Sevran : la Fabrique Cycle Terre recycle les terres excavées du Grand Paris

La Fabrique Cycle Terre, créée en novembre sous forme de coopérative par plusieurs entreprises et collectivités, transforme la terre crue des déblais de chantiers d’Ile de France en matériaux de construction. Par Leo Da Veiga dans Les Echos du 4 janvier 2022.

La Fabrique Cycle Terre est gérée sous forme de Société Coopérative d'Intérêt Collectif. Toutes ses études seront publiées en Open Source.

La Fabrique Cycle Terre est gérée sous forme de Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Toutes ses études seront publiées en Open Source. (DR)

Chaque année, 25 millions de tonnes de terre sont excavées en Ile-de-France, dans le cadre de travaux divers. Plutôt que de détruire cette matière première, la Fabrique Cycle Terre, inaugurée à Sevran (Seine-Saint-Denis) le 29 novembre dernier, va désormais la recycler pour en faire des briques, mortiers et enduits de construction.

L’entreprise, créée sous forme de Société Coopérative d’Intérêt Collectif ( Scic ), est à l’origine un projet du groupe immobilier Quartus . « Nous avons été sélectionnés en 2017, dans le cadre de l’Appel à Manifestation d’Intérêt « Réinventer la Seine », pour transformer le site de l’ancienne usine des eaux d’Ivry-sur-Seine (Val de Marne) en un quartier mixte, explique Ludovic Boespflug, directeur général adjoint chez Quartus Ensemblier Urbain. Nous voulions réaliser ce projet en terre crue réemployée, mais personne ne pouvait nous en fournir. »

Un projet financé en majorité par l’Union Européenne

Le groupe s’associe alors avec Paul-Emmanuel Loiret, architecte cofondateur de l’agence Joly & Loiret, qui étudie depuis « plus de 10 ans » la possibilité de développer une filière de matériaux de construction en terre crue. Avec d’autres partenaires, dont la ville de Sevran, Grand Paris Aménagement, ils postulent à un appel à projet européen, Urban Initiative Actions (UIA), qui a permis de financer le projet à hauteur de 4,9 millions d’euros.

Le reste des investissements (six millions d’euros au total), a été fourni par les partenaires, dont Quartus en première ligne avec 850.000 euros investis.
 

Concrètement, la Fabrique Cycle Terre, qui compte pour le moment cinq salariés et qui est présidée par Paul-Emmanuel Loiret, rachète à l’entreprise ECT, basée à Vaujours (Seine-Saint-Denis), des terres excavées et traitées que l’entreprise récupère dans le Grand Paris. La Scic les transforme ensuite en briques, enduits et mortiers.

En 2022, elle prévoit de retraiter 6.000 tonnes de terre pour une production de huit à dix mille tonnes de matériaux (ce qui correspond à environ 600.000 briques, 400 tonnes d’enduits et plusieurs tonnes de mortier). Cela devrait générer un chiffre d’affaires d’un million d’euros, ce qui est en deçà des dépenses, mais la société prévoit un équilibre aux alentours de 2024. A cette date, elle devrait en effet avoir augmenté sa production pour retraiter jusqu’à 10.000 tonnes de terre par an.

Cinq commandes par jour

« La limite est bien notre capacité de production, pas le nombre de clients, assure Paul-Emmanuel Loiret. Car nous recevons chaque jour cinq demandes de précommande pour nos matériaux, et sommes obligés d’en refuser une partie ! » Parmi les projets que la Fabrique Cycle Terre va fournir, on retrouve le Colisée-Grand-Paris , à Tremblay-en-France, ou encore l’ Arena Porte de la Chapelle . La Fabrique fournira aussi de plus petits chantiers, notamment pour l’aménagement intérieur de logements.

Comptant bien développer son activité, la Scic recherche actuellement des financements pour développer un nouveau produit, des plaques de doublage en terre crue et fibres naturelles, qui permettraient de stocker le carbone et de réguler la température intérieure du lieu.

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