Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Anne Hidalgo! Retour sur un bilan contrasté: le mystère Hidalgo.
« Je ne me présenterai pas à un troisième mandat. C’est une décision que j’ai prise depuis longtemps », déclare l’édile socialiste, aux commandes de la capitale depuis 2014, mettant fin à un suspense de plusieurs mois sur sa candidature.
« Je me suis toujours inscrite dans l’idée que deux mandats étaient suffisants pour mener à bien de profonds changements », ajoute la maire sortante. C’est un constat de bon sens qui vaut sans doute au-delà de Paris. Encore faut-il avoir mené de profonds changements. De toute façon, il est difficile d’imaginer que ce qu’un maire n’a pas été capable de faire en deux mandats, il puisse le faire au troisième.
Dans les changements profonds à mettre au bilan d’Anne Hidalgo, il y a sans conteste le recul de la place de la voiture, le développement des mobilités douces et du vélo en particulier, la végétalisation de la ville, son apaisement avec les rues aux écoles. Tout cela est lié. En faisant reculer la place de la voiture, la voirie a pu être réaffectée à d’autres usages, la voie a été ouverte, c’est le cas de le dire, à un autre avenir urbain. De ce côté là, le bilan est extrêmement positif, d’autant plus qu’il s’agit d’une grande ville, d’une capitale mondiale…
Le mystère Hidalgo
Cela rend le contraste encore plus saisissant avec tous les projets bétonnants, détruisant parfois des arbres centenaires, qui ont vu le jour sous ses deux mandats (certains ont heureusement été abandonnés sous la pression de la population et des écologistes). C’est que la ville de Paris tire des revenus essentiels de la vente du foncier au privé (lire vente du foncier au privé les fausses bonnes affaires de la ville de Paris) qui du coup prend une place prépondérante dans l’aménagement urbain.
Malgré un gros travail sur la résilience de la ville et un rapport détaillé à ce sujet lors de son premier mandat, la réaction de la Maire n’a pas été à la hauteur au moment de l’incendie de Notre-Dame. La contamination au plomb des équipements municipaux, notamment les écoles, a été sous-estimée, mettant en danger agents et enfants. Analyses non effectuées ou non communiquées, absence de transparence, retour à la politique de l’étouffoir. Pas tellement mieux qu’avec l’incendie de Lubrizol à Rouen.
Idem avec la baignade en Seine, Anne Hidalgo a préféré surfer sur l’ambiance olympique plutôt que prendre les bonnes mesures, connues des services municipaux parisiens. Par exemple, au lieu de réaliser la désimperméabilisation de vastes surfaces du 12e et du 13e arrondissement pour éviter les rejets d’eau de ruissellement en Seine, selon le plan de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), elle a choisi un inefficace et coûteux bassin de rétention (Lire ici: le bassin d’Austerlitz évitera-t-il un Waterloo de la baignade?) Résultat, de belles photos de la baignade de la Maire, mais de nombreuses épreuves reportées, une lourde facture pour les usagers de l’eau et rien n’est assuré pour l’été prochain.
Enfin son héritage politique n’est pas très convaincant. Outre son piètre score aux présidentielles -qu’allait-elle faire dans cette galère? – , elle part en semant les graines de la division dans son propre camp. Son parti a choisi un candidat à sa succession et elle en propose un autre, renouant avec les ressorts de la politique à l’ancienne. Dans les deux cas, il s’agit d’hommes politiques: l’inspiration féministe n’est pas au rendez-vous, une déception de plus. Espérons qu’il s’agit d’un mal pour un bien et que que cette zizanie au PS permettra de tourner la page avec l’arrivée d’une autre gauche qui tienne les promesses sociales et écologistes à Paris!