Silencieux sur les causes profondes de la colère, le gouvernement a pourtant sous la main une pléthore d’idées pour redonner aux quartiers l’égalité républicaine à laquelle ils aspirent. Mediapart a demandé à dix figures de la société civile d’exposer leurs solutions pour l’avenir. Voici la contribution d’Alhassane Diallo, président de l’association Temps libre, engagée dans le quartier de la Noue, à Bagnolet.
« Les petites associations souffrent énormément du manque de reconnaissance. On a un impact massif sur nos territoires, par le lien social qu’on crée notamment. Nous sommes les logisticiens du dernier kilomètre, ceux qui sont les plus proches de la réalité. On connaît par cœur les besoins de nos quartiers. Pourtant, nous manquons terriblement de moyens matériels, humains et financiers.
Les idées, nous en avons un tas ! J’ai lancé une ludothèque itinérante, une vélo-école, une recyclerie… On fait beaucoup d’éducation populaire. Mais notre association repose, comme les autres, sur énormément de bénévolat. Sauf que le bénévolat a ses limites. Quand on a fait la démonstration qu’une action est pertinente, pourquoi ne pas lui donner les moyens de durer ? Ce qu’il faudrait, c’est donner aux associations un lieu pour s’ancrer durablement. Avoir un espace pour faire des choses en commun, c’est indispensable pour permettre aux différents publics de se rencontrer.
Ensuite, je plaide pour que soient réinstaurés les emplois aidés. On s’est rendu compte de la pertinence de ce dispositif quand il a été supprimé. Le troisième point important, c’est de donner aux associations de la visibilité sur leurs financements. On perd énormément de temps à aller chercher des subventions. Rédiger des dossiers est extrêmement chronophage et énergivore pour nous. Et sitôt la subvention obtenue, on est déjà dans la pression du bilan, du reporting, du renouvellement… On ne peut pas être à la fois très bons sur le terrain et très bons dans la rédaction des dossiers. Ce qu’il faudrait, c’est nous soulager avec des financements sur trois ans, et nous laisser nous consacrer pleinement à l’objet de l’association. »