L’indispensable solidarité après l’incendie

Mardi 21 janvier à l’aube, le marché à la ferraille est parti en fumée. C’est dramatique pour les dizaines de  commerçants et leurs familles qui en vivaient. Nous ne pouvons pas être indifférents à leur sort. C’est aussi là que se joue l’avenir de Bagnolet.

Mise à jour: les commerçants du marché à la ferraille vont pouvoir s’installer dès samedi 25 janvier aux Puces de Montreuil. La ville de Paris a accepté de les accueillir à titre provisoire.

Le marché à la ferraille situé au 133-135 avenue Galliéni à Bagnolet a presque entièrement brûlé, laissant ses commerçants complètement démunis. Ce marché est spécialisé dans la vente de l’outillage de seconde main. Comme les Puces de Montreuil dont il a longtemps constitué l’extrémité, son origine remonte à la moitié du XIXe siècle.

Installé le long du périphérique, il a déménagé en 2018 vers son emplacement actuel, pour laisser la place à des immeubles de bureaux. Enfin c’est ce qui était prévu. En fait, c’est une résidence étudiante, un café coworking et un centre de santé qui devraient se dresser sur ces lieux. Voir ici le projet actuel: la lanterne de Bagnolet. Ce qui illustre au passage la difficulté de maintenir une activité économique et de l’emploi dans notre ville… Lire ici : Vers le retour d’activités économiques et d’emplois au Centre Sud.

Le “nouveau départ” de 2018

Le déménagement de 2018, accompagné par la municipalité, devait constituer un nouveau départ, comme en témoigne à l’époque un article du Parisien « Ce marché est unique en Île-de-France. On veut lui redonner toute son âme », commente Cédric Pape, l’adjoint au maire (PS) en charge du commerce et du développement économique. Pour ce faire, la municipalité entend l’ouvrir à d’autres publics et pas seulement aux bricolos adeptes du lieu (…) derrière le déménagement, il y a aussi l’idée de redorer l’image d’un marché à la mauvaise réputation. Saleté, problèmes de stationnement, bruit… « On veut démontrer que ce marché n’est pas une nuisance, bien au contraire », appuie Cédric Pape. Lire l’article du Parisien, “Bagnolet : le marché à la ferraille s’offre un nouveau départ”

Mais ce sont ces mêmes problèmes qui serviront de raisons au Maire pour décider de la fermeture du marché à partir de 2023. Deux éléments de contexte pèsent fortement: les crispations autour du projet de réhabilitation de la porte de Montreuil d’une part. Et l’intérêt pour la ville de Bagnolet, en situation financière tendue, de vendre le terrain sur lequel est implanté le marché à la ferraille, d’autre part.

Pourtant le projet de la Porte de Montreuil a été revu et un consensus a été trouvé pour garder les Puces, dans un cadre réhabilité, avec de la végétation, des toilettes pour les clients (ce n’est pas un détail). Les travaux préparatoires viennent d’ailleurs de commencer (lire ici).

De leur côté, les commerçants du marché à la ferraille ont fait bien des efforts. Ils ont eux-mêmes organisé et financé le nettoyage et l’enlèvement des encombrants à l’issue du marché. Ils ont mis aussi sur un compte séquestre la location due à la ville (mais non perçue depuis deux ans que la fermeture avait été décidée). Le paradoxe est que ce marché promis à la fermeture était aussi le seul à être bénéficiaire à Bagnolet…

Quel avenir pour Bagnolet?

Bien sûr, nous comprenons et nous soutenons les nécessités de la requalification urbaine de ce quartier. La ville se reconstruit en permanence sur elle-même. Mais si elle pouvait ne pas ensevelir ses premiers de cordée, qui se se sentent méprisés et ignorés, comme en témoigne l’article d’Actu.fr, il y a un an. « Depuis leurs baies vitrées, les gens qui travaillent dans les bureaux n’ont pas envie d’avoir une vue sur nous », interprète sans détour Marouan Bouguila, actif sur le marché depuis 20 ans. « Ces bureaux high tech qui nous narguent, c’est la même histoire depuis longtemps, comme pour les Halles de Paris, renifle dédaigneusement Jacky, une casquette de Titi enfoncée sur le crâne. On exclut le peuple, l’espace appartient au monde de l’argent ». Lire l’article d’ActuParis : Menacé de fermeture, le marché à la ferraille de Bagnolet tente de résister face “aux bureaux high-tech”.

En tant qu’Ecologistes solidaires, nous pensons aussi que ce marché à la ferraille a un rôle crucial à jouer dans l’avenir de notre ville. Il s’agit d’une activité de recyclage, on ne peut plus utile. Il y a aussi une dimension sociale forte: le marché fait vivre quarante familles et permet à des centaines d’autres de se fournir en outils et matériaux divers à bas prix. Nous ne pouvons nous résigner à la fermeture définitive de ce marché, après la fermeture (provisoire?) de la recyclerie de La Noue… La ville de Bagnolet est redevable de ces expériences certes difficiles, ce sont des graines d’avenir.

Nous avons toujours plaidé pour le dialogue avec les commerçants. Dans ces circonstances difficiles, il est plus que jamais nécessaire et la solidarité qui fait la force de notre ville dit-on, doit  jouer à plein.

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