensemble, que nous avons défendu de longue date et obtenu en 2021
- pour la rénovation thermique des bâtiments anciens plutôt que les nouvelles constructions
- pour la transition de l’économie via le soutien aux filières d’emplois durables répondant aux besoins de habitant·e·s, notamment dans l’économie sociale et solidaire, via l’implantation d’activités productives en circuit court, via la commande publique ou l’affirmation de la nécessaire sobriété numérique pour ce développement
- pour le développement des initiatives d’agriculture urbaine
- pour le développement des énergies photovoltaïques et géothermiques.
La force de ces attentes citoyennes nous conforte donc en même temps qu’elle nous oblige.
Les citoyen·ne·s attendent de leurs représentant·e·s qu’ils soient fidèles à leur engagement et qu’ils traduisent leurs volontés en actions concrètes. Vous pouvez compter sur les 15 élu·e·s du groupe « Ecologie & Citoyenneté » pour porter haut et fort cette voix citoyenne durant toute la durée de notre mandat. Nous sommes et serons toujours aux côtés de celles et ceux qui portent la volonté radicale de changement des modes de vie pour garantir un avenir prospère et enthousiaste à tou·te·s, à l’échelle d’Est Ensemble comme ailleurs.