Pour les prochaines élections municipales, le PCF et le PS appellent à s’unir contre le RN qui n’existe pas à Bagnolet et ignorent les pratiques toxiques du maire actuel.
Dans une déclaration datée du 25 novembre, le PCF de Bagnolet alerte sur le danger de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en 2027. Ce danger est bien réel. Face à ce danger, la gauche et les écologistes doivent s’unir, poursuit le texte. Cela peut s’entendre. Et donc le PCF de Bagnolet promeut l’union pour les présidentielles et un processus pour y arriver? Que nenni, ce sont des municipales et uniquement des municipales dont parle le PCF de Bagnolet.
L’instrumentalisation électorale du RN
Pourtant il n’y a aucun danger de la part du RN à Bagnolet. Très probablement, il n’y aura pas de liste RN dans notre ville. Et, sans doute, pas non plus de liste de droite. C’est donc l’union à géométrie variable, union contre le RN quand il n’y a pas de danger et pas d’union quand il y a vraiment danger. Instrumentaliser le RN, la peur légitime qu’il suscite, pour des objectifs électoralistes est une tradition ancienne chez une partie de la gauche, inaugurée, il y a bien longtemps, par François Mitterrand et rejouée depuis, d’élection en élection. On ne peut pas dire que cela contribue à faire reculer le RN, bien au contraire. Car le RN se nourrit d’abord de l’abstention et de la dépolitisation.
La réponse du PS de Bagnolet au PCF de Bagnolet est éclairante à ce sujet: « Bagnolet est une ville à part. C’est un havre de solidarité, d’entraide et de progrès social« . Circulez, il n’y a rien à voir. Tout va bien à Bagnolet. Ne discutons surtout pas des questions concrètes qui préoccupent la population comme l’absence de propreté ou la dégradation du logement social, ne discutons surtout pas de l’exercice calamiteux du pouvoir par Tony Di Martino pendant ses deux mandats, tous unis contre le RN! Alors que les élections municipales sont le moment de débattre de la situation de la ville et de ses habitant.es, dans la proximité, le PCF et le PS préfèrent regarder ailleurs.
Nous savons tous.tes que Bagnolet n’est pas une ville à part. Les discriminations sociales, le racisme, le sexisme, la misère sont bien présents dans tous les quartiers. Ces fléaux sont renforcés par l’absence d’écoute, de réponse, de dialogue de la part du maire actuel. Ce mépris conduit au rejet de la politique par les couches populaires, et finalement à l’abstention. C’est malheureusement le même mépris pour les électeurs.rices qui transpire des appels du PCF et du PS de Bagnolet à enjamber les enjeux politiques locaux des élections municipales.
Bien connues des militant.es, des élu.es, comme des agent.es de la ville et de la population, les dérives du maire actuel sont considérées parfois avec indulgence. Il est vrai que les institutions de la Ve république donnent beaucoup de pouvoir au maire au niveau local comme au président de la république au niveau national. A cette aune, l’abus de pouvoir pourrait presque sembler normal. La gauche, PS comme PCF, a perdu de nombreuses villes pour avoir fermé les yeux sur des cas avérés d’autoritarisme, d’incompétence, de corruption, etc., et soutenu bien trop longtemps des despotes locaux. C’est comme cela que le RN est arrivé au pouvoir à Hénin-Beaumont et la pente est bien difficile à remonter après (Lire le récit de Marine Tondelier, Nouvelles du Front, Editions les liens qui libèrent).
Soutenir ce genre d’individus et leurs méthodes, c’est jeter un discrédit sur la volonté de changement et les valeurs humanistes des gauches et des écologistes et sur celles et ceux qui les portent. C’est se discréditer soi-même.
L’unité et la clarté
En septembre dernier, les Ecolos solidaires ont lancé un appel à l’unité des gauches et des écologistes, dès le premier tour, pour … tourner la page du maire actuel et arrêter les dégâts pour Bagnolet et ses habitant.es (Lire ici Tous.tes Bagnolet). Mais cette unité là, avec un objectif politique exigeant, n’a pas reçu de réponse de la part du PCF de Bagnolet. Cela signifie, on ne peut plus clairement, que l’union à laquelle aspire le PCF de Bagnolet est la prolongation du maire sortant, moyennant un grand nombre de sièges au conseil municipal pour le PCF. L’appel du PCF vise surtout à faire monter les enchères avec le PS. Après des décennies d’affrontements, PCF et PS semblent prêts à s’arranger pour préserver leurs positions respectives…
A l’inverse, les Ecolos solidaires ont reçu de la part d’Edouard Denouel l’assurance claire d’un autre avenir pour Bagnolet que la stagnation avec le maire sortant. Cela a permis notre engagement dans Bagnolet collectif (Lire ici En mouvement avec Bagnolet Collectif). Depuis, lors de la réunion publique du 16 décembre, devant 150 personnes, Edouard Denouel a repris cet engagement : pas d’alliance avec Tony Di Martino ni au premier, ni au second, ni au troisième tour! Il s’agit de (re)prendre le pouvoir pour le partager, selon la belle formule du réseau actions communes.