Le conseil municipal du 9 juin a adopté à l’unanimité (et avec les félicitations de l’opposition) le plan vélo. Lire l’intervention d’Edith Félix, maire adjointe chargée des transports, des mobilités, du code de la rue, de la voirie et de l’eau dans la ville. Lien vers la vidéo du conseil municipal.
C’est un moment un peu solennel que cette présentation tant attendue du Plan Vélo de Bagnolet.
Tout d’abord, je souhaite rappeler que cette délibération concerne tout le monde, et pas seulement les cyclistes. En effet, la transition des modes de déplacements bénéficie à l’ensemble des membres de la collectivité.
Pour des raisons de santé : Les seuils de pollution prescrits par l’Organisation Mondiale de la Santé sont dépassés largement autour de nos autoroutes urbaines et, en l’occurrence, de l’échangeur de Bagnolet. Les mobilités actives offrent une alternative non polluantes.
Pour des raisons d’écologie : Cette tendance s’inscrit dans le contexte de crise climatique et la nécessité d’une transition vers des mobilités plus sobres en énergie.
Pour des raisons d’efficacité : Dans des métropoles aux voies sur-saturées, la réduction de taille des engins de mobilités est une réponse adaptée : là où circule une automobile, avec le plus souvent une seule personne à bord, dix vélos circulent.
Pour un choix de société : alors que la voiture isole de facto dans une bulle privée, rouler à vélo, c’est croiser le regard des autres, saluer les amis qu’on voit dans les cafés, c’est faire société.
D’autres raisons incitent celles et ceux qui le peuvent à adopter le vélo :
Pour des raisons d’économie : Les usagers l’ont saisi ; la voiture individuelle n’est pas la solution préférable dans un contexte de forte hausse des prix des carburants, et de saturation des circulations qui rallongent les journées de travail et obligent à organiser la garde des enfants; dans nos rues, le trafic routier est en baisse continue depuis plus de quinze ans.
Pour des petits itinéraires en ville, le temps de parcours est bien souvent inférieur à vélo qu’en voiture. La circulation à cycles est plus fluide.
Pour des raisons d’opportunité : Les habitant.e.s de Bagnolet sont peu motorisé.e.s, et extrêmement utilisateur.trice.s et dépendant.e.s des lignes de bus. La crise du COVID-19, avec une réduction de la fréquence des lignes, a montré des limites au « contrat » entre l’autorité organisatrice des transports et l’usager. Certains usagers préfèrent désormais être autonomes et construire un itinéraire multi-modal en utilisant le vélo pour rejoindre un autre pole de mobilité lourde / ferrée.
Après cet important préambule sur les raisons d’être du Plan Vélo qui fondent son intérêt général, il faut souligner qu’il repose dès sa conception sur la participation du plus grand nombre.
Je dois saluer les individus, les associations, et les professionnels qui se sont investis et s’investissent toujours pour faciliter l’accès au vélo. Ces acteurs ont été pour beaucoup une grande ressource pour élaborer ce plan vélo au travers du Comité Vélo Mobilités Douces, accessible à toutes et tous les usager.e.s des mobilités actives, piétons, Personnes à Mobilité Réduite, cyclistes et autres, ainsi qu’à travers les différentes rencontres et manifestations, comme le Pôle Mobilité du Forum des Associations en 2021, ou les stands de consultation des usager.e.s tenus par Paris en Selle Bagnolet, et le concours du plus beau mollet de Bagnolet lors de la journée sans voiture pendant la semaine européenne de la Mobilité en septembre 2022.
En effet, la première finalité du plan vélo, l’augmentation de la part modale vélo, c’est-à-dire la part des déplacements réalisés à vélo, cet objectif, donc, ne sera possible possible qu’avec le plus grand nombre d’entre vous. Elle est aujourd’hui estimée entre 4 et 5 % à Bagnolet; la loi LOM de 2019 enjoint de la porter à 9% en 2024, 12% en 2030.
Enfin, un plan vélo, qu’est-ce que c’est au juste ? Le Plan Vélo est un terme générique qui englobe l’ensemble des outils de programmation et de planification qui permettent de définir les actions à mettre en place à court, moyen et long terme pour améliorer et encourager la pratique cyclable. On parle également de schéma directeur cyclable, dont l’objet est de programmer les investissements dans un plan pluriannuel. Certaines institutions qui co-financent les plans vélo des collectivités conditionnent l’octroi de subventions à l’existence d’un schéma directeur cyclable et d’un plan triennal approuvé par délibération.
Ce document est donc à la fois stratégique en interne, et nécessaire à prouver la volonté de la ville d’investir pour l’augmentation de la part modale vélo.
La politique du plan vélo s’articule autour de 8 grandes orientations
1 – Communiquer et animer pour promouvoir les modes actifs et doux. J’ai déjà parlé plus haut de diverses manifestations en lien avec le vélo. L’on ne communique jamais assez. Savez-vous que la vitesse de circulation est limitée à 30 km/h sur l’ensemble de la ville ? Savez-vous que, par conséquent, sauf arrêté contraire, la circulation des vélos est autorisée en double-sens sur l’ensemble des voies, en particulier, bien sûr sur les rues à sens unique pour la circulation automobile ? Savez-vous que les petits panneaux triangulaires M12 autorisent aux cyclistes le franchissement des feux de circulation dans les directions indiquées dans la mesure où les cyclistes restent attentifs et responsables de leur sécurité ?
2 – Favoriser l’apprentissage du vélo comme mode de déplacement au quotidien.
C’est un axe extrêmement important pour les générations à venir. L’accent est mis sur les enfants. Le programme Savoir Rouler à Vélo élaboré conjointement par plusieurs ministères sera mis en œuvre par l’Éducation Nationale, avec l’appui de la ville pour organiser les infrastructures.
Deux vélo-écoles associatives sont également actives à Bagnolet, qui accueillent tous les ages et tous les genres. Là encore, c’est important de conforter les femmes de prendre leur place dans l’espace public : elles sont notamment davantage victimes d’emportiérage que les hommes.
3 – Réaliser des aménagements cyclables sécurisés dans un schéma de circulation apaisé. Je développe cet aspect plus bas.
4 – Déployer des lieux de stationnement vélo plus nombreux, mieux dédiés et plus sécurisés (consignes, boxes), pour tous les usages cyclables (pendulaire, quotidien, loisirs).
5 – Soutenir les services, bourses à vélo, recycleries, vente professionnelle de vélo neufs et d’occasion, ateliers de réparation et d’autoréparation, réparation itinérantes, etc. –
Le tissu associatif bagnoletais est actif, avec notamment Temps libre qui anime des bourses à vélo, ateliers d’auto-réparation, vélo-école à la cour carrée du Parc Départemental Jean Moulin Les Guilands, et La Sardine bleue, actuellement hébergée temporairement à l’hyperlieu sous la dalle Thorez, qui propose les mêmes animations.
Concernant les services, il faut prévoir aussi à long terme de Renforcer l’offre de location de vélo courte durée (nombre de stations Vélib’, part de Vélos à Assistance Electrique).
6 – Organiser l’action municipale pour une ville engagée vers les mobilités actives et douces. Indemnité kilométrique vélo pour les agents de la ville, transformation du parc des véhicules municipaux vers les mobilités douces, sanctuarisation d’heures de travail dans différentes directions concernées pour l’application de la politique du Plan vélo… Veiller à un meilleur entretien des équipements, des chaussées et des signalisations cyclables.
7 – S’orienter vers un partage plus équilibré de la voirie pour les vélos et les piétons par rapport aux véhicules motorisés et à l’espace dédié au stationnement avec un renforcement de son contrôle.
8 – Évaluer la politique cyclable avec un suivi de différents indicateurs des usages et des actions entreprises par la ville, constituer une base de données de connaissances (SIG) du réseau cyclable.
Pour les aménagements, un diagnostic minutieux et des recommandations ont été élaborées par le prestataire qui a accompagné la ville, la société COVADIS. Je veux préciser les principes d’aménagement qui ont été suivis.
Aller vers un plan de circulation et de hiérarchisations plus favorable et incitatif pour les modes doux, les circulations locales et les transports publics en lien avec la baisse des trafics routiers, notamment de transit. Cet enjeu est développé en cohérence avec la politique de stationnement et les plans de circulation qui sont parallèlement mis en place sur la ville.
Développer des itinéraires cyclables traversants, continus et sécurisés, sur le territoire et en connexion avec l’extérieur.
Déployer des aménagements cyclables plus sécurisés et cohérents avec les fortes pentes de Bagnolet.
Veiller à un meilleur entretien des équipements, des chaussées et des signalisations cyclables.
– S’engager dans une vraie ville à 30km/h : Le réaménagement de l’existant et l’application systématique d’aménagements cyclables réglementaires plus sécuritaires reposant en partie sur les recommandations du PLM d’Est Ensemble (Limitations signalées, aménagements cyclables, sens uniques, quartiers en Zones 30).
S’impliquer en 1er lieu sur les axes et carrefours les plus insécuritaires pour les vélos. Un travail de collaboration et d’articulation avec le Département doit être mené.
Renforcer, homogénéiser, mettre en conformité, les signalisations cyclables horizontales et de police (marquages réglementaires pistes et bandes, pictos vélos, sas, panneaux de police…)
Développer plus systématiquement les doubles sens cyclables sur les voies le permettant, dans une ville passée à 30km/h.
Dès 2023, l’accent est mis sur les carrefours les plus dangereux et la mise en cohérence des double-sens cyclables les plus empruntés. Vous avez peut-être identifié les marquages réalisés dans la partie haute de la rue Jules Ferry. Une nouvelle carte de l’état des aménagements cyclables actuels sera publiée.
Les projets d’aménagement sont phasés selon les objectifs. Deux autres cartes indiquent les projets d’aménagement à court terme puis à moyen terme .
Concernant les moyens planifiés par la ville pour déployer sa politique, pour l’investissement, 200.000 € sont planifiés au Plan Pluriannuel d’Investissement à partir de 2024. Il faudra y ajouter des budgets de fonctionnement, comme le soutien aux services de location courte durée et notre abonnement au syndicat Vélib’, des heures de travail des agents de la ville pour mettre en selle ces politiques, l’indemnité kilométrique vélo en faveur des agents, des budgets pour la communication ou l’animation, pour l’entretien de la voirie, etc.
Encore une fois, le plan vélo, pour son accomplissement, requerra la participation de toutes et tous.