Notre article sur le dernier conseil municipal (Fin de règne – à lire ici) a suscité une réaction des élu.e.s communistes de Bagnolet (exprimée sur les réseaux sociaux). En essayant d’éviter les polémiques stériles, voici quelques éléments complémentaires pour essayer de clarifier la situation politique locale à quelques mois des élections municipales de 2026.
Tout d’abord, il faut relever quelques arguments factuellement inexacts. Les élues communistes affirment que j’ai voté (avec mon groupe, sic) le compte administratif 2024. Ce n’est pas le cas. Cette année le compte administratif est devenu le compte financier unique (CFU). Notre groupe s’est abstenu. Lire ici l’intervention d’Hamid Chair : opacités et incohérences dans les données budgétaires 2024. Nous n’avons pas voté contre car cela aurait signifié une remise en cause des compétences ou de la probité du personnel du trésor public ou de la direction des finances de la ville.
Il est affirmé également que « les écolos solidaires en 2020 ont opportunément quitté l’opposition pour rejoindre la majorité PS« . Ce n’est pas le cas. Le collectif citoyen Ecolos solidaires s’est constitué en décembre 2019. Lire ici son manifeste: lettre ouverte aux écologistes et aux citoyen.ne.s engagé.e.s à gauche. C’est un nouveau groupe qui n’existait pas auparavant, pendant le mandat débuté en 2014. Sur les six écolos solidaires élu.e.s en 2020, un seul était précédemment élu dans l’opposition, moi en l’occurrence. Des deux élus de la liste citoyenne de Mireille Ferri, un seul s’est représenté en 2020. Les deux sont restés dans l’opposition jusqu’au bout du mandat en 2020.
Dans un autre message des collègues communistes sur les réseaux sociaux, s’adressant, cette fois, à Edouard Denouel, il est indiqué que je m’accroche à mes délégations. C’est doublement inexact. A titre personnel, je n’ai pas de délégation à Bagnolet. Si on parle des adjointes de notre groupe, elles ont vu leurs délégation (et leurs indemnités) retirées dès lendemain du vote contre le budget, le 3 avril. Je reviendrai plus loin sur le sens du vote sur les titres d’adjointes au conseil municipal du 26 juin.
Au delà de ces inexactitudes, venons-en aux points plus fondamentaux qui méritent débat.
Contrairement à ce qu’affirment les camarades communistes, nous assumons pleinement notre alliance en 2020 avec Tony Di Martino dès le premier tour. C’est ce qui a permis la création de la régie publique de l’eau et de l’assainissement d’Est Ensemble. Avec le soutien de Tony Di Martino, j’ai été élu Vice-président d’Est Ensemble, chargé de l’eau et de l’assainissement. Au départ, le Président Patrice Bessac n’était pas convaincu du choix de créer une régie publique, il ne s’en cache d’ailleurs pas. Il a fallu auditionner des experts de la gestion publique de l’eau qui ont démonté les rapports des bureaux d’études, favorables au privé. Avec Patrice, nous avons beaucoup discuté et beaucoup travaillé, ensemble et avec tous les groupes politiques du territoire. Nous avons aussi conduit de longues négociations avec le SEDIF. Au final, début 2022, nous sommes arrivés à la décision politique unanime de créer la régie publique. La régie publique est opérationnelle depuis janvier 2024; il y a quelques jours, j’ai pu présenter un bilan très satisfaisant de la première année de la régie au Conseil de territoire. Lire ici : Retour sur la première année de l’eau publique à Est Ensemble. Outre la création de la régie, il y a également d’autres raisons à notre alliance avec Tony Di Martino en 2020, que vous pouvez retrouver dans la première partie de mon intervention au conseil municipal du 3 avril, pour expliquer notre vote contre le budget. Lire ici : Budget c’est non et il y a de bonnes raisons.
Le vote au conseil municipal sur le retrait des titres d’adjointes et sur leur remplacement dans les conseils d’école et d’autres organismes s’est traduit par une déroute pour le maire qui a perdu 11 votes d’affilée, un record sans doute. Lire ici : 11-0, le maire battu à plates coutures au conseil municipal. L’opposition PCF et BIC s’est abstenue sur tous ces votes (à l’exception de Pierre Vionnet). Les élu.e.s communistes expliquent que nos élues auraient du démissionner d’elles-mêmes, vu qu’elles avaient voté contre le budget, et que de toute façon, leur vote ne changeait rien, car le rejet des délibérations était acquis. Sur le premier point, notre choix politique, plutôt que de démissionner, a été de résister et de mettre en évidence la faiblesse du maire qui n’a, en réalité, plus de majorité. Sur le second point, il ne s’agit pas d’une question d’arithmétique mais du sens politique du vote. Il y aurait eu un symbole fort à un vote commun. Cela aurait marqué une séparation nette entre le maire et toutes les autres forces de gauche.
Selon les élu.e.s communistes, notre groupe aurait soutenu la politique menée pendant six ans, en approuvant tout, sans rien dire, sans porter de critiques. Pourtant nous avons lancé de très nombreux signaux d’alerte et nous en avons payé le prix fort, par exemple, avec les retraits de délégations successifs infligés à Edith Félix pour l’expression publique de ses opinions. Nous avons très souvent débattu publiquement sur des sujets concrets, sur ce qui était positif et sur ce qui ne l’était pas, par exemple, sur la réfection à l’identique de l’impasse de la Dhuys qui s’est révélée néfaste pour les habitant.e.s en provoquant des inondations, sur la réfection de la rue Graindorge encore trop imperméabilisée et minérale à notre avis, ou encore sur la rue Raoul Berton où nous aurions pu mener des actions supplémentaires pour les eaux de pluie… Nous avons critiqué le « chaos urbain » de l’avenue Galliéni, nous avons combattu des projets bétonnants comme le projet de tour de coliving à l’emplacement de Babou, nous avons soutenu les commerçants du marché à la ferraille, etc, etc.
Il suffit de parcourir le blog des Ecolos solidaires pour constater que nous sommes intervenus de façon critique tout au long du mandat et que nous faisons de nombreuses propositions qui contribuent à dessiner un programme pour le prochain mandat.
Selon les camarades communistes, « virer Di Martino » serait notre seul programme et nous leur demanderions de se ranger derrière nous. Comme toutes les forces politiques en ce moment, nous travaillons sur le programme municipal pour le prochain mandat. Nous avons travaillé en atelier sur la propreté urbaine et rendue publique une série de propositions à ce sujet. Nous souhaitons prendre à bras le corps la crise du service public communal avec des Etats généraux, associant les agent.e.s et les habitant.e.s dont il faut entendre les attentes. Quand nous avons rencontré la direction du PCF de Bagnolet après la constitution de « En mouvement pour 2026 », nous avons fait part de notre analyse de la situation de la municipalité, de questions politiques concernant le service public et le logement social, de notre stratégie pour les municipales et les têtes de file que nous envisagions. Nous avons eu un échange intéressant sur les premiers points mais on nous a renvoyé à plus tard, d’abord après la conférence de section (mars 2025) puis la fête de l’Huma (septembre 2025) sur les questions de stratégie électorale. Nous regrettons que le temps passe et que rien ne vienne…
Avec des nuances, toutes les élu.es du conseil municipal se réclament des valeurs de gauche, de solidarité et d’écologie, de citoyenneté. La majorité des délibérations sont d’ailleurs votées à l’unanimité… Il y a cependant une grande diversité avec de nombreux groupes et sous-groupes. Le problème viendrait-il d’une « majorité composite et instable« ? A notre avis, cette diversité va continuer à exister et elle n’est pas un problème en soi. Pour éviter l’instabilité et le chaos, il faut un travail collectif dont le maire actuel est incapable. Ce ne sont pas les différences politiques qui posent problème, il n’y a pas de gauches irréconciliables, mais les pratiques du maire. C’est pour cela qu’il faut le remplacer.
Pour conclure, nous restons disponibles, avec les communistes comme avec toutes les autres forces politiques de gauche et écologistes de la ville, pour échanger sur le fond et préparer une alternative commune en vue des élections municipales de mars 2026. Nous souhaitons un dialogue serein avec toutes les composantes de la gauche et des écologistes. Programme, stratégie d’alliances, composition de la liste, tête de liste, le débat est ouvert sur toutes les questions, tout peut se discuter, il n’y a pas d’exclusive de notre part. Bien évidemment, nous ne nous retrouverons pas derrière le maire actuel, ni au premier, ni au second tour et nous souhaitons que chaque force politique se détermine en toute clarté et publiquement sur ce point. Le temps presse.