Réforme des retraites : l’urgence de réduire le temps de travail

Dans une tribune publiée sur franceinfo, les principales associations environnementales et des personnalités, comme l’activiste Camille Etienne, appellent à manifester contre la réforme des retraites, qu’elles jugent préjudiciable pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Ils dénoncent une réforme dangereuse pour la lutte contre le réchauffement climatique. Dans cette tribune publiée par franceinfo.fr, des ONG environnementales font le lien entre leur combat de tous les jours et la réforme des retraites proposée par le président de la République, Emmanuel Macron. « Travailler plus, c’est produire plus, c’est extraire plus, c’est polluer plus », dénoncent-ils. Ils estiment également que le gouvernement se trompe de priorité :  » Le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) ne nous prédit pas un monde invivable en 2050, le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), si ». Ils s’expriment ici librement.


Nous sommes scientifiques, artistes, activistes, et simples citoyen·nes et alertons depuis des années sur les menaces qui pèsent sur l’habitabilité de notre planète. Habitué·es des Marches pour le climat, des actions de désobéissance civile non-violente ou du travail de terrain, la mobilisation contre l’actuelle réforme des retraites nous concerne également.

Cette réforme va à rebours de tous les enjeux du moment. D’une part, dans un contexte d’inflation massive et de crise énergétique qui causent de graves difficultés financières aux Françaises et Français, particulièrement les plus précaires, elle va creuser les inégalités déjà présentes dans le monde du travail. D’autre part, alors que le défi climatique est une des priorités absolues, cette réforme ne fera qu’aggraver la situation.

Travailler plus, c’est produire plus, c’est extraire plus, c’est polluer plus. Construite sur un modèle économique productiviste insatiable, destructeur du climat et de la biodiversité, la réforme des retraites va à rebours de l’urgence, la vraie.

À l’heure où il nous faut repenser le rapport au travail et au monde, le gouvernement s’obstine dans un modèle de l’ancien monde.

Les signataires de la tribune

sur franceinfo

La priorité ne peut plus être l’augmentation de la production pour satisfaire des objectifs arbitraires de croissance économique ; notre société doit être résolument tournée vers le bien-être des individus qui la composent, et sa soutenabilité écologique. Au toujours plus d’exploitation des êtres humains et des ressources naturelles, et toujours plus de profits pour une poignée de milliardaires, c’est la réduction globale du temps de travail que nous devons poursuivre et poser la question du sens du travail pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux, pour travailler mieux et travailler moins.

Bafouant l’Accord international de Paris pour le climat, le gouvernement sabote la mise en œuvre d’une politique climatique ambitieuse. Pour lui, il y a urgence à réformer les retraites alors que le Conseil d’Orientation des Retraites nous répète que le système n’est pas en danger. A l’inverse, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) alertent depuis des dizaines d’années sur les dangers du dérèglement climatique, sans que le gouvernement semble en prendre la mesure, au point que tous les ans, depuis 2018, le Haut Conseil pour le climat fustige l’insuffisance des politiques publiques mises en œuvre. Pire, le gouvernement profite de la focalisation de l’attention sur le système des retraites pour faire passer des lois répressives envers des acteurs de la société civile, comme par exemple la loi Kasbarian-Bergé dite « anti-squat » ou encore celle criminalisant les intrusions dans les enceintes sportives sous prétexte d’assurer la sécurité des Jeux Olympiques de 2024. Il ne maîtrise pas le sens de l’urgence, et aggrave les crises.

Le rapport du COR ne nous prédit pas un monde invivable en 2050, le rapport du Giec, si.

Les signataires de la tribune

sur franceinfo

S’en prendre au système par répartition, c’est mener une politique régressive sur le plan climatique. Avec la réforme, l’incertitude de l’âge de départ et du montant de la pension de retraite incitera celles et ceux qui le peuvent à constituer une épargne supplémentaire dans le privé, auprès de gestionnaires d’actifs. Ces épargnes seront donc gérées par des assureurs et des banques, qui financent majoritairement les énergies fossiles, donc qui accélèrent le dérèglement climatique.

C’est pourquoi, avec la majorité de la population, nous sommes opposés à cette réforme des retraites. Elle participe d’une logique qui épuise les humains et la planète en visant les objectifs insoutenables d’une croissance infinie dans un monde fini.

Le sens du progrès, notamment dans sa dimension sociale, doit nous mener vers une société juste, équilibrée et permettre de vivre mieux, d’avoir du temps pour nous, de choisir ce que l’on produit et comment on le produit. L’humain devient un obstacle pour le capitalisme libéral qui préfère les machines qui ne font pas grève, ne se mettent pas en arrêt de travail et qui ne prétendent pas à la retraite !

À partir du 7 mars, si le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, les syndicats appellent à amplifier le mouvement social en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs. Nous avons toutes et tous de bonnes raisons de nous joindre à cet appel et de lutter pour construire collectivement un avenir désirable sur une planète viable. Dans toute la France, nous serons de nouveau des millions à rejoindre la mobilisation pour stopper cette réforme des retraites.

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