La commune organise une votation citoyenne ce samedi durant laquelle les habitants sont appelés à se prononcer sur le futur emplacement du collège Travail-Langevin qui doit être reconstruit sur le stade des Rigondes ou au parc des sports de la Briqueterie. Par Hélène Haus. Mise au point par rapport aux propos de Mme Garrido.
Moins d’une semaine après le 2nd tour des élections départementales et régionales, les habitants de Bagnolet sont de nouveau appelés aux urnes ce samedi pour se prononcer sur un sujet qui va bouleverser l’avenir de plusieurs centaines de futurs collégiens. La mairie, dirigée par le socialiste Tony Di Martino, organise une votation citoyenne ce samedi pour demander aux habitants où ils souhaitent voir implanter le futur collège Travail-Langevin. Un établissement classé Réseau d’éducation prioritaire aujourd’hui installé dans des locaux vétustes qui doit être reconstruit et agrandi pour accueillir 700 adolescents contre 550 actuellement.
Cela fait plusieurs années que le sujet patine. Le nouveau collège aurait en effet dû sortir de terre en 2020. Dès 2015, la municipalité, qui ne construira pas l’équipement, mais doit céder un terrain au conseil départemental — la collectivité chargée de construire et d’entretenir les collèges — songeait à l’implanter sur une partie du parc des sports de la Briqueterie. Un choix qui avait notamment été critiqué par Jean-Claude Oliva, élu d’opposition EELV à l’époque, car il impliquait d’artificialiser des sols du stade. Une autre idée avait alors émergé : celle de le construire sur le stade des Rigondes, doté de pelouses synthétiques, contre laquelle s’est finalement mobilisée la communauté éducative. « J’ai porté les deux projets, décrit Tony Di Martino, mais le meilleur moyen de trancher, c’est de demander leurs avis aux habitants ».
Les deux solutions seront donc proposées au vote. Celle qui obtiendra le plus de suffrages sera retenue par la mairie. Le terrain en question sera alors cédé au département en conseil municipal. Reste à savoir si les électeurs seront au rendez-vous. Lors d’une première votation citoyenne organisée en 2019 sur la gestion de l’eau, 887 personnes s’étaient déplacées. Cette fois-ci, le scrutin est ouvert à tous les habitants de plus de 16 ans, qu’ils soient inscrits ou non sur les listes électorales, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté éducative du collège qui milite pour sa reconstruction à la Briqueterie.
«Cette concertation est une blague»
« L’emplacement est plus central que les Rigondes, plus proche des infrastructures avec lesquelles on travaille comme le cinéma ou la médiathèque, souligne une enseignante. Le stade des Rigondes est en plus situé à la limite de Romainville et de Montreuil. Or, on sait qu’il y a des risques de tensions intercommunales entre collégiens dans le département. » Les parents d’élèves, eux, défendent aussi le choix de la Briqueterie. « C’est surtout par souci d’accessibilité. On fait confiance aux enseignants, ils savent ce qui est le mieux pour les élèves », note une représentante.
Jean-Claude Oliva, qui fait désormais partie de la majorité avec l’étiquette Ecolos solidaires, veut toujours protéger la Briqueterie. « Il reste peu d’espaces verts comme celui-ci à Bagnolet, il serait forcément réduit avec la construction du collège. En plus, c’est un lieu un peu mythique où on organise le feu d’artifice, Bajo Plage. Il y a plus de place aux Rigondes pour construire l’établissement et cela permettrait aussi de réhabiliter ce stade qui a besoin de travaux. » Une position qui irrite Raquel Garrido, élue d’opposition (LFI) à Bagnolet, qui reproche par ailleurs au maire de ne pas vouloir prendre de décision politique.
« Cette concertation est une blague ! Je ne comprends même pas comment la mairie peut envisager de faire cela aux Rigondes ! C’est un non-sens, le site est complètement excentré du centre-ville. Cela ne ferait qu’aggraver les problèmes de mixité sociale dans les collèges de Bagnolet. Plusieurs centaines d’enfants évitent les établissements de secteur pour aller dans le public à Paris ou dans le privé. Si en plus, ceux du centre-ville doivent marcher 30 minutes pour y accéder, cela amplifierait le phénomène », juge l’élue, qui militait pour une reconstruction sur site. Solution infaisable d’après la mairie qui promet que la parcelle de l’ancien collège ne sera pas vendue à des promoteurs immobiliers. Le nouvel établissement devrait de son côté ouvrir à l’horizon 2025-26.
Notre commentaire: Mme Garrido préfère faire marcher les enfants des quartiers populaires à qui le collège est destiné. En réalité, l’éloignement est tout relatif, car les deux emplacements sont à dix minutes à pied l’un de l’autre. L’évitement scolaire est massif aujourd’hui au collège Travail, pourtant « bien situé ». Il faut donc s’interroger sur d’autres questions comme le projet éducatif. La création d’une classe CHAD, par exemple, avait échoué il y a quelques années dans ce collège.
Mme Garrido joue l’éducation contre l’écologie, après avoir voulu se faire passer pour une écologiste pendant les élections municipales. Pourtant les enfants ont besoin aussi d’espaces verts, pas seulement de locaux scolaires. Enfin son refus de la participation des habitant.e.s aux décisions est à contre-sens de l’histoire (et des positions de la France Insoumise).