C’est le commissaire qui le dit! Loin du discours dominant tout-répressif, le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, Frédéric Lauze, confie, dans un entretien à La Gazette des Communes, qu’il est urgent d’instaurer une philosophie d’action renouant avec l’esprit de la police de proximité des années 1990.
« Gilets jaunes », pandémie de Covid, réforme des retraites ou émeutes urbaines… Depuis plusieurs années, les relations entre la police et la population ne cessent de se dégrader. Certes, la majorité des Français accorde toujours sa confiance à sa police, mais force est de constater que ce sentiment s’étiole à chaque polémique. Pire, les policiers eux-mêmes seraient de plus en plus nombreux à jeter l’éponge et à quitter les rangs, en raison de conditions de travail jugées difficiles.
Alors, comment remédier à ce malaise ? Quelles solutions contre cette crise du modèle policier français ? La question n’est pas nouvelle mais ne semble guère intéresser l’exécutif, dont les coups de menton sécuritaires sont peu compatibles avec une introspection faisant la part belle à la prévention. À rebours du discours dominant, cependant, le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, Frédéric Lauze, rejoint le diagnostic de nombreux scientifiques et juge urgent de mettre en œuvre une nouvelle philosophie d’action qui renoue avec l’esprit de la police de proximité mise en place à la fin des années 90, mais débarrassée de ses défauts.
En clair, une police présente sur le terrain qui connaisse les habitants et qui réponde aux besoins locaux de sécurité, tout en préservant un volet répressif indispensable au respect de l’autorité. Selon cette figure du monde policier, ancien conseiller à Matignon, ce changement de méthode doit également jouer la partition du continuum de sécurité et s’accompagner d’un renforcement de la coordination avec les polices municipales, en plein essor dans les territoires.
« C’est ma conviction, la police nationale doit marcher sur ses deux jambes : la prévention et la répression. Or, aujourd’hui, elle est essentiellement devenue une police d’intervention, une police de l’urgence dédiée à la chasse aux délinquants et à la lutte contre la criminalité. La dimension répressive est indispensable, mais elle est vouée à l’échec si l’on n’y ajoute pas des policiers, fidélisés, bien implantés sur un territoire et reconnus par les habitants. Cette relation de confiance avec la population est la meilleure arme de la police. »