L’oligarchie place l’extrême droite au seuil du pouvoir. La gauche et les écologistes doivent être à la hauteur de ce danger, et s’unir sans barguigner. Par Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre.
S’unir, se regrouper, s’allier, faire front, faire face, se rassembler, arrêter de barguigner, de tergiverser, de palabrer, de s’invectiver, de se quereller : cette injonction que des millions de personnes disent depuis des semestres à des partis divisés et fragmentés, il faut aujourd’hui même, face au danger, que Les Écologistes, que la France insoumise, que le Parti socialiste, que le Parti communiste, que d’autres, l’entendent et agissent.
Car le panorama politique n’a jamais été aussi clair : après des années de politique ultralibérale et de matraquage orchestré par des médias aux mains des milliardaires, l’oligarchie a placé l’extrême droite au seuil du pouvoir. Tout, y compris le fascisme — un fascisme accommodé à la sauce du XXIᵉ siècle et de l’intelligence artificielle —, plutôt que le partage des richesses. Et par un fantastique renversement opéré par une bourgeoisie recroquevillée sur son égoïsme, les descendants de Pétain et des collaborateurs de Hitler, les successeurs des colons et de l’Algérie française, les promoteurs de la xénophobie institutionnalisée sont présentés comme dignes d’assurer le pouvoir.
Est-il besoin d’évoquer ce que signifierait en France l’arrivée du Rassemblement national à la tête de l’État ? Du macronisme taille XXL ! Encore plus de chasse aux étrangers, de répression des écologistes et des mouvements sociaux, une liberté totale à une police raciste et brutale, le déni climatique, et la confortation d’un ordre social aux mains des milliardaires.
Que la gauche et les écologistes s’unissent, c’est tout. Qu’elles partent à la bataille ensemble, pour préserver la liberté, et projeter enfin la vision forte d’une société juste et populaire, d’un avenir qui ne serait pas voué au désastre écologique, mais s’éclaire au contraire de nouveaux modes de vie inspirés par la sobriété et la coopération. Une gauche unie sur des mots d’ordre clairs : taxer les riches, poser la justice comme condition de la paix sociale, et replacer la santé, l’éducation, les transports au cœur de la politique.
Soyons réalistes : il est peu probable qu’une gauche unie obtienne le 7 juillet la majorité. Il serait donc vain, pire, criminel, de s’écharper maintenant sur qui serait le ou la Première ministre. Mais il est vital à l’heure du danger de recréer une dynamique conquérante et joyeuse, pour au minimum constituer un bloc puissant à l’Assemblée nationale et rouvrir les portes d’un avenir désirable.