La majorité de cet immeuble de bureaux destiné aux biotechs de Romainville a été vendue par la Banque des Territoires au promoteur Fiminco en 2020. Ce dernier prévoyant aujourd’hui de le revendre quatre fois plus cher, malgré de nombreux soucis de gestions, les élus demandent une prise en charge du dossier par l’Etat. Par Léo Da Veiga dans Les Echos.
Les élus locaux ont exprimé leur colère face au projet de vente du site parc d’activité Biocitech à Romainville (Loucca0)
Une opération financière qui ne passe pas. Dans un communiqué commun publié le 3 mars, Patrice Bessac et François Dechy, respectivement président (PCF) de l’intercommunalité Est Ensemble et maire (DVG) de Romainville (Seine-Saint-Denis) ont exprimé leur colère face au projet de vente du site parc d’activité Biocitech , situé sur le territoire de la commune.
Accueillant 27 entreprises de recherche et développement en LifeSciences, le site de 19.000 mètres carrés a été vendu en 2020 à 82 % au promoteur immobilier Fiminco par la Banque des Territoires, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation. Selon les élus, cette vente s’est faite sans appel d’offres, et sur une base de valorisation à 25 millions d’euros.
300 % de plus-value sans investissement
Or, deux ans plus tard, le groupe Fiminco prévoit aujourd’hui de revendre ce fleuron industriel de la Seine-Saint-Denis. D’après les élus, quatre acheteurs potentiels auraient été identifiés, pour un prix de vente avoisinant cette fois les 100 millions d’euros.
Une plus-value de 300 % en deux ans qui révolte François Dechy pour des raisons politiques et éthiques. « Non seulement la Banque des Territoires a visiblement vendu cet actif au rabais, et au seul bénéfice d’un promoteur privé, mais en plus ce bénéfice est immérité puisque Fiminco n’a fait que dégrader ce parc d’activités, au détriment des entreprises résidentes ! » tonne-t-il.
Selon lui, plusieurs sociétés se seraient plaintes de la gestion du site par Fiminco. « Le groupe a remplacé tous les prestataires et n’a quasiment pas investi dans ce site très ancien (il a été construit par le groupe pharmaceutique Roussel-Uclaf en 1927, NDLR) », témoigne l’une des entreprises résidentes, qui souhaite conserver l’anonymat.
Coupures d’électricité et de chauffage
« Avant 2020, aucun problème particulier n’était à signaler à Biocitech, mais depuis la reprise par Fiminco, nous devons supporter régulièrement des coupures d’électricité et de chauffage très handicapante pour nos activités. Paradoxalement, et malgré la chute du niveau de prestation, les loyers n’ont fait que continuer à augmenter au point que plusieurs résidents envisagent de quitter le site » ajoute-t-elle.
En conclusion de leur communiqué, le maire et le président d’ Est Ensemble demandent que « soit organisé très rapidement une réunion, sous le haut patronage du Premier Ministre ou du Ministre de l’Economie et des Finances, afin d’envisager toutes les possibilités pour réorienter ce projet dans le sens de l’intérêt général et que toutes les responsabilités puissent être établies. »
Contactés, ni Fiminco ni la Banque des Territoires n’ont souhaité s’exprimer sur le sujet.