Jardiner n’est pas qu’un passe-temps, c’est à la fois l’écologie et la lutte des classes. C’est remettre du lien et faire une véritable politique sociale, écrit la journaliste Marie Astier, qui croit en « ce droit au jardin ».
« L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage. » J’ai recroisé ce slogan récemment, au hasard d’un sticker sur un lieu de lutte. Il y a une époque où il me semblait très pertinent. Pas d’écologie sans prise en compte des inégalités sociales, signifiait-il pour moi. Philosophie Magazine m’apprend même qu’on le doit à Chico Mendes, syndicaliste qui luttait à la fois pour les droits des ouvriers des plantations d’hévéa en Amazonie et contre la déforestation. Il a été assassiné pour cela. « Pour Mendes, combats écologiques et anticapitalistes ne peuvent aller l’un sans l’autre », nous explique le média.
Loin de moi l’envie d’aller contre cette idée ou de porter atteinte à cette figure de la lutte sociale et écologiste. Mais un aspect dans ce slogan me dérange. Pourquoi ne pas prendre au sérieux le jardinage ? Mon jardin m’a tant appris, tant donné, que ce serait le trahir que de le réduire au rang de passe-temps innocent. Au contraire, le jardinage, c’est justement en même temps l’écologie et la lutte des classes ! D’ailleurs, nous devrions lutter pour un droit au jardin !
On sait que l’accès aux espaces verts est moindre dans les quartiers populaires. On sait aussi les bénéfices pour la santé, physique et mentale, d’avoir accès à un bout de jardin. En ces temps d’inflation des prix de l’alimentation, alors que les fruits et légumes bio deviennent des denrées de luxe, alors que l’on sait que la nourriture ultratransformée provoque une épidémie de maladies chroniques et que la consommation de produits bruts est recommandée par les nutritionnistes… ne serait-ce pas une politique sociale importante que de créer des jardins partagés partout ? De permettre à tous ceux qui le souhaitent de cultiver un bout de terre ?
