Les maires de banlieue et leurs associations s’adressent dans une tribune aux candidat.e.s à la présidence de la république.
Dans le débat politique et médiatique actuel, les banlieues sont très souvent considérées comme des « problèmes ». Le constat vis-à-vis de leurs habitants est tantôt sévère, tantôt misérabiliste. Ces discours ignorent ou passent sous silence les réalités des quartiers qui sont, comme toute chose, contrastées. Chaque quartier populaire a sa singularité. Et surtout, les problèmes relevés ne sont que la mise en visibilité des problèmes de la France. Elues et élus locaux, nous pensons qu’agir avec les banlieues populaires, c’est agir pour les habitantes et habitants de tout le pays.
Il y a dans les villes populaires de l’énergie citoyenne, de la jeunesse, de la solidarité et de la générosité, du courage et aussi un sens de la responsabilité pour relever les défis écologiques, sociaux et démocratiques auxquels notre pays est confronté. Elus en proximité et acteurs associatifs engagés de longue date sur le terrain, nous voyons ici à la fois combien la crise sanitaire exacerbe les inégalités sociales, a des conséquences plus lourdes qu’ailleurs, mais aussi comment les solidarités se tissent et se développent pour y faire face.
Agir avec les quartiers populaires demande de la constance dans les politiques publiques, pour avoir le temps de l’expérimentation, de la mise en œuvre. Investir plus là où il y a le plus de besoins est une bonne orientation qui a besoin de s’inscrire dans le temps. Par exemple, l’éducation prioritaire souffre des détricotages successifs effectués au rythme des ministres de l’Education qui se succèdent, et gagnerait à être évaluée régulièrement. Les Cités éducatives, parce qu’elles ont permis la coopération de tous les acteurs concernés sur le terrain, le renforcement de l’efficacité des dispositifs multiples existants, sont quant à elles une réussite qu’il faut conserver. Le soutien à l’équipement numérique et son utilisation sont indispensables pour la continuité pédagogique pour les enfants issus de milieux populaires lorsque les classes sont fermées.
Agir avec les quartiers populaires demande la simplification des démarches administratives pour les élus et les associations sur le terrain pour avoir accès aux politiques et aides de droit commun et pour bénéficier des dispositifs au titre de la politique de la ville. Les appels à projets renforcent les disparités entre villes en capacité à répondre aux projets et villes avec peu de moyens. L’Etat doit trouver la souplesse nécessaire pour soutenir les actions de terrain permettant de lutter contre les fractures territoriales, sociales et culturelles.
Agir avec les quartiers populaires c’est valoriser leurs nombreux potentiels. La jeunesse des quartiers, qui représente au moins 40% de leur population, est un formidable atout pour notre avenir. Elle constitue un vrai levier de création de richesses qui participe aux talents de nos banlieues. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris-2024, formidable temps d’union nationale, forment quant à eux une réelle opportunité pour développer la pratique sportive des jeunes et de l’ensemble des habitants, et plus de perspectives économiques.
Agir avec les quartiers populaires c’est agir pour une vraie mobilisation politique dans tous les champs de l’action publique : éducation, logement, emploi, formation, santé, prévention, sécurité… Les problématiques y sont souvent plus complexes et plus imbriquées qu’ailleurs. Nous savons à quel point l’équilibre est précaire au vu de la situation d’extrême fragilité dans laquelle se trouvent parfois nos habitants. C’est pourquoi l’existence d’un filet de sécurité est indispensable et doit concerner l’ensemble de ces domaines.
Nous, maires de l’Association des maires d’Ile-de-France et de l’association Ville & Banlieue, élus de quartiers populaires et acteurs de terrain, savons que les quartiers populaires sont un atout pour notre pays.
Nous demandons aux candidates et candidats à la Présidence de la République française d’exprimer clairement leurs propositions qui permettront d’améliorer l’avenir des habitants des quartiers populaires.
Les associations signataires :
L’Association des maires d’Ile-de-France (AMIF)
L’Association des maires Ville & Banlieue de France
L’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville (AFEV)
L’Association Bleu Blanc Zèbre, représentée par son président Thierry Sibieude
Le centre de ressources pour la politique de la ville “Profession Banlieue”