Afin de construire un grand complexe de rugby en Seine-Saint-Denis, de nombreux arbres ont été abattus. Outrés, les habitants dénoncent un projet superflu : « Par chez nous, dès qu’on a un peu de vert, on se le fait voler. » Par Alexandre-Reza Kokabi dans Reporterre.
À la Fédération française de rugby, les arbres, on s’en tamponne. Juste avant la Coupe du monde, qui se déroule en France du vendredi 8 septembre au samedi 28 octobre, au moins trente-six arbres sains et matures ont été sacrifiés au stade Raoul Montbrand de Pantin, à quatre kilomètres du Stade de France. La raison ? La construction d’un « centre d’innovation » consacré au rugby, comprenant terrains, tribunes et centre de formation.
Clara, habitante du nord-ouest de Pantin, a tout vu et tout entendu. Les 28 et 29 août, sous ses fenêtres, « c’était l’horreur ». Sur son téléphone, la femme de 39 ans nous montre la scène captée depuis son balcon. On y voit une pelleteuse vrombissante rouler ses chenilles sur le chantier du stade. La machine s’approche des sophoras du Japon et des marronniers d’Inde, solidement enracinés, et pousse les troncs en partie sciés. Les vieux briscards, probablement centenaires, cèdent dans un craquement sec. Ils s’affalent et leurs ramures feuillues rebondissent sur le sol, dans une dernière convulsion.
Une semaine plus tard, lorsque nous la rencontrons, les arbres ne sont plus que des grumes, entassées tels des mikados sur le chantier du projet de 4,6 hectares. Les verdiers d’Europe, les moineaux domestiques et les chardonnerets élégants, trois espèces protégées, n’y pépieront plus.