Suite à deux intrusions dans le Lycée Eugène Henaff, les personnels de l’équipe éducative ont fait massivement valoir leur droit de retrait. Lire leur communiqué du jeudi 5 octobre 2023 et le communiqué d’Alexis Corbière, député de Bagnolet et de Montreuil.
Mise à jour : dans le contexte du meurtre d’un enseignant à Arras, après une nouvelle intrusion dans le lycée, le non remplacement des assistants d’éducation et la mise en place d’un sas d’accueil toujours pas actée, les personnels du lycée Henaff ont exercé à nouveau leur droit de retrait les 16 et 17 octobre. Un rassemblement devant le lycée s’est tenu mercredi 18 octobre.
« Le mardi 3 octobre, un individu en état d’ébriété s’est introduit dans l’établissement. Il est parvenu jusqu’à une salle de classe du deuxième étage et a menacé verbalement et physiquement un enseignant devant ses élèves. (« Tu as déjà pris une baffe qui t’arrache la tête » ; « je ne vais pas te faire une Samuel Paty ! »).
À cette occasion, la direction s’est aperçue que l’alarme PPMS (Plan Particulier de Mise en Sureté) ne fonctionnait pas – les équipes n’ont donc pas pu être alertées de cette intrusion mettant en danger les élèves et toute la communauté éducative. Le lendemain, mercredi, trois individus extérieurs ont réussi à pénétrer dans l’enceinte de l’établissement et à circuler jusqu’aux abords des logements de fonction avant d’être interceptés par la police et placés en garde à vue grâce à la vigilance et la réactivité de l’agent en poste à l’accueil.
Ces deux évènements confirment les inquiétudes de l’équipe éducative du lycée quant à la sécurité des élèves et du personnel. L’équipe avait par ailleurs fait part de ses préoccupations de manière répétée les années précédentes, notamment à la suite d’une violente altercation à l’arme blanche devant le lycée le 3 avril 2023, avec de lourdes conséquences : plusieurs blessés et l’hospitalisation d’une assistante d’éducation.
En réaction à cette situation inacceptable, un grand nombre de personnels de l’équipe éducative ont fait valoir leur droit de retrait depuis ce mardi.
Ils tiennent à exprimer leur colère devant les manquements structurels cruellement remis en lumière par ces récents évènements :
• des infrastructures défaillantes qui ne permettent pas d’assurer la sécurité de toutes et tous : alarme PPMS hors-service, dysfonctionnement des portes coupe-feu, nombreux points d’entrée non sécurisés dans l’établissement.
• un manque de moyens humains : le nombre d’assistants d’éducation (AED) est clairement insuffisant pour assurer le bon fonctionnement d’un établissement de cette taille (2,5 personnes non remplacées sur les postes existants et sous-effectif structurel). Un établissement aussi grand a également besoin d’un second poste de proviseur adjoint. Enfin, le turn-over et le grand nombre de postes non pourvus du service administratif paralyse le fonctionnement du lycée.
Les réponses qui ont été apportées à ce type de demande, comme la difficulté de recrutement, ainsi que le manque de moyens alloués au lycée, ne sont pas recevables. Le ministère et la région doivent réagir de toute urgence face aux problèmes d’infrastructures et de manque de personnels, afin que de tels évènements ne se reproduisent plus.
Nous voudrions rappeler avec insistance que les insuffisances cumulées que nous pointons finissent par engendrer en en bout de course des situations humaines proprement inacceptables. Les évènements que nous venons de vivre ne sont pas de simples faits divers qui seraient à appréhender comme des curiosités malheureuses. Ils résultent en fin de compte des choix qui sont faits (ou non) et qui conditionnent notre capacité à accompagner de façon humaine nos élèves et personnels et de répondre aux difficultés spécifiques qu’ils peuvent rencontrer.
L’ensemble des personnels restera attentive à ce que des mesures concrètes soient prises afin de restaurer un fonctionnement harmonieux de l’établissement. »
Les personnels du lycée Hénaff