Présenté comme le projet « phare » du mandat de Christian Métairie, seul maire EELV du Val-de-Marne, l’expérimentation d’un minimum municipal garanti doit démarrer à la rentrée pour une quarantaine de ménages, sur le modèle de ce qu’a proposé le maire de Grande-Synthe, dans le Nord. Par Fanny Delporte dans Le Parisien. Voir aussi l’interview de Christian Métairie sur BFMTV.
Trois cents kilomètres les séparent. Mais un projet peu commun les réunit. Après la ville de Grande-Synthe, dans le Nord, c’est au tour d’Arcueil dans le Val-de-Marne d’expérimenter un revenu minimum municipal. Ce dispositif expérimental doit démarrer à la rentrée pour quarante foyers. Sont ciblées des personnes en dessous du seuil de pauvreté, « voire très en dessous », détaille le maire EELV Christian Métairie à propos de ce revenu minimum municipal présenté comme le projet « phare » du mandat. Et ce, alors même que le pouvoir d’achat devient ces dernières semaines une angoisse pour beaucoup.
« Dans une campagne, on se pose beaucoup de questions pour savoir ce que l’on peut proposer face aux évolutions de la vie », explique Christian Métairie. L’augmentation de la pauvreté en fait partie. C’était pourtant avant la crise du Covid-19, qui a aggravé beaucoup de situations au niveau financier. D’après l’OFCE, l’observatoire français des conjonctures économiques, le pouvoir d’achat des ménages français devrait se contracter en moyenne de 0,8 % cette année du fait de l’inflation. À la rentrée, un coup de pouce de l’État, dont le montant exact n’est pas encore connu, doit permettre aux plus démunis de faire face à la flambée des prix, soit entre « trois et six millions de foyers ».
Un seuil de ressources fixé à 885 euros par mois
À Arcueil, comme dans de nombreuses autres villes, plusieurs centaines de familles se trouveraient actuellement sous le seuil de pauvreté. D’après l’Insee, un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre si les revenus dont il dispose sont inférieurs à 60 % du niveau de vie médian de la population. Pour une personne seule, il est fixé à 1 063 euros.
À Arcueil, ce revenu minimum vise à apporter une aide aux ménages afin qu’ils arrivent à un seuil de ressources fixé à 885 euros par mois. Notamment les moins de 25 ans qui ne peuvent bénéficier du RSA, ce qui a poussé la métropole de Lyon à mettre en place un revenu de solidarité jeune.
Que des personnes vivent avec moins « est inacceptable », estime Christian Métairie, qui raconte avoir regardé « de près » le dispositif mis en place en 2019 par l’ancien maire EELV de Grande-Synthe Damien Carême, aujourd’hui eurodéputé, pour « répondre à une situation sociale particulièrement préoccupante ». Près de 600 foyers ont bénéficié depuis lors de cette « aide sociale complétée d’un accompagnement par le Centre communal d’action sociale (CCAS) », précisait récemment la ville à l’occasion de sa participation à un colloque national consacré au revenu minimum garanti.
Un bilan au bout d’un an
La mairie de Grande-Synthe a d’ailleurs échangé avec celle d’Arcueil à ce sujet, de même que des associations locales, des experts nationaux, des mouvements comme ATD Quart-Monde… « Car l’idée, ce n’est pas de prendre quarante familles et de leur donner ses sous, il faut les accompagner sur du temps long », explique Christian Métairie.
La première étape, celle de la « sélection », est toujours en cours. « L’objectif c’est d’avoir un échantillon de personnes le plus représentatif possible », estime l’élu. Un premier bilan sera fait au bout d’une année, avec un budget estimé à 230 000 euros. « Pour le moment on expérimente, on ne veut pas prendre de risques », insiste Christian Métairie. D’autant que la ville se sait « regardée ». « Nous avons été contactés par plusieurs villes, y compris sur le territoire », glisse l’élu.
Ce matin, je présentais le projet de Minimum Municipal Garanti de notre Ville. Il est inacceptable qu’autant de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Face à l’inaction de l’Etat, Arcueil se mobilise en expérimentant ce complément de ressources. https://t.co/P4ojAMGbl8— Christian Metairie (@ChMetairie) July 11, 2022