Un journaliste du “Financial Times a arpenté les rues de Bagnolet au lendemain d’une nuit de violences urbaines et semble presque déçu de retrouver la vie quotidienne de notre ville. S’il pointe le comportement discriminatoire des forces de l’ordre envers les jeunes racisés, il est muet sur les injustices et les inégalités qui minent les quartiers populaires. Article publié par Courrier international
“Samedi dernier, je suis allé à Bagnolet, dans l’Est parisien, pour voir les émeutes”, raconte ce journaliste du quotidien britannique Financial Times. La veille, un mur du commissariat avait brûlé, dans une de ces nuits de violence qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre. Avec quelque 35 000 habitants, la ville qui jouxte la capitale est “un véritable creuset de différentes nationalités”.
“On aurait pu penser y trouver l’épicentre des tensions qui ont conduit aux explosions de violence, poursuit le Financial Times. Mais samedi, je n’ai pas vu une seule échauffourée.”
La ville n’offrait alors que des scènes de la vie quotidienne. Seule la présence d’un vigile devant un kebab sortait de l’ordinaire. “Évidemment, ces émeutes ont fait de sérieux dégâts. Évidemment, les banlieues sont agitées”, reprend le journaliste, mais ces quartiers débordent aussi d’espoir.
Pour le voir, il suffit de ne pas s’arrêter aux seules vidéos des violences qui ont été commises. Regarder l’âge des individus impliqués d’abord, souvent très jeunes, loin de représenter l’intégralité de la population. Constater l’attitude de nombreux parents aussi, qui se sont organisés pour tenter de calmer la colère et protéger les écoles.
“La plupart des banlieues vont mieux”, ajoute le Financial Times. Les taux d’homicides et de chômage ont chuté. Les discriminations, qui persistent, diminuent aussi. “Outre la question des violences policières, la périphérie de Paris devrait continuer sur cette lancée.”
C’est le sujet qui continue d’attiser le ressentiment : les jeunes perçus comme noirs ou arabes ont plus de chance de subir des contrôles d’identité répétés de la part des forces de l’ordre. Les termes de “vermines” et de “hordes de sauvages” employés par certains syndicats de police n’illustrent que trop bien la situation.
“Le moyen le plus rapide d’améliorer les relations entre la police et les jeunes de banlieue serait d’interdire les contrôles d’identité, perçus comme des provocations”, selon le journaliste.