Les fortes interrogations de Hamid Chair du groupe Ecolos solidaires, citoyens et radicaux sur le budget 2025.
Nous sommes ici réunis pour examiner le Rapport d’Orientation Budgétaire 2025, un document qui devrait nous guider vers un avenir financier clair et responsable pour notre chère ville de Bagnolet. Malheureusement ce rapport ne répond pas aux attentes des élus et des citoyens, et ne permet pas de prendre des décisions éclairées quant à l’avenir de notre collectivité.
Ce rapport, bien qu’accessible dans sa présentation, manque cruellement de profondeur. Il est difficile de comprendre la véritable situation financière de notre ville et d’engager un débat constructif sur les choix qui s’offrent à nous. Les chiffres avancés, promettant une gestion saine et éclairé, s’avèrent parfois trop optimistes, laissant planer des doutes sur leur sincérité et leur viabilité à long terme.
Les habitants de Bagnolet méritent une transparence totale sur les finances de leur ville. Or, l’absence d’évaluation des politiques en cours nous empêche d’aborder sereinement les priorités et le coût réel des services publics.
Je pense qu’on aurait dû bénéficier de fiches actions sectorielles en annexe, qui auraient permis d’analyser les choix effectués et les besoins de la population, en tenant compte des données démographiques, environnementales et sociaux .
On nous parle d’un budget maîtrisé, avec un autofinancement affiché de 12 millions d’euros, mais pour ma part, il s’agit là d’un mirage comptable.
Les raisons en sont claires :
Augmentation des impôts locaux : De 48,1 millions d’euros en 2024, nous passons à 49,2 millions d’euros en 2025.
Réduction des charges : Si des économies sont annoncées, nous n’avons pas de visibilité sur celles-ci.
Pourquoi ne pas parler franchement aux Bagnoletais ? Devons-nous craindre une nouvelle augmentation des impôts ou une réduction des services publics déjà fragilisés ?
Les dépenses de fonctionnement, quant à elles, continuent d’augmenter. On nous promet une baisse des charges générales de 5 %, mais, en parallèle, la masse salariale s’accroît de 1,57 million d’euros. Il serait essentiel de savoir si cette augmentation est liée à de futurs recrutements qui malheureusement augmentent souvent à l’approche d’une période électorale ou à répondre vraiment à des besoins spécifiques.
D’autre part, une enveloppe de 800 000 euros pour des tickets restaurant suscite de légitimes interrogations. Je comprends bien que c’est important pour les agents et que ce type de paiement permet à certains de faire des achats pour leur famille. Combien coûtait l’accès dans les restaurants de la ville qui pourtant dynamisait le commerce de proximité ?
Il devient difficile de prétendre maîtriser les dépenses lorsque les charges fixes augmentent et que les recettes demeurent incertaines. Ce manque d’anticipation soulève des préoccupations quant à notre capacité à créer un véritable dialogue social. Lors du dernier conseil, il a été souligné l’importance d’une communication ouverte avec les partenaires sociaux. Il est urgent d’agir sur des problématiques telles que le turnover des agents, notamment au sein des cadres, et d’identifier les raisons du mal-être ressenti par le personnel, comme le signalent les syndicats.
En ce qui concerne nos ressources humaines, il est impératif de reconnaître que la souffrance au travail est une réalité qui touche de nombreux agents, comme par exemple ceux qui ont quitté les services urbanisme et ou les problématiques d’organisation des ressources humaines décriées par de nombreux agents qui doivent rester bien souvent sans réponse de leur situation administrative ….. Le Conseil municipal a déjà tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet.
Il n’est pas acceptable qu’autant de talents quittent notre collectivité, créant ainsi un stress supplémentaire pour ceux qui restent. C’est un coût certain pour la collectivité.
Les ressources humaines sont le ciment et la fondation de notre service public. Nous ne pouvons pas envisager notre collectivité comme dans un système intérimaire avec des agents interchangeables ; nous sommes avant tout une organisation au service des habitants qui demande de l’engagement à terme et de la motivation. Il est donc essentiel de revoir votre stratégie RH et de mettre en place des objectifs clairs pour améliorer notamment le bien-être des agents. Stabiliser notre personnel, particulièrement les encadrants, former son personnel sont des nécessités pour garantir la qualité de nos services et atteindre nos objectifs communs.
Concernant la dette, elle reste un sujet de préoccupation majeur. La ville devra rembourser 29 millions d’euros dans les années à venir, et une provision de 1,4 million d’euros par an semble insuffisante. Cela signifie que Bagnolet pourrait se retrouver dans une position où elle devra choisir entre emprunter à nouveau ou réduire des services publics essentiels. Qui portera le poids de ces décisions ?
Dès le début de ce mandat, nous avons alerté sur la nécessité de suivre les recommandations de la Cour des Comptes, mais rien n’a été fait. La Cour des Comptes avait mis en évidence un risque majeur pour la solvabilité de la commune en raison des 3 emprunts souscrits, remboursables en une seule fois à l’échéance. Elle recommandait de mettre chaque année en réserve 1,59 million d’euros. Pourtant, depuis 2015, rien n’a été provisionné.
Pourquoi avoir ignoré ces recommandations ? Pourquoi ne pas avoir anticipé cette situation ? En 2031, la commune devra sortir 10 millions d’euros d’un coup.
Monsieur le Maire, vous ne pouvez pas dire que vous ne saviez pas. Vous avez fait le choix de ne pas suivre ces recommandations, et ce sont les Bagnoletais qui devront en payer le prix.