En Seine Saint-Denis, les coupes budgétaires pour les collectivités, annoncées au niveau national, seraient désastreuses. Voici le point sur la préparation du budget 2025 dans notre ville.
Le Bureau municipal (instance regroupant l’ensemble des élu.e.s de la majorité) a entamé, le 24 octobre, la phase de préparation budgétaire par l’examen de la lettre de cadrage, destinée aux directions de l’administration communale et prête à être diffusée dès le lendemain. Autant dire que, comme souvent, les élu.e.s ne sont consultés que pour la forme, sans réelle implication dans les décisions. Cette fois-ci, le retard du Projet de loi de finances pour 2025 en est la justification, mais il est évident qu’une semaine d’écart n’aurait pas changé l’incertitude budgétaire qui se poursuit pour les communes. Cette méthode de travail pose question.
La réduction des dépenses publiques impulsée par le gouvernement Barnier aura un impact sévère sur les collectivités, et Bagnolet n’y échappera pas. La contribution de la ville à la Caisse nationale des agents des collectivités territoriales augmentera de 700 000 à 800 000 €, et les recettes de la TVA sur les investissements devraient baisser de 100 000 €. Au total, la ville estime la perte de recettes entre 1,2 et 1,3 million d’euros pour 2025. Toutefois, il reste difficile de saisir l’ensemble des impacts des mesures nationales sur Bagnolet, en particulier celles qui concernent Est Ensemble ou encore la réduction des subventions du Fonds vert, dont pouvaient bénéficier certains projets de la ville. Il aurait été pertinent d’avoir un tableau clair, avec des estimations maximales et minimales, pour mieux évaluer la situation. La majorité municipale demeure cependant unie dans la dénonciation de la politique de rigueur imposée par le gouvernement Barnier, qui fait porter aux collectivités et aux citoyens la charge des déficits laissés par les précédents gouvernements, et refuse de faire contribuer les plus riches.
Les dépenses de personnel ont amorcé en 2024 une légère réduction. Pour avoir plusieurs fois alerté sur le caractère insoutenable de la gestion du personnel à la fois d’un point de vue financier et social, nous prenons acte de cette évolution positive. 300 000 € ont été récupérés grâce aux retenues effectuées pour des absences injustifiées, touchant 237 agents, soit près d’un sur quatre. Mais pourquoi a-t-il fallu attendre dix ans pour adopter des mesures de bon sens ?
Une réduction de 5 % des dépenses de fonctionnement, sur la base des dépenses réalisées en 2024, est proposée pour 2025. Ce cadrage strictement arithmétique, reconduit pour la deuxième année consécutive, revient à une réduction totale de près de 10 % en deux ans. Comment imaginer que cela n’aura pas de conséquences sur les services rendus à la population ? Il est urgent de débattre des priorités politiques plutôt que d’appliquer une règle arithmétique. Pour notre part, nous insistons sur le besoin de renforcer le soutien au CCAS et aux services sociaux, à l’éducation et aux actions écologiques, et de les ériger en priorités.
Par ailleurs, des écarts notables existent entre les dépenses budgétées en 2024 et celles réellement réalisées, écarts qui peuvent atteindre parfois plus de 40 %. Cela peut signifier soit un manque de moyens (en personnel qualifié et en ressources) pour mener à bien les actions, soit une surestimation des prévisions dans le budget primitif, soit les deux. Certaines directions, loin d’avoir réalisées les dépenses prévues pour 2024, devront désormais faire face à des réductions encore plus marquées : 41 % pour la tranquillité publique, 41,7 % pour la propreté urbaine, et 32 % pour la restauration scolaire.
Il est aussi important de rappeler que notre capacité d’autofinancement est déjà critique et risque de se dégrader davantage dans les années à venir. Nous avions pourtant alerté sur cette situation, sans constater de mesures concrètes en réponse. Les préconisations de la Cour des Comptes, qui appelaient à un ajustement des dépenses et à une gestion plus rigoureuse, n’ont jamais été prises en compte, sans parler du prêt in fine. Ignorer ces avertissements met Bagnolet en position de vulnérabilité accrue quand la situation générale des collectivités se dégrade, limitant nos marges de manœuvre pour investir dans les projets essentiels pour les Bagnoletais
Cette situation financière affectera les investissements à venir. Le plan pluriannuel d’investissement montre que 2026, première année du prochain mandat, sera particulièrement tendue. Les principaux projets à financer incluent le dojo (2,4 millions d’€), le stade de la Briqueterie (2 millions d’€), l’école Langevin (6 millions d’€), et un pic de 5 millions d’€ pour le patrimoine bâti. Autant dire que des choix difficiles se profilent.