Face à l’extrême droite : quelle gauche, quelles luttes ?

Quelques jalons pour penser la reconstruction à gauche et les luttes à venir par ALPHEE.ROCHE-NOEL, essayiste, dans son blog sur Médiapart. où il est notamment question du mauvais signal qu’a constitué l’éviction de personnalités connues pour leurs efforts en faveur du rassemblement.

A Bagnolet, les murs font des rêves…

Au moment où je publiais mon dernier billet, les gauches « irréconciliables » contrecarraient, contre toute attente, la stratégie macroniste de la « grenade dans les jambes ». En l’espace de quelques jours, elles faisaient l’union réclamée par leurs sympathisants dans leur diversité. Chacun alors jouait collectif. Mélenchon, le jeudi, évitait même le piège d’un débat avec Attal et Bardella.

Le lendemain vendredi, devançant les deux autres principales forces politiques en lice pour les législatives, le Nouveau Front populaire rendait public un programme globalement roboratif. Le réflexe de défense démocratique que j’appelais de mes vœux, avec d’autres, dès le début de mai, prenait l’allure d’un mouvement offensif, de transformation sociale. L’espoir était permis.

Le soir même, cependant, un premier coin était enfoncé dans l’union… par la gauche elle-même. Au prétexte, dirait-on dans le courant du week-end, que « les investitures à vie n’existent pas », Garrido, Corbière, Simmonet, Davi, Mathieu devenaient persona non grata d’un mouvement dont ils avaient été parmi les piliers. Pas d’investiture à vie. Voici un argument qui devrait me convaincre, moi qui ne cesse de pointer le problème de la centralité de l’élection, au détriment de la procédure plus authentiquement démocratique du tirage au sort. Mais d’un chef de parti qui roule sa bosse en politique depuis quatre décennies, sans avoir l’air de douter qu’il doive encore y tenir une position éminente, je m’en étonne plutôt. Et je déplore plus encore, dans un moment où la cohésion apparaît indispensable, le mauvais signal qu’a constitué l’éviction de personnalités connues pour leurs efforts en faveur du rassemblement.

Au-delà de ces cas particuliers, de leur résonance dans le contexte général que l’on sait, l’affaire pose une question qu’il faudra bien accepter de regarder en face si nous entendons nous placer collectivement à la hauteur des ambitions que nous proclamons. Est-il acceptable qu’une organisation politique, a fortiori quand celle-ci se réclame de la 6e République, n’ait pas de contrepouvoir organisé en son sein ? À titre personnel, j’en doute ; il revient aux militants de la FI qui croient dans la nécessité de leurs combats de se le demander. Si, pour reprendre les termes de Samuel Hayat (Libération du 18 juin), le « camp » auquel cette formation politique appartient veut être « porteur d’une perspective de démocratie réelle », alors, ce ne peut être un sujet secondaire.

…ou des cauchemars!

Ceci étant posé, le péril de mort auquel la société fait face, à court comme à moyen terme, nous impose, sans nullement délaisser ni ce problème, ni les autres qui se posent à la gauche réunie, de continuer de battre la générale.

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