Trois jours après la démission d’Olivier Taravella, premier adjoint et adjoint aux finances, le conseil municipal a débattu du rapport d’orientation budgétaire (ROB). Voici l’intervention de Jean-Claude Oliva, pour les Ecolos solidaires.
Nous sommes ce soir dans une situation étrange avec la discussion d’un rapport d’orientation budgétaire dont le principal auteur vient de démissionner.
Je voudrais tout d’abord dire que cette démission nous affecte, bien sûr. Elle ne peut réjouir personne, ni dans la majorité, ni dans l’opposition. Depuis neuf ans, Olivier Taravella a œuvré pour redresser la situation financière de Bagnolet qui était critique à l’arrivée d’une nouvelle majorité en 2014, il faut bien se le rappeler. A ce titre, je voudrais le remercier sincèrement pour son engagement, son sérieux, sa compétence et aussi pour sa gentillesse. Ses compétences en matière budgétaire étaient un gage de sérieux et de crédibilité pour la ville de Bagnolet qui en avait bien besoin, vis à vis de tous ses interlocuteurs institutionnels et financiers.
Son départ, bien entendu, nous inquiète. C’est aussi une alerte très détaillée qui nous a été livrée sur la situation de notre ville et nous l’entendons. Si les responsabilités sont évidemment différentes selon que l’on soit dans la majorité ou dans l’opposition, cette situation appelle à sortir des postures convenues et à dialoguer de façon approfondie sur les problèmes rencontrés et les solutions à mettre en œuvre pour l’avenir de notre ville qui nous tient tous et toutes à cœur.
Ceci étant dit, j’en viens à présent au ROB lui-même. La première partie donne des éléments de contexte national ; nous étions plutôt habitués à une présentation neutre, ce n’est pas le cas cette fois-ci et nous nous en réjouissons. Une analyse clairement critique des mesures du gouvernement est proposée. Elle montre d’une façon précise comment la politique des cadeaux fiscaux du gouvernement aux plus riches empêche le redressement des finances publiques depuis 2017. J’invite les citoyens qui assistent au conseil municipal, ici à l’hôtel de ville ou via le web, à lire cette présentation très éclairante qui mériterait une publication grand public.
Il faut noter dans le contexte général, les incertitudes liées à l’inflation qui pèsent notamment via les dépenses énergétiques. Et la revalorisation du SMIC et d’autres mesures salariales (que nous soutenons, bien sûr) ; ces mesures touchent toutes les collectivités (par exemple, à Est Ensemble, cela représente 0,9 M €) mais elles pèsent bien davantage sur une ville déjà fragilisée financièrement comme Bagnolet.
L’attention est attirée sur la maîtrise de la masse salariale. Il s’agit d’adapter la masse salariale aux objectifs de service public fixés par la municipalité. « La masse salariale de la commune est aujourd’hui trop élevée au regard du périmètre du service public », indique le ROB. Il ne s’agit pas de réduire le périmètre du service public. Cela ne résoudrait rien car il faudrait reclasser ces personnels et l’expérience montre que c’est très long à Bagnolet : on n’aurait plus l’activité (qu’il faudrait payer à un prestataire extérieur) mais on continuerait à payer ces salaires… La difficulté de fond, c’est que nous avons à la fois une masse salariale trop importante et des services publics qui peinent à réaliser leurs missions et dont la population bagnoletaise est insatisfaite. On l’a vu pour la restauration scolaire avec l’intervention des parents en début du conseil municipal. Ce constat ressortait déjà des auditions des élu.e.s, de l’administration et des syndicats, réalisées en 2021 par le bureau d’études Talisker dans une mission sur des Etats généraux du service public à Bagnolet.
Avec les revalorisations prévues, la masse salariale progressera encore cette année, ce qui n’est pas satisfaisant. La réorganisation des services en cours devrait permettre de réaliser des économies mais il faudrait se donner des objectifs chiffrés et précis (comme le fait, par exemple, Est Ensemble qui les chiffre à 1,5 M€). La réorganisation doit aussi répondre à une situation de personnel « en souffrance », « une administration communale structurellement dysfonctionnelle » également pointée par la mission Talisker. Bien entendu, ce constat n’enlève rien au sens du service public et à l’engagement de très nombreux agents.
Pour répondre à la fois aux difficultés financières de la ville, mais aussi aux difficultés du personnel et à l’insatisfaction de la population, il faut une volonté politique forte qui s’appuie sur le personnel et sur la population pour obtenir le redressement que nous souhaitons tous. Ce qui me fait revenir à ma proposition d’Etats Généraux du service public local. Il ne s’agit pas d’une recette miracle pour le budget mais de construire une réponse politique aux difficultés financières de la ville. C’est plus nécessaire et urgent que jamais !