Deuxième collectivité à sortir du syndicat des eaux d’Ile-de-France, la régie diversifie son approvisionnement. Par Benoit Collet dans Le Nouvel Economiste.
Jean-Claude Oliva, président de la régie d’Est Ensemble – © DR
Dès la fin juin, 25 % de l’eau potable distribuée par Est Ensemble proviendra des usines d’Eau de Paris. Selon Jean-Claude Oliva, président de la régie d’Est Ensemble, qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis, cette diversification permet de faire baisser les prix au robinet tout en prenant mieux en compte l’environnement.
Où en est la convention entre Est Ensemble et Eau de Paris ?
Dès le 30 juin, Est Ensemble va s’approvisionner à 25 % en eau potable auprès d’Eau de Paris. Pour le reste de notre approvisionnement, nous restons engagés avec le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif). Nous diversifions notre approvisionnement car il y a déjà une différence importante de tarif, quasiment du simple au double, entre Eau de Paris et le Sedif. Et l’osmose inversée, une technologie de filtration onéreuse en cours de développement par le Sedif, va dans les prochaines années faire exploser le tarif de vente en gros de l’eau par le Sedif, d’au moins 50 centimes HT par mètre cube et par an. Depuis 2010, Est Ensemble débat du retour en régie publique. Avant nous, seule une petite collectivité était sortie du Sedif. En reprenant la distribution sur notre territoire, nous avons pu baisser nos tarifs en 2024.
“Nous diversifions notre approvisionnement car il y a déjà une différence importante de tarif, quasiment du simple au double, entre Eau de Paris et le Sedif”
Pourquoi diversifier votre approvisionnement ?
En plus d’être très énergivore, l’osmose inversée pose des problèmes environnementaux : les micropolluants qui seront filtrés à travers les membranes seront rejetés en aval. Nous préférons l’approche d’Eau de Paris, plus axée sur la prévention. Cette régie publique préfère s’attaquer au problème de la pollution aux pesticides en encourageant l’agriculture bio autour de ses points de captage, par exemple. Ce qui ne l’empêche pas de déployer des technologies de pointe comme la filtration au charbon actif à renouvellement continu, plus sobre et plus économe.
Que va changer le passage à l’osmose inversée sur le réseau d’eau d’Est Ensemble ?
L’osmose inversée implique des travaux inutiles sur nos réseaux de distribution, car le Sedif ne souhaite plus que son eau “ultra-pure” soit mélangée avec l’eau produite par les autres régies publiques. Les travaux de déconnexion de nos réseaux respectifs vont être pris en charge à 50/50 par le Sedif et Est Ensemble. De notre côté, nous plaidions plutôt pour la simple installation de compteurs, mais notre proposition a été rejetée.
B. C.