En introduction à la première séance de travail consacrée à la charte de l’arbre, Jean-Claude Oliva a rappelé les attentes de la municipalité ainsi que l’enjeu climatique autour de la COP26.
Depuis quelques années, il y a un véritable engouement de l’opinion publique en faveur de l’arbre, qu’on mesure au travers de la publication et du succès de nombreux livres, documentaires, etc., mais cela ne suffit pas pour préserver les arbres et assurer leur maintien et leur développement, en milieu urbain en particulier. Il faut partager des savoirs, des pratiques, des outils. C’est ce que nous souhaitons faire avec ce processus de charte de l’arbre.
Cela fait suite à l’engagement de la ville de Bagnolet en faveur de la forêt de Romainville ; en 2018, le conseil municipal s’était prononcé à l’unanimité contre la destruction de cette forêt urbaine unique en son genre par un projet de la région Île-de-France. Nous avons été nombreuses et nombreux à participer à cette lutte qui a abouti finalement à la protection durable de 20 hectares de cette forêt, via un protocole d’accord, signé entre la région et les associations Environnement 93 et Coordination EAU Île-de-France.
Naturellement ce premier engagement en faveur de l’arbre et plus généralement de la végétation en ville s’est retrouvé dans le programme de la liste Bagnolet écologique, solidaire et citoyenne, qui a été victorieuse aux dernières élections municipales.
Nous nous sommes aussi trouvé confrontés au tout début de notre mandat à la destruction d’un arbre remarquable par un aménageur et assez dépourvus, même si nous nous sommes efforcés de réagir fort et d’obtenir une compensation, forcément insatisfaisante. Ce qui n’a pas manqué de nous interroger sur nos moyens d’action.
Nous ne sommes pas seuls, bien sûr, et nous savons que nous pouvons nous appuyer sur les réflexions et les dispositifs d’autres collectivités : je pense notamment au plan canopée du département, aux évolutions prévues dans le PLUI d’Est Ensemble pour intégrer la préservation ds arbres, ou encore au travail pionnier effectué par la ville de Paris sur le permis de végétaliser, les forêts urbaines, etc.
En ce moment se déroule à Glasgow la COP 26 qui alerte sur la nécessité et l’urgence de réduire les émissions de CO2 pour éviter une catastrophe climatique mais qui ne parvient pas à prendre les décisions politiques à la hauteur de la situation. Nous assistons à la démonstration d’un échec collectif et organisé de nos États. Il existe heureusement d’autres approches comme celle diffusée en juillet dernier par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement qui s’intitule Travailler avec les plantes, les sols et l’eau pour rafraîchir le climat et réhydrater les paysages de la Terre. Pour analyser le changement climatique en cours, elle se concentre sur la baisse de l’évapotranspiration des plantes, en particulier suite à la déforestation, sur l’assèchement des sols et sur la perturbation du cycle de l’eau.
Sa conclusion est très claire : « Le rétablissement des cycles d’humidité atmosphérique et terrestre sur la végétation, sur les sols et dans l’atmosphère est de la plus haute importance pour refroidir la planète et sécuriser les régimes de précipitation dans le monde. L’assèchement des milieux naturels est le prix de l’échec. L’arrêt de la déforestation, l’augmentation de la reforestation et la mise en œuvre de pratiques agroforestières sont obligatoires si nous voulons réussir à éviter une catastrophe climatique. »
Si le GIEC n’envisage que les conséquences du changement climatique global sur le cycle de l’eau, le rapport publié par le PNUE est basé sur le cycle de la vapeur d’eau, issue de l’évapotranspiration (en particulier des forêts), sur son évolution en cas de changement de la couverture des sols (en particulier suite à la déforestation) et sur l’impact de cette évolution sur le climat. Il met en avant la circulation de la vapeur d’eau dans des « rivières volantes » sur de longues distances, qui contribuent aux précipitations sur les continents. D’autres études insistent sur les cycles locaux de l’eau qui jouent le rôle de pompes à pluies. Ainsi 70% des précipitations continentales proviennent de l’évapotranspiration et seulement 30% de l’évaporation en mer. Les déserts (zones sans végétation) qui ne bénéficient pas des précipitations alimentées par l’évapotranspiration, alternent fortes crues et sécheresses.
Et en ville, c’est encore pire, ce qui est désigné par l’expression d’îlot de chaleur urbain. Les surfaces minérales (donc sèches) stockent la chaleur au lieu de l’évacuer et n’alimentent pas l’atmosphère en vapeur d’eau, donc plus elles chauffent, plus les radiations solaires augmentent, les températures montent de façon exponentielle et on obtient des canicules ! Pour vous donner un exemple concret de ce phénomène, samedi matin à 7h, il faisait 3 à 4°c à Paris intra-muros, -1,4°c à Fontainebleau t -1,3°c à Achères. En période chaude, bien sûr, les écarts sont beaucoup plus élevés.
Notre processus de charte de l’arbre vise donc aussi à construire une réponse territoriale au changement climatique.