Et les présidentielles, alors?

La campagne s’achève sans avoir commencé. Quelques idées qui n’engagent que moi, pour ne pas passer un trop mauvais dimanche 10 avril. 

En 2017, j’ai voté Benoit Hamon au premier tour des élections présidentielles. C’était un vote d’adhésion, de conviction dirait-on aujourd’hui. Benoit Hamon a réussi le tour de force d’imposer le revenu universel, un vrai sujet à la fois écologique et social, dans le débat des présidentielles.  Ensuite il s’est fait savonner la planche par ses ami.e.s socialistes et siphonner les électeur.rice.s des deux côtés, à la fois par Macron et par Mélenchon. C’est un voyage sans retour pour le PS, au bout du quinquennat crépusculaire de Hollande, on s’en rend compte aujourd’hui avec le naufrage d’Anne Hidalgo.

Il est vrai que voter pour ses convictions, cela fait du bien! Le problème, c’est qu’au deuxième tour, j’ai dû voter contre mes convictions, en votant Macron, la rage au cœur, pour faire barrage à Le Pen. Et aujourd’hui je n’ai pas envie de recommencer cette expérience après un quinquennat de régression des libertés, de régression écologique et sociale. Macron est allé au bout de la trajectoire de Sarkozy et d’Hollande. Sarkozy avait un discours de droite décomplexée, violent, mais son passage à l’acte est resté limité, un président ne fait pas tout, il y a des rapports de forces dans la société. Hollande avec un discours modéré (voire de gauche pendant sa campagne) a pris des mesures antisociales fortes et a détruit la gauche et, en premier lieu, son propre parti. Macron a profité de l’aubaine pour pousser l’avantage dans un quinquennat autoritaire, antiécologique et antisocial.

Donc au premier tour, personnellement, je voterai pour le candidat de gauche et écologiste qui aura une chance d’être présent au second tour et qui pourra m’éviter un vote Macron au second tour : aujourd’hui c’est Mélenchon. Mais j’aurai les yeux fixés sur les analyses et les sondages, jusqu’à la veille du vote. Si c’était Jadot, je voterais volontiers Jadot. Si c’était Hidalgo, je voterais aussi Hidalgo sans états d’âme. Roussel, ce serait vraiment difficile, vu les âneries qu’il débite, heureusement il n’y a pas de risque.

Mélenchon, Jadot et même Hidalgo ont un socle commun à la fois de gauche et écologiste. Les différences sont surjouées pour attirer l’électeur-rice; les un.e.s, les autres tentent de se disqualifier mutuellement, un jeu dangereux pour les trois. Cela rejette des électeur.rice.s de gauche et écologistes dans l’abstention ou dans d’autres votes, ni écologistes, ni de gauche. L’union eut été une bien meilleure voie, j’en veux à tous les partis de gauche et écologistes pour ce comportement irresponsable. Mélenchon est dépeint aujourd’hui comme un monstre par le PS dont il a été membre pendant …32 ans ! Mais les camarades ne se sont rendu.e.s compte de rien. C’est vrai qu’il ne semble pas commode, plutôt râleur, j’aimerais pas l’avoir comme voisin; déjà à Bagnolet, Corbière et Garrido, il faut se les fader! Mais bon, les yeux crevés, les mains arrachées, une vieille dame tuée à Marseille, dans la répression du mouvement des gilets jaunes, vous y pensez? Et vous voulez encore voter Macron au second tour? Moi pas. 

La guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine a donné lieu à des manœuvres peu reluisantes à gauche et chez les écologistes. Revenons-en au fond: il faut tout faire pour soutenir l’Ukraine agressée et stopper la guerre de Poutine et de la Russie. Mais il ne faut pas d’escalade militaire et de confrontation nucléaire. C’est un chemin très étroit! Si on veut mettre en cause les soutiens à Poutine, regardons encore une fois du côté de Macron. Qui est-ce qui a accueilli Poutine comme un roi à Versailles? Ce n’est pas Mélenchon! Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et les sanctions prises alors (interdiction des ventes d’armes à la Russie), la France (et douze autres pays européens)  ont continué à vendre des armes à la Russie. La France, présidée par Hollande puis par Macron, étant de loin le principal fournisseur…

Et les législatives, alors?

C’est l’obsession des appareils partisans qui jouent gros en terme financier et d’influence.  Exister aux présidentielles permettrait selon eux de donner plus de chances à leurs candidat.e.s aux législatives. D’où le vote de conviction ou de témoignage aux présidentielles pour préparer le troisième tour des législatives. Mais avec une dispersion maximale de la gauche et de l’écologie, cette stratégie risque de se transformer en bérézina électorale pour tous aux législatives! Je souhaite pour ma part que des député.e.s écologistes soient présent.e.s  à l’Assemblée nationale, leur voix a manqué pendant le mandat qui se termine. Notre circonscription est plutôt favorable aux écologistes et je soutiendrai la candidate qui a été désignée par EELV. Mais que Jadot fasse 5 ou 6%, cela ne changera rien à l’affaire. Par contre, que la gauche et l’écologie soient présentes au second tour des présidentielles, cela fera une grosse différence. 

A quoi bon?

Mais, me direz-vous, à quoi bon, puisque Macron a toutes les chances de l’emporter au second tour? En fait, cela change tout. Macron-Le Pen au second tour, c’est la certitude que les questions sociales et écologiques n’auront pas droit de cité et que les débats se concentreront une fois de plus sur les questions identitaires, sur l’immigration, sur la sécurité pour diviser les citoyen.ne.s et faire diversion.  Au contraire, un second tour Macron-Mélenchon donnerait à nouveau du crédit à une alternative de gauche et écologique, ce qui n’est pas rien et aidera à résister à tous les mauvais coups.

D’autant qu’il y a une autre gauche, écologiste, sociale, associative, jeune, féministe, antiraciste, pacifiste, non-violente, qui existe dans le pays. Cette force ne se reconnaît pas dans les partis politiques, ne vote pas forcément, mais est très présente sur le terrain contre les grands projets nuisibles et pour les petits projets utiles. C’est cette force en mouvement que j’ai vu encore le week-end dernier dans le rassemblement contre les méga-bassines dans le marais poitevin. Elle est alternative, joyeuse et solidaire. Elle compte pour l’avenir. Bref, il y a encore des raisons d’espérer, si on ne commence pas par faire la preuve qu’il n’existe pas d’alternative écologique et de gauche lors des  élections présidentielles. 

A quoi sert la candidature Poutou?

Pour celles et ceux qui ne décolèrent pas contre les partis de gauche et écologistes, il reste le vote Poutou. A quoi sert la candidature Poutou? C’est la question que pose Usul dans cette vidéo jouissive.

 

Attention, abstention

Il y a aussi la journée à la pêche, une option que je ne vous recommande vraiment pas pour dimanche. Mais une balade nature au fil  de la Marne, pourquoi pas? Et vous pourrez toujours voter, avant ou après. Si  vous votez avant, la balade relax permettra de vous remettre. Si vous votez après, la balade vous permettra de respirer et de méditer et qui sait? de faire le bon choix!

© Dessin Thibaut Soulcié pour Mediapart et La Revue dessinée

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