Fin de règne

Outre la mise en minorité du maire, il y a quelques leçons à tirer du dernier conseil municipal. La violence des débats qui alimente le dégoût de la politique, le délitement du groupe du maire, l’effacement de l’ancienne opposition.

On a beau être habitué.e.s, on n’arrive pas à s’y faire. La haine exprimée crûment, les insultes, les menaces, les tentatives d’intimidation, on a eu droit à tout cela au dernier conseil municipal, de la part du maire et de son dernier carré de soutiens. La technique éprouvée de la diversion, en changeant de sujet pour éviter le débat. Il faut saluer le coup de gueule salutaire d’Anne de Rugy en fin de conseil municipal, dénonçant la confiscation du débat par la boys band du maire (et pas seulement, malheureusement). Le débat aurait dû porter sur un vœu pour favoriser les déplacements entre Paris et Bagnolet et pour dépasser les blocages sur une précédente proposition de passerelle. Au final, le vœu a été adopté à l’unanimité. Mais on a eu droit à de longues digressions du premier adjoint sur l’enterrement de l’échangeur, son projet en béton! Et aux provocations du maire sur la régie de l’eau dont le bilan a pourtant été plébiscité au dernier conseil de territoire (en l’absence de l’édile, il faut bien le dire). S’il n’y avait qu’une raison de changer de maire en mars prochain, il faudrait retenir sa volonté forcenée de pourrir et d’empêcher tout échange de fond au conseil municipal.

Le groupe du maire au cœur de la crise

Le groupe du maire continue à se déliter, c’est une véritable hécatombe! Mona Bellil a démissionné de la coprésidence du groupe socialiste et société civile (SSC) et s’est vue retirer sa délégation aux sports par le maire. Brahim Akrour, adjoint chargé des affaires générales, a voté contre le retrait de statut de nos adjointes, il avait auparavant quitté le groupe SSC. Rappelons qu’au précédent conseil municipal, le 3 avril, Anne Gerval avait voté contre le budget, depuis le maire lui a retiré ses délégations et elle a quitté le groupe SSC. En septembre 2024, Elhame Chair, 2e adjointe a quitté le groupe SSC pour rejoindre le nôtre, suite entre autres à la tentative du maire de la démissionner! En avril 2024, Hamid Chair avait déjà quitté le groupe SSC pour rejoindre le nôtre. Début 2023, Olivier Taravella, 1er adjoint, chargé des finances, a démissionné du conseil municipal pour désaccord avec la maire notamment sur la politique budgétaire. En avril 2021, Karamoko Sissoko avait démissionné du conseil municipal avant d’être condamné pour corruption. Du groupe SSC de 2020, il reste seulement onze personnes, sept l’ayant quitté d’une façon ou d’une autre. Ce groupe est au cœur de la crise politique de la municipalité provoquée par l’allergie du maire au travail d’équipe. A qui le tour de partir?

L’ancienne opposition en retrait

Le groupe de l’opposition constitué du PCF et de BIC s’est abstenu sur les votes (à l’exception notable mais solitaire de Pierre Vionnet) pour démettre nos maires adjointes et les remplacer dans différents organismes. Dans une telle situation, où un maire est contesté par ses  alliés anciens et actuels et même par des élu.e.s issu.e.s de son propre groupe,  une opposition déterminée et conséquente verrait une aubaine, se féliciterait et chercherait à faire front commun avec les nouveaux opposants. Ce n’est pas ce que nous voyons à Bagnolet, pourquoi? Outre les votes, des propos étonnants ont été tenus par l’opposition. Il s’agirait d’une affaire interne à la majorité et donc, il était urgent de ne pas s’en mêler. Le maire est mis en minorité, pas une fois, non, onze fois, mais circulez, il n’y a rien à voir! Nous renvoyer dos à dos, c’est, en réalité, dédouaner le maire de ses responsabilités dans la crise politique de la ville. Pourquoi?

Il est vrai que depuis plusieurs mois, les élu.e.s communistes au conseil municipal se sont fait une spécialité d’intervenir sur les questions nationales, internationales et de faire le service minimum sur la politique municipale. Le maire met en scène un rapprochement (supposé?) en ne perdant jamais une occasion de valoriser leurs interventions. Ce qui donne du crédit à la perspective d’une alliance entre les frères ennemis PS et PCF pour les prochaines municipales…

Côté BIC, on a même eu droit à un discours dégagiste envers les adjointes qui se sont opposées au maire. Si rien ne va à Bagnolet, c’est que les élu.e.s sont incompétent.e.s, pas engagé.e.s, il est donc urgent de les remplacer et de prendre leur place! C’est l’exact contraire de la réalité. Ce mandat a débuté avec une équipe exceptionnelle de compétences et de motivations. Loin de ces discours hors-sol, Edith Félix et Anne Gerval ont témoigné de leur travail d’adjointes et de comment il s’est fracassé contre les abus de pouvoir du maire.

Face au déchaînement de violences à notre encontre, on aurait pu attendre au moins un mot si ce n’est de solidarité politique, de respect humain. Il n’est pas venu. On ne l’oubliera pas.

Vers les élections municipales

La politique, ce n’est pas que de la communication ou des postures. C’est aussi des faits, comme des votes, par exemple, qui concrétisent des choix. Au précédent conseil municipal, notre choix de voter contre le budget a donné le coup d’envoi des élections municipales, comme le titrait alors  citoyens.com Cette fois-ci, notre choix de résister aux abus de pouvoir du maire rend évident son affaiblissement et conduit à une clarification majeure de la situation politique de notre ville à quelques mois des municipales.

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