Réunissant associations de solidarité, élus et citoyens, une soirée qui s’est déroulée récemment en région parisienne a témoigné d’un long combat, celui de la dénonciation d’une guerre occulté par les médias, et dans l’espoir un jour, de paix en Éthiopie. Par Jasmine Djennane dans l’Humanité.
Samedi 14 mai s’est tenue à la ville de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), une soirée de solidarité avec le peuple Afar d’Éthiopie. Avec la participation de 14 associations et organisations politiques dont l’association de solidarité et d’amitié avec les peuples d’Afrique (AFASPA), la Ligue des droits de l’Homme, le PCF, le Secours populaire français et la CGT. Le sénateur communiste Pierre Laurent, et le député LFI Alexis Corbière étaient présents afin d’apporter leur soutien à cette cause.
Les fonds récoltés serviront à acheter des médicaments qui seront acheminés sur place, pour les hôpitaux. Car, faute de moyens, les médecins amputent les blessées et mutilés de guerre.
Le peuple Afar en images par Harry Benhaiem (Hans Lucas)
Cette soirée de solidarité avait donc pour but principal de récolté de l’argent, à travers des dons, et un repas typique Éthiopien préparer par des membres de l’association. Mais surtout, une volonté de parler de ce qui se passe en Éthiopie, faire un maximum de bruit pour ne plus occulter ce conflit.
L’Éthiopie est un Etat fédéral divisé en plusieurs régions, le peuple Afar est un peuple semi-nomade. La guerre en Éthiopie éclate le 4 novembre 2020, mais pour autant peu de journaux en parlent. La colonisation organisée par le gouvernement éthiopien de la région Afar a amplifié et aggravé les conflits ethniques. Dans les villages les Afars vivent dans une crainte perpétuelle. Les attaques mortelles sont fréquentes.
Aisha Dabale, militante pour les droits de l’homme, originaire de Djibouti, milite contre la dictature dans son pays, contre l’impunité des militaires qui utilisent le viol comme arme de guerre et pour mettre fin aux mutilations, était présente pour représenter l’association « Les amie des Afars ».
« Dans notre fuite on a laissé pleins de gens qui sont morts », rapporte Aisha Dabale, qui s’était rendu en Éthiopie en décembre dernier afin de récolter des témoignages sur place. A son retour, un seul objectif : « trouver des médicaments, des médecins, des infirmières et acheter de la nourriture ». Comme les hôpitaux n’ont pas de médicaments ni de moyens financiers, ils pratiquent la « médecine de guerre », ce qui les conduits à devenir une « génération d’estropiés ».
Il y a un mur de silence qui vient « occulter » cette guerre, « on ne parle pas du tout de se qui ce passe à Djibouti, des violations de droits humains, des exactions à l’encontre des prisonniers politiques » s’exclame Aisha Dabale, qui lutte depuis des années pour la reconnaissance de cette guerre.