Suite à divers écrits du Maire accusant les représentants syndicaux de la ville d’être les auteurs de violences, écrits contestés en justice par la CGT des communaux de Bagnolet, une demande de protection fonctionnelle pour le Maire a été examinée par le Conseil municipal. Le groupe Ecolos solidaires, citoyen.ne.s et radicaux et l’opposition se sont prononcés contre. Lire ci-dessous l’intervention de Jean-Claude Oliva
Bien évidemment l’insulte, l’invective, la violence sont tout à fait intolérables pour nous. Nous l’avons déjà dit au Conseil Municipal et nous le répétons ce soir. Pour autant, nous ne pensons pas qu’il faille amalgamer des actes individuels et la position des syndicats.
Fin 2021, il y a eu un mouvement social important parmi le personnel communal. Des tensions et des débordements ont eu lieu. Un agent communal s’est blessé, le pire a été évité fort heureusement.
A ma connaissance, aucune plainte n’a été déposée par la ville. On peut supposer soit qu’il n’y avait pas matière à porter plainte, soit que les auteurs n’ont pas été identifiés, soit qu’il s’agissait d’un souci d’apaisement qui pourrait se comprendre, mais dans ce cas, pourquoi revenir dessus plus de deux ans après?
En effet, début 2024, à l’occasion d’un autre mouvement social parmi les agents d’entretien, le Maire explique ne plus vouloir rencontrer les représentants des organisations syndicales car ils seraient les auteurs de violences.
Lettre aux agents d’entretien du 6 février 2024
« …depuis que ces mêmes responsables (syndicaux) ont fait le choix de l’insulte, de l’invective et de la violence en novembre 2021, le lien est rompu avec ces personnes »
Mail aux parents du 9 février 2024
« Je ne les recevrai pas personnellement, je leur ai dit dès novembre 2021 lorsque ces mêmes responsables syndicaux m’ont insulté, menacé, ont tenté de m’intimider, ainsi que des membres de mon Cabinet. Ma mère, presque centenaire, accompagnée de son aide à domicile a été interpellée dans la rue, les pneus de la voiture de mon Directeur de Cabinet ont été crevés, des limites ont été franchies irrémédiablement. Lorsque des représentants syndicaux se comportent ainsi ou cautionnent ces comportements, ils perdent à mes yeux toute crédibilité pour échanger de manière constructive. »
Message au député du 14 février 2024
« Rencontrer des hommes et des femmes qui commettent des violences à mon égard n’est pas envisageable. »
Ces allégations à l’égard des représentants syndicaux, toutes tendances confondues d’ailleurs, sont extrêmement graves.
D’abord elles ne sont pas avérées. Qui a vu des représentants syndicaux crever des pneus ?
Elles relèvent clairement d’un registre de disqualification violente. L’insulte, l’invective, la violence ne sont pas tolérables d’où qu’elles viennent. Elles ne sont pas davantage tolérables à l’égard des représentants syndicaux.
Un Maire ne devrait pas dire ça.
Dans les temps troublés que nous vivons, ces propos à l’égard des syndicats sont tout à fait contre-productifs. Sortons quelques instants du microcosme bagnoletais et rappelons que nous vivons sous la menace de l’arrivée du RN au pouvoir. Rappelons-nous qu’il a fallu un sursaut citoyen extraordinaire en 2024 pour pousser les forces politiques de gauche et écologistes à s’unir et pour éviter une majorité RN à l’Assemblée nationale. Dans ce sursaut, les forces syndicales ont pris leurs responsabilités et ont apporté une contribution décisive à la création du NFP. A présent, nous avons un Premier ministre qui parle de « submersion migratoire » et qui fait adopter un budget de super-austérité, pire encore que celui du gouvernement Barnier, tombé sous la censure… La ville de Bagnolet, son personnel, sa population vont encore subir de mauvais coups. Dans cette situation, un Maire de gauche n’a-t-il pas mieux à faire qu’à entretenir la guéguerre avec les organisations syndicales ? Nous avons au contraire besoin de davantage de solidarité et d’actions communes.
Un dernier point, la plainte en diffamation contre le Maire a été déposée par la secrétaire du syndicat CGT du personnel communal, es qualité. Ce n’est pas une initiative personnelle d’un agent communal, comme pourrait le laisser penser la note qui nous a été soumise.
Nous voterons donc contre l’octroi de la protection fonctionnelle au Maire sur ce sujet. Nous souhaitons plutôt sortir de la polarisation et prendre la voie de l’apaisement avec les syndicats et le personnel communal. Il est nécessaire de prendre de la distance avec les propos tenus par le Maire, il y a un an, et de tourner la page.