Sous les arbres, musculation et écologie populaire

Sous les arbres du parc Jean Moulin à Bagnolet, une poignée d’habitants s’entraîne sur des machines de récupération. Une salle de musculation en plein air, née du réemploi et de l’envie de se retrouver. Par Alexandre-Reza Kokabi.

Un dimanche matin frisquet, à 11 heures pile. Nouari arrive le premier dans la Cour Carrée du parc Jean-Moulin – Les Guilands, à Bagnolet. Silhouette carrée, regard brun cerclé d’un liseré bleu. Gardien de stade à la retraite, 71 ans, toujours en mouvement. Il ouvre le container métallique, récupère une barre d’haltérophilie, enfile les disques, tire un banc de développé couché. Puis déplace le punching-ball cabossé, dont la tête, presque arrachée, tient encore on ne sait comment. En quelques gestes, la salle de muscu en plein air sort de son sommeil.

Ici, pas de miroirs, pas de publicité, pas d’abonnement. Juste quelques machines sauvées des rebuts, un plancher de bois bricolé, et une poignée d’habitués. Dans ce parc perché entre Bagnolet et Montreuil, la musculation se pratique à ciel ouvert, au milieu des chênes et des merles. Une salle née du réemploi, d’un besoin simple : se retrouver, transpirer ensemble, sans badge ni logo. Une écologie du muscle et du lien, populaire et joyeuse.

(…)

Pour Alhassana Diallo, cette « ressourcerie du sport » mêle écologie et inclusion : « Avec le réemploi, on répond à des problématiques de société : l’obésité, le stress, l’anxiété. On parle beaucoup de santé physique, mais la santé mentale est tout aussi importante. »

Cette salle bricolée raconte une forme d’écologie populaire, ancrée dans des besoins concrets. « On collecte des équipements de sport pour qu’ils continuent de servir. L’écologie, c’est aussi ça : prolonger la vie des objets et, avec eux, créer des communs, des lieux de pratique pour tous. »

Mais le lieu dit aussi ses contradictions. À quelques mètres d’ici, l’échangeur de Bagnolet étouffe les environs sous les gaz d’échappement. « C’est l’une des zones les plus polluées d’Europe, rappelle-t-il. Et pourtant, beaucoup de city stades longent le périphérique. Les gens viennent y faire du sport pour être en meilleure santé, mais s’entraînent au milieu des fumées. Ici c’est quand même un peu mieux avec les arbres. »

Lire l’article intégral

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.