Diffusion des masques: l’État doit prendre en compte les fractures sociales et territoriales

Un communiqué d'”Ensemble sur nos territoires”, qui concerne particulièrement des villes comme Bagnolet… Depuis sa publication, le gouvernement a annoncé la prise en charge par l’Etat de la moitié des masques achetés par les collectivités mais les modalités de mise en place de cette mesure ne sont pas encore connues.

Lors de leurs dernières interventions publiques, le président de la République et le premier ministre ont insisté sur l’importance du port du masque « grand public » pour accompagner le déconfinement et le renforcement des gestes barrières nécessaires à la lutte contre l’épidémie de Coronavirus.

Si des incertitudes demeurent, que l’exécutif devra préciser rapidement, il apparaît d’ores et déjà que ces masques seront très probablement obligatoires dans les transports publics, et très fortement recommandés sur l’espace public.

Ensemble sur nos Territoires soutient cette stratégie de généralisation du port du masque, et considère qu’équiper, avant le 11 mai, la quasi-totalité de la population française est un défi à relever collectivement entre État, collectivités, producteurs et fournisseurs. Nous insistons aussi sur le fait qu’il faut faire appel en priorité aux producteurs de nos territoires, notamment les acteurs de l’économie sociale et solidaire, fortement affectés par la crise. Cette organisation de la production peut être une vitrine de la volonté collective qui s’exprime dans la société de relocalisation de notre économie.

Mais plusieurs zones d’ombres persistent, et plusieurs enjeux sociaux et risques d’exacerbation des fractures territoriales existent. Il nous semble donc essentiel que l’État les intègre dans son plan d’action.

Nous demandons donc :

1/ que l’État assure une équitable répartition des masques grands publics sur le territoire.

Nous notons en effet aujourd’hui, au-delà des effets d’annonce, que de grandes collectivités, avec leurs capacités de commande publique et logistique, ont réussi à passer des commandes importantes, souvent mieux reçues des fabricants que de petites commandes. Nous ne pouvons que nous réjouir de leur mobilisation pour fournir ce nécessaire « premier masque » à leurs habitants, et nous soulignons aussi l’organisation de plateformes départementales ou régionales pour grouper les commandes, illustrant la capacité de réactivité et de mobilisation de nombreux territoires. Nous pouvons craindre que des territoires soient oubliés. Aussi nous pensons nécessaire une vision globale par l’État de ces commandes, en lien avec les collectivités coordonnant ces plateformes et les préfets, en ayant notamment comme souci que les territoires périurbains, dont les habitants sont souvent les premiers usagers des transports publics soient parmi les premiers dotés.

2/ que la charge financière du « premier masque » soit équitablement répartie.

Il apparaît assez clairement que ce « premier masque » sera à la charge du bloc communal, avec dans certains territoires, l’aide des départements ou des régions. Avec la distribution, cet achat peut représenter une charge importante pour les intercommunalités ou les communes. Nous demandons donc qu’une aide soit prévue pour aider les communes et intercommunalités les plus fragiles en prenant comme base l’éligibilité aux dotations de solidarité urbaines et rurales.

3/ qu’une aide soit apportée aux ménages modestes pour le renouvellement des masques.

Ces premiers masques ne suffiront pas, et il apparaît assez clairement que les masques suivants seront à la charge des habitants de nos territoires. Ce coût peut-être rapidement élevé pour une famille nombreuse, prenant les transports en commun, un rapide calcul le situant à plusieurs dizaines d’euros par mois pour des masques lavables 5 fois. Pour éviter le sous-équipement et/ou l’utilisation de masques périmés, nous demandons la prise en charge de ce coût par la solidarité nationale, à travers un versement mensuel par les CAF pour les foyers ne payant pas d’impôts sur le revenu.

Face au temps long que nécessitera la sortie de cette crise, et en intégrant les risques d’autres crises liées aux dérèglements climatiques, l’État doit dès à présent faire preuve de sa capacité à gérer ces situations en coopération étroite avec les territoires, en tenant compte de leur diversité.

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