A l’occasion de son anniversaire (sic), il y a quelques jours, Gilles Amar, le berger des Malassis, a publié une longue lettre adressée au Maire et aux groupes de la majorité municipale pour leur demander un rendez-vous et …dire tout le mal qu’il pense d’eux! Quelques éléments pour ne pas devenir chèvre.
Si on ne se formalise pas de cette demande de rendez-vous cavalière (ou caprine?) on note cependant que depuis le début de l’année 2021, trois réunions se sont déjà tenues avec le Maire, les groupes de la majorité municipale, le berger et les autres partenaires du projet de reconstruction de l’école maternelle Pêche d’Or, d’une crèche, d’un centre de loisirs, d’un nouvel espace vert public et de la bergerie aux Malassis. D’autres réunions sont prévues pour améliorer encore le projet d’ici au dépôt du permis de construire à la fin du premier trimestre. Dans ce processus, Gilles Amar est considéré comme un des principaux acteurs, associé à part entière aux discussions et au projet. Sans exclusive non plus, car il y a d’autres acteurs, la communauté éducative notamment. Est-ce un problème?
Des points d’accord essentiels
La construction de deux immeubles de logements privés, prévue au départ sur la parcelle, a été abandonnée. Cela résulte de l’action de Gilles Amar certes, mais pas seulement. Bien d’autres forces et personnes y ont contribué. Au final, l’abandon de ces constructions a fait partie de l’accord conclu et du programme de Bagnolet écologique et solidaire. Et bien entendu, ce programme choisi par les électeur.rice.s est maintenant mis en œuvre.
L’idée de développer un « écosystème » associant l’école maternelle et la bergerie fait consensus à présent. Gilles Amar souhaite que les enfants puissent se trouver facilement au contact des animaux, la directrice de l’école maternelle aussi. Il a été proposé en conséquence que la nouvelle école maternelle et la bergerie soient contigües.
La municipalité reconnait volontiers l’intérêt de l’expérience menée par Gilles Amar avec la bergerie aux Malassis. Nous en sommes tou.te.s convaincu.e.s et Gilles Amar reçoit un soutien réel depuis plusieurs années avec un financement pour des prestations à réaliser dans les espaces verts à proximité. Le projet prévoit de conserver une surface de 1500 m2 pour la bergerie, ce qui correspond à la surface actuelle. Mais surtout le nouveau projet permettra de passer un cap crucial et de pérenniser la bergerie qui, jusqu’à présent, est dans une situation précaire. C’est une sortie par le haut. Une victoire pour tou.te.s et surtout pour l’écologie populaire.
La préoccupation de préserver au maximum les arbres présents sur le site est aussi partagée par tou.te.s. Ce qui a conduit à modifier le projet. Un large parvis est maintenant envisagé devant l’école pour conserver les arbres existants le long de la rue. Le bâtiment serait en retrait par rapport à la rue. Néanmoins des arbres seront abattus pour la nouvelle construction, cela sera compensé par de nouvelles plantations sur le site. L’idée d’un verger dans la partie publique a également été avancée.
Les points de blocage
Au travers de sa lettre et de ses différentes interventions, on voit que Gilles Amar souhaite maximiser la bergerie et minimiser les autres équipements, en particulier l’école. Cela peut se comprendre tant son projet lui tient à cœur, mais il ne lui appartient pas de tout décider: par exemple, le choix du nombre de classes relève de l’Education nationale et de la ville, en fonction du nombre d’enfants à accueillir dans les prochaines années. Imaginez le tollé si l’Inspectrice de l’éducation nationale et le Maire demandaient au berger de réduire de moitié son troupeau! Chacun chez soi et les chèvres seront bien gardées.
Gilles Amar ne veut pas bouger la bergerie d’un iota. Une position qui rendrait impossible la reconstruction de l’école qu’il prétend souhaiter. Pour ne pas toucher à la bergerie, il faudrait démolir l’école et la reconstruire à la même place. Et que fait-on des enfants pendant la durée du chantier, soit deux années scolaires? Outre un surcoût non négligeable, il n’y a pas de place pour installer des Algeco à proximité. Aussi l’option retenue est de construire la nouvelle école à la place de la bergerie, sur la rue Raymond Lefebvre, de déplacer provisoirement la bergerie en fond de parcelle, et de démolir ensuite l’école actuelle pour y installer ensuite de façon définitive la bergerie. Tous ces déplacements se feront dans une même parcelle d’une centaine de mètres de profondeur.
Gilles Amar appelle à faire table rase du projet actuel et à recommencer à zéro avec un autre architecte de sa connaissance. Rappelons simplement qu’il y a un cadre légal avec un appel d’offres puis un jury qui a retenu le projet actuel. Recommencer à zéro supposerait d’indemniser les architectes qui ont gagné le concours, de faire un nouvel appel d’offres, etc. Cela se traduirait par un surcoût financier important et un délai supplémentaire: plus question d’ouverture de l’école en septembre 2023 dans ces conditions. Si clairement, cette option n’est pas sur la table, des modifications du projet sont toujours possibles, comme le prouvent les améliorations déjà apportées.
Contradiction, contradiction, Gilles Amar peste, à juste titre, contre la résidentialisation des immeubles voisins mais se verrait bien privatiser l’espace public prévu en l’annexant à la bergerie qui est ouverte seulement à certains moments, selon les occupations des chèvres et du berger.
Le grand rendez-vous
Pour notre part, nous sommes bien décidé.e.s à ne pas louper le grand rendez-vous du projet de reconstruction de l’école maternelle Pêche d’Or, d’une crèche, d’un centre de loisirs, de la bergerie et d’un espace vert public aux Malassis. Les points d’accord sur le fond du projet sont réels et importants. Certes Gilles Amar n’obtiendra pas tout ce qu’il veut, mais n’est-ce pas le propre d’un projet collectif de ne pas satisfaire toutes les demandes individuelles? Mais il obtiendra ce qu’il ne pourra jamais gagner autrement: l’installation définitive de la bergerie aux Malassis. A lui maintenant de juger si le compte y est ou pas et de déterminer sa position. Un rendez-vous avec lui-même en quelque sorte.